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25 novembre 2005

Connaitre les autres pour mieux se défendre

Les Cercles Vicieux, I (3)

L´Allemagne: das Land der Dichter und Denker

Père et fils rirent de concert, puis Weja, soudain devenu austère, dit :

-          Je suis, moi, arrivé à la conclusion que ce beau pays a livré l´idéologie du Pouvoir Blanc au monde occidental…ce n´est pas pour rien que Bush dit lors de son premier voyage en Europe après sa réélection à l´endroit des allemands retors à son invasion en Irak pour les amener enfin à changer de point de vue : « L´Allemagne est le cœur de l´Europe ».

-          C´est bien possible…oui, je crois même que c´est plausible.

-          L´Allemagne, hein…ce beau pays dont les allemands eux-mêmes disent dans leurs moment de patriotisme délirant que Dieu a doté leur patrie de beauté exceptionnelle et d´un peuple intelligent…Das land der Dichter und Denker.

L´Allemagne, c´est tout un mystère…génie ou démagogie…l´un à côté de l´autre.

Mon Dieu, 8 millions de juifs massacrés en cinq ans ; une guerre qui a coûté 27 millions de morts européens… 20 millions de russes…compta Weja.

-          Hem, si tu parles d´Hitler ; ce n´était vraiment pas un génie. C´est ce qu´on peut appeler dans l´histoire une monstruosité. Et il n´était même pas allemand ; il était autrichien.

-          C´est tout de même curieux ce suivisme de la population…

Weja n´en revenait toujours pas. Puis tout à coup, il demanda à son père :

-          Dis-moi, père…pendant la colonisation qu´est-ce qui nous a empêché de rester nous-mêmes…de vivre et d´entretenir, malgré tout, nos propres valeurs ?

-          Ah, ça…elles ont été entretenues partout où le colonisateur n´avait pas ses griffes…difficilement parce qu´il saisissait les objets d´art, interdisait les rites et prières aux dieux des autochtones, coupait les mains des récalcitrants, les pendait ou les fusillait à loisir…

Puis ce fut l´école, le système d´affranchissement qu´on appelait à l´époque « les évolués » :

ceux qui s´habillait, parlaient et se comportaient comme le maître le leur avait appris. Ils reçurent une carte d´identité, un laisser passer leur permettant de se déplacer dans leur propre pays – il faut le faire-. Les autres recevaient la chicotte et subissaient tous les sévices imaginables. La Norme et la loi du maître.

Kabenj se tut et regarda son fils ; celui-ci était devenu sombre et silencieux.

-          Sais-tu ce qui…attend, je vais te donner le cas du gin anglais…

-          Le gin, l´alcool gin ?

-          Mais oui. Au Ghana, avant la colonisation, les autochtones fabriquaient leur Akpeteshi : un alcool à base de manioc, comme au Congo le Kibuku ou Kanianga, comme tu veux ; les commerçants anglais parcoururent tous les villages en trempant un foie de mouton ou de chèvre dans l´akpeteshi. Il est clair que cet alcool dissolvait le foie. Cela effraya les paysans qui se mirent à boire le gin anglais plus cher. Le tour était joué. Ainsi imposèrent-ils leurs produits partout en discréditant et en dénigrant les produits locaux beaucoup moins chers. Quelques villageois essayèrent de faire la même démonstration avec le gin ; ils furent condamnés à la bastonnade publique. Ce dénigrement des produits nationaux dura pendant toute la colonisation britannique : le Ghana était le premier pays noir fabriquant ses propres mousquets, ce qui causa une résistance considérable à la colonisation. Surtout de la part des Ashanti. Vaincu en 1873/74, le roi des ashanti fut déporté, son trône en or massif emporté comme trophée en Angleterre. La colonisation n´avait pas seulement le but de soumettre les colonisés pour les dominer, elle détruisit la personnalité individuelle, les structures sociopolitique, les croyances spirituelles, les modes de productions des autochtones en établissant le privilège du mercantilisme occidental. Aujourd´hui encore, les tissus ghanéens doivent sortir du Ghana pour le Nigeria pour revenir estampillé de la mention : importé pour être enfin accepté à la consommation des ghanéens. Mais n´était-ce pas la même chose à Kinshasa sous le Mobutisme, où le Wax hollandais s´y vendait mieux que le wax produit au Congo. Triste perversion.   

-          Mon Dieu…ce mépris de soi ! S´écria Weja en se levant. Il était scandalisé.

-          Oh, ce n´est pas tout ; au Ghana, un officier anglais qui voulait obtenir une concession minière dans le royaume s´est plaint d´être resté pendant 7 jours dans la chambre d´attente pour être reçu par le roi Ashanti. Pendant ces 7 jours, il a vu entrer et sortir plusieurs hauts dignitaires du royaume. A bout de patience, il se mit à réprimander et à injurier le secrétaire et chef de protocole du roi. Celui-ci cependant calme lui demanda d´attendre qu´il soit cité auprès du roi. Le huitième jour enfin, il fut introduit et reçut son autorisation d´exploitation non sans protester qu´on lui fit attendre pendant que d´autres audiences étaient accordées. Le roi, sans se départir de son calme lui répondit : c´étaient les dignitaires du royaume qui devaient décider de votre concession.

En fait ce roi avait pris la peine de faire venir tous ceux que la chose de l´état concernait pour prendre leurs avis. Peut-on avoir plus profond exemple d´exercice démocratique du Pouvoir ? L´anglais, lui a dans son rapport traité cela de faiblesse d´autorité. Un malentendu comme il en arrive souvent entre les blancs st les africains : quand l´européen le veut, il lui faut des pouvoirs africains autoritaires pour asseoir ses intérêts ; et quand il se trouve devant un pouvoir noir décisif, il dit avec mépris que les noirs n´ont aucun sens de démocratie.

Et ce faisant Kabenj regagna son siège au salon et se replongea dans sa lecture.

Weja, lui revint, après avoir bu un verre d´eau à son travail de recherche :

L´Allemagne, oui, l´Allemagne, pensa le jeune homme…on ne pouvait que s´étonner sur ce pays…Konrad Adenauer, premier chancelier de la reconstruction allemande ne disait-il pas en 1967 : « Die Deutschen sind wankelmütig und unausgeglichen. Jeder Deutsche will größer und größer werden ». Etait-ce la raison, ou la cause pour laquelle ce pays, causa au monde, dans ses rêves belliqueux et aveugles de grandeur, au 20ième siècle à près de 100 millions de morts (colonies, 1ère, 2ième guerre mondiale, et holocauste y compris).         

Quand on analysait le nazisme allemand, qu´on le replaçait dans le contexte historique occidental, on arrivait à d´étonnantes conclusions : non seulement Hitler avait exprimé un idéologie déjà pratiquée par les européens envers les autres races, avec la différence, pour le nazisme et pour Hitler, c´est qu´il réclamât cette fois cette excellence pour lui, pour l´Allemagne exclusivement ; le nazisme avait, dans son absolutisme ségrégationniste, exterminateur et criminel, extériorisé toutes les caractéristiques des cultures françaises, italiennes, grecques, romaines, anglo-saxonnes  et nordiques occidentales : un mélange hybride désormais réservé à la race arienne aux cheveux blonds et aux yeux bleus : les nouveaux maîtres de l´univers. D´où cette cupidité poussant Hitler à piller et extorquer par violence et par meurtre les œuvres artistiques européennes, juives, pour en faire propriété personnelle réservée à un grand musée d´art germanique. Voler le talent des autres pour vouloir prétendre en être la source, l´artiste, ou le conservateur : cannibalisme spirituel ou était-ce seulement l´autre visage du mépris culturel qui incitait à la dépossession illégale ?

Pourquoi les radicaux de droite se retrouvaient-ils dans toute l´Europe, en groupes puissants financés non seulement par les deniers publics, mais aussi par l´église catholique ? Est-ce un pur hasard que Le Pen en France atteigne une popularité avoisinant 20% d´électeurs français si ce sentiment était étranger à l´hexagone ? Ou était-ce tous des incurables qui avaient oublié l´occupation humiliante de leur patrie pendant la 2ième guerre mondiale, et à défaut d´avoir tous des cheveux blonds et des yeux bleus, rêvaient tous, dans leur aveuglement, comme leurs congénères anglais, hollandais, belges, suédois, autrichiens, portugais, américain ou espagnols, polonais…à vivre sous la toute puissante et glorieuse servitude allemande ? Ou s´agissait-il, pour le nazisme et le radicalisme de droite européen, d´une plate forme aveugle de valeurs communes qui, tout en restant étroitement reliées au monde occidental, n´employaient le nazisme, ses slogan et ses symboles que parce que celui-ci leur rendait la pensée, l´idéologie la plus fidèle à leurs instincts ? Le monde industriel occidental faisait l´expérience que malgré le bien être et le confort, malgré le christianisme, malgré les efforts constant de l´Etat laïque et d´un humanisme socioculturel de plus en plus humain que les erreurs du passé se répercutent, hélas, inlassablement dans sa société. Et plus l´individu entrait en possession d´armes et de moyens de mort, et plus il avait tendance à les employer pour atteindre ses buts qui n´étaient pas toujours des plus honorables. De l´Amérique à l´Angleterre, à la France ou à l´Allemagne, on assistait, dans les HLM surabondés et désabusés, sur la rue, et mêmes dans les écoles, à de véritable scènes de violences délibérées qui aboutissaient souvent en des guerres de bandes armées, à des exécutions gratuites. Et malgré les forces de police, de lourds et constants programmes d´antiviolence, surtout dans les milieux pauvres et moins instruits, le mal persistait. Et il semblait bien, dans ces milieux, qu´être à tout prix le plus fort, s´imposer à tout prix par la force, ne connaître et ne respecter que sa propre vision des choses, que ses propres intentions sans tenir compte des autres : tous les défauts de la société capitalisme aveugle et arbitraire avaient survécu dans les couches modestes de la société ou celle enclavée des immigrés. Tandis qu´aller à l´école devenait, dans certaines écoles, dans certains quartiers, aller aux barricades armé jusqu´aux dents ; dans les bureaux, on jouait des coudes à qui mieux mieux, on dénigrait, on complotait et déprimait au point que l´atmosphère de collaboration en devenait persiflante, empoisonnée. Le mobbing faisait des siennes et nuisait à la santé des employés et à leur rendement.

Quand Georges Bush dit pour justifier ses interventions musclées et plutôt intéressées qu´humanitaire de par le monde : « Si l´Amérique fait montre de faiblesse, le monde sombrera dans le désordre ; nous ne le tolérerons pas », comprenait-il qu´il n´avalisait que trop bien ce qu´en réalité il voulait éviter : la justice individuelle et ses excès ? Le faible et le fort, pourvu que l´un se laisse faire…ou alors la spirale de la violence et de la gratuité prenait son cours vicieux. Le monde a existé avant l´Amérique, du moins l´Amérique blanche ; celle-ci ne s´octroyait-elle pas un rôle égocentrique gratuit, et pour le moins exagéré ?            

Les allemands, eux n´avaient oublié ni le Traité de Versailles qui les couvrit de dettes et de misère ; ils tentèrent, par la deuxième guerre mondiale à se laver aussi de l´affront salissant que leur avait fait Napoléon en occupant leur territoire. Mais cette épopée de la deuxième guerre mondiale qui commença avec un foudroyant succès, se termina en catastrophe pour le nazisme et le peuple allemand. Et dans cette guerre où les allemands employèrent tout le catalogue de l´ignominie la plus inhumaine pour organiser, contraindre et tendre à leurs buts, on y retrouvait un symbolisme historique des plus instructif sur la méthode et les buts de la civilisation occidentale dans sa dépravation et ses excès ; et lorsqu´on mettait sur l´autre plateau de la balance : l´esclavage, la colonisation, les exterminations criminelles entreprises par la civilisation occidentale depuis la fameuse époque des conquistadores, c´est-à-dire depuis le 13ième siècle contre les indiens d´Amérique, l´homme noir, les peuples des îles du pacifique, ceux de Madagascar, le massacre herero en Namibie, en Algérie…d´étonnantes similitudes irréfutables se cristallisaient : comme un pieu catéchisme de politique existentielle, un trend effrayant s´en dégageait. Rien n´y manquait ; tout était là : la prévalence de la race, le mépris sans limite pour les autres cultures, le viol, le vol, l´esclavage ; des prêtres bénissant les armes de soldats en partance d´expéditions de massacre et d´extermination, et un Vatican complice qui, jusqu´à ce jour, se gênait d´ouvrir ses archives aux historiens juifs accusateurs…Et ce qui était plus qu´important : la mise à pied d´une norme culturelle, politique et philosophique aveugle et partiale consacrant la domination de la race germanique. N´est-ce pas ainsi que s´était comporté tout l´occident à l´égard de l´homme noir pendant cinq longs siècles, l´Allemagne y compris ? Malheureux hasard ? Pas du tout ; ce qui avait surpris, mais aussi motivé la coalition des Alliés de la 2ième guerre mondiale, portait le caractère silencieux, complice et conjuré de l´OMERTA de la mafia italienne : le fait que l´exploitation et les exactions criminelles et inhumaines du Pouvoir Blanc furent employées par l´un de ses membres dans son intérêt exclusif non seulement contre les noirs, mais aussi contre la caste de ses congénères blancs. Un vrai scandale, immoral et dégoûtant ! Barbarisme !

Au début de la 2ième guerre mondiale, lorsque la Tchécoslovaquie,  la Pologne furent envahies injustement par Hitler, par pudeur ou par impuissance, personne ne fit trop de bruit en Europe centrale : après tout, se dit-on, ce n´était que petite nature ; si l´assagissement de la gourmandise territoriale d´Hitler passait par ce petits pays, tant mieux pour tous. Quand à Staline qui avait en secret fait un pacte de non agression avec le dictateur, il reçut sa part du butin : une bonne partie du territoire polonais dans lequel il alla aussitôt faire des massacre inoubliables sur les cadets et les intellectuels de ce pays. Et au plus tard par ces actes historiques de barbarisme, le communisme de la révolution de 1917, pour tous ceux qui se laissèrent leurrer par le mensonge humanisant du socialisme, était devenu une des nombreuses affabulation idéologique de la race blanche ; et tous les simples d´esprit qui se laissèrent couvrir de faux nuages et de fausses incantations par les muezzins passionnés de Moscou, à l´époque, ne firent en aucun cas preuve d´esprit critique. Même ceux qui, à partir de la doctrine soviétique, tentèrent par un pudique réformisme volontaire qui, tout en profitant des résultats d´un capitalisme aux pieds noirs et à la conscience historique dévergondée, empruntèrent les slogans de la plus grande pensée critique humaine de Karl Marx, pour se cacher derrière leur incapacité à offrir au monde intellectuel une nouvelle perspective d´argumentation et de fondement historique. Le dilemme. Mais on peut comprendre leur impasse : comment quitter le capitalisme fondé sur les fruits de l´esclavagisme, de l´usurpation, du viol, du vol, de la colonisation et la domination gratuite, pour se livrer à une version idéologique qui, comme - curieusement l´excusait Lénine -, ou le pratiquèrent les apparatchiks de Moscou, légitimait le colonialisme et l´exploitation, et vouait le peuple à devenir l´objet, l´instrument favori d´une classe de fonctionnaires privilégiés, plus bornée et attachée à se doter de titres et d´avantages sociaux et matériels, qu´à émanciper et promouvoir la réalisation de leur peuple. Assis entre ces deux chaises, ces intellectuels, comme dit un proverbe égyptien : « Quand un esclave monte sur un chameau, il veut chevaucher sur les deux bosses ». A la foi se libérer du relent entêté de l´injustice dont il avait été l´objet, et jouir des richesses enivrantes de la liberté. Effacer le passé, et triompher dans l´avenir. Pour l´esclave à peine libéré du joug humiliant, ne faudrait-il pas d´abord commencer par être libre réellement, c à d apprendre à reconnaître et à exercer ce bien précieux, puis l´ayant assuré et muni de mécanisme vigilants de défense, de jouir enfin de sa bienfaisante souveraineté ?

Pour les intellectuels socialisants, être lié corps et bien aux biens sécurisant des fruits des maux capitalistes, et croire qu´on peut philosopher efficacement sur une liberté sans tache, en prenant pour point de départ une idéologie aussi peu vertueuse que la première, sans pour autant offrir les mêmes résultats ou faire preuve de sainteté, c´est reconnaître comme La Rochefoucauld (1613-1680) que :  l´habitude est une seconde nature qui nous empêche souvent de connaître la première dont elle n´a ni les cruautés, ni les enchantements. Quels que soient l´attrait des fruits d´un arbre empoisonné, ce sont des fruits viciés : sans la moindre chance de transcendance.      

L´Angleterre, les autres pays européens, les Etats-Unis, laissèrent mourir la liberté de la Pologne, parce qu´elle ne faisaient pas partie du capitalisme central, de la ligue étroite du Pouvoir Blanc. Pire, en 1938, à Munich, la Grande Bretagne, la France et l´Italie entérinèrent historiquement les gourmandises territoriales du dictateur allemand. Mais lorsqu´ils se rendirent compte plus tard qu´eux-mêmes étaient en danger, lors de l´envahissement du Danemark, de la Norvège, de la Belgique, de la France ; les choses changèrent : il fallait rappeler ce barbare cupide à la raison. La vengeance qui ne fut possible que grâce à l´entrée en guerre des Etats-Unis, fut terrible. Les allemands qui, avec le pillage de banques nationales des pays conquis, s´étaient élevés un faux mythe culturel de prospérité économique et d´invincibilité militaire devinrent prétentieux et cupides : Hitler ne voulait pas seulement soumettre l´Europe, il voulait dominer le monde entier avec sa politique raciale et l´extermination complète des juifs. S´adressant à la nation peu après le début de la guerre qu´il avait sournoisement provoquée, il avait dit : « Wir haben nicht Gerechtigkeit auszuüben, wir haben nur zu vernichten und auszurotten ». Et tous applaudirent, et tous le suivirent dans son hérésie sanglante. A la fin de la guerre, battus, rendus à leur plus petite valeur,  personne ne voulut reconnaître son aveugle engagement : tous furent innocents. Incroyable. Wendehals, nommèrent les allemands eux-mêmes ces caméléons. Même à Nürenberg où officiers, médecins, et hauts fonctionnaires se retrouvèrent sur les bancs des accusés, personne de ceux qui avaient, au nom d´une idéologie inhumaine, criminelle et profondément barbare, tué, violé, volé avec un sadisme sans précédent dans l´histoire humaine, surtout à l´égard du peuple juif, tous se cachèrent derrière la norme hitlérienne en prétextant le devoir d´obéissance du subalterne. Tous petits, mais tous couverts de sang d´innocents. Fourbe et faux jusqu´au dernier souffle. Seul le monde qui les jugeait était injuste, eux, ils n´avaient fait qu´exécuter des ordres dans le respect légitime de la hiérarchie.

Même l´église catholique, en la personne du Pape Pius XII, ni avant, ni pendant, ni après ce régime dictatorial honteux et dégradant n´entreprit quoi que ce soit pour rallier ce dictateur à la raison. Bien au contraire, il fit un pacte silencieux avec Hitler et s´y tint, même lorsque son clergé, par d´incessantes remarques, l´informa de la déportation et l´élimination de juifs. Pas un mot. Pas une intervention morale pour secourir le peuple juif voué à des souffrances et des tortures destructives. Même quand ses prélats, 3000 en nombres furent déportés. Pas un mot ; même lorsque devant sa porte à Rome, l´œuvre de déportation allemande étendit ses bras criminels. Et lorsqu´aujourd´hui, on entend les curés, les pasteurs et la papauté faire des messes de morale, parler d´éthique ou d´humanité, au nom d´un dieu miséricordieux, magnanime et généreux, c´est à peine si on ne pouvait pas s´empêcher de pleurer… ! A croire que, secrètement, l´église catholique avait souhaité l´extermination de tous les juifs européens. Le manque de conscience globale humaine ? Ou était-ce simplement le refus de responsabilité devant le haut jugement d´une éthique, d´une morale que l´église catholique, quant aux juifs, ignorait ?  On comprend parfois l´amertume des israéliens, et leur insensible flexibilité : même le dieu chrétien, le soi-disant Dieu de tous, les avait trahi. Et quand on sait plus tard que le consul allemand à Rome confectionna le faux original du passeport qui permit entre autres à Josef Mengele : le bourreau d´Auschwitz, le plus grand criminel nazi à se soustraire à la justice des alliés en se sauvant en Argentine où il mourut sur un nom d´emprunt.                          

Dans son aveuglement, Hitler commit une erreur militaire historique monumentale : se laisser entraîner à ouvrir un front Est contre la Russie. S´il avait lu ses manuels d´histoire, il aurait appris que ni Alexandre le Grand, ni Napoléon, ces grands génies militaires, n´avaient su vaincre à Moscou. Ou peut-être avait-il voulu prouver que lui, Hitler, était le plus grand génie militaire de tous les temps. Il perdit sa 6ième armée avec la même stratégie de terres brûlées que ses prédécesseurs et tandis qu´eux étaient allés jusqu´à Moscou, les troupes allemandes furent encerclées à Stalingrad sous 40° en dessous de zéro, coupés de l´approvisionnement, enlisés dans la neige épaisse ; 280.000 hommes furent massacrés inutilement par une armée russe fraîchement armée par les américains. Et lorsque l´armada des Alliés s´abattit sur la Normandie, ce ne fut plus que débâcle et repli désordonné. La fin de l´infamie.

La vengeance des alliés et des russes fut terrible : l´Allemagne fut divisée en Allemagne soviétique à l´est, et en Allemagne fédérale sous le joug des alliés à l´ouest. N´eut été l´affinité américaine pour les allemands, ce peuple serait aujourd´hui dispersé, assimilé aux autres nations européenne, son territoire annexé par les français, et tous les pays limitrophes auxquels ils avaient fait subir leur génie criminel.   

Au moins pendant plus de 5 ans les alliés firent amèrement subir à l´Allemagne de l´ouest la loi du vainqueur. Gert von Paczensky, un des meilleurs écrivains critique du capitalisme et de la chrétienté écrit, dans « Verbrechen im Namen Christi » p 291 : « Eine Verelendung Deutschland begann. Wo sollten die deutschen Geld verdienen? Für die Arbeit in den nun den Fremden gehören Betrieben wurden Hungerlöhne gezahlt, wie sie in der Weltwirtschaftskrise zwischen den Weltkriegen kaum möglich gewesen wären, eher erinnerten sie an die Revolution im 19. Jahrhundert. Die Siegermächte zwangen reichere Deutsche zu drakonischen  « Wiedergutmachungs »- Zahlungen. Rapide schwand das deutsche Volksvermögen dahin. Hungerzeiten waren die Folge; die Sieger sahen ungerührt zu. Hungerrevolten brachten aus, die Besatzer, die das Land durch eine gemeinsame Militärregierung beherrschten, hatten genug Truppen, um sie blutig niederschlagen. »

Sombre perspective qui, Dieu merci, n´eut pas lieu grâce à la grandeur humaine des vainqueurs. Et curieusement, cette grandeur, cette générosité culturelle, ne s´adresse pas, de la part des pays industrialisés, à tout le monde, bien au contraire. L´Afrique, l´Amérique Latine, l´Inde…n´en connaissaient que trop bien le prix amers.      

A la page 293, l´auteur continue : « Wenn heutzutage gerätselt wird, warum Milliarden Menschen in der Dritten und Vierten Welt im Elend leben und Hunderte Millionen hungern, könnte die Kenntnis dieser Vorgeschichte das Rätsel leicht lösen helfen. Auch an dieser Vorgeschichte, wie an den anderen in diesem Buch erzählten, waren Missionare beteiligt gewesen. Kein anderer als der Gründer der Weißen Väter, Lavigerie, rief nach dem Deutsch-Französischen Krieg von 1870-71, der Frankreich das Elsas und Lothringen kostete, die Elsässer und Lothringer zur massenhaften Ansiedlung in Algerien auf. »

Le douteux et repoussant rôle complice de l´église aux côtés du capitalisme tout au long de l´histoire de ses entreprises criminelles est des plus détaillé dans cet ouvrage d´une poignante objectivité.

A la fin de la deuxième guerre mondiale, les alliés vainqueurs se partagèrent le service de table et les casseroles du vaincu : les français et les anglais se précipitèrent à démonter les industries et les machines épargnées par les bombardements de la guerre ; les russes, les américains, eux, contraignirent les soldats du vaincu aux travaux forcés dans leurs pays respectifs. Les russes envoyèrent leurs prisonniers en Sibérie, dans des régions aux températures avoisinant 40° en dessous de zéro en hiver, et confinèrent la DDR dans un système d´échange économiques et commerciaux qui la ruina et l´abrutit plutôt qu´il ne généra son épanouissement économique et sa liberté, ce peuple inventif et innovateur transforma son état en une véritable prison surveillée pour son propre peuple, tandis que son territoire était parsemé d´engins de morts dirigés vers l´ouest, l´ennemi idéologique.

Pour ceux qui se retrouvèrent au goulag, en Sibérie, on ne peut pas dire que ni l´approvisionnement en denrées alimentaires, ni le confort de logement, ou des soins médicaux y furent aussi exigeant que les travaux forcés auxquels ces prisonniers furent consignés. Plus de 80% de prisonniers périrent de froid et d´épuisement. Les prisonniers de guerre qui furent déportés aux Etats-Unis connurent, eux, un bien meilleur sort, rapidement.

Ce qui, en dehors des facteurs humains ou matériels, intéressa les américains au plus haut point, ce fut l´intelligentsia allemande : ses savants, et parmi eux Wernher von Braun, le père de la fusée V2 allemande et qui dès 1945, travailla bientôt au succès d´Apollo. Albert Einstein, le père de la relativité qui, lui, avait quitté l´Allemagne dès 1933, contribua, par une lettre au président Roosevelt, à la construction de la première bombe atomique, laquelle marquera bientôt, dans l´histoire humaine et celle de l´hégémonie américaine, un point culminant.

Les alliés s´approprièrent du pouvoir politique et économique allemand, de son territoire, de ses biens matériels, et surtout de l´esprit de sa génialité qu´ils mirent aussitôt au service de leurs propres buts ; et d´une façon ou d´une autre, ironiquement, le nazisme survécut, exporté dans ces pays ; mais n´en représentait-il pas l´esprit historique ? Même lorsque le régiment allemand « Condor » ( remarquons en passant le nom allemand du Vultur gryphus : Neuweltgeier ou en français : vautour du nouveau monde ; tout un programme ! ) participa activement par des bombardements meurtriers et criminels dans la guerre civile espagnole, et facilita ainsi à la montée au pouvoir en 1939 du Générallissimo Franco Bahamonde, lequel instaura une des plus sanglante dictature clérico-fachiste que l´Europe aie jamais connue jusqu´à sa mort,  en 1975. Ce fut la première démonstration interventionniste des maîtres de la Propaganda, au sein du Pouvoir Blanc pour y asseoir une dictature répressive d´extrême droite chrétienne : un exemple didactique qui fera école de par le monde, surtout en Amérique latine, sous plusieurs présidents américains. Et aujourd´hui encore, dans les hautes académies militaires américaines, les ouvrages allemands de stratégie militaire comme celui de Albert Speer ( Théorie de la guerre de défense), sont toujours en usage.

On a beau dire : ce n´est pas la science qui corrompt l´homme, c´est l´homme qui corrompt la science ; l´Amérique d´aujourd´hui n´utilise-t-elle pas sa surpuissance militaire et économique pour régner en maître absolu sur les autres nations ? Démocratie ?

Depuis plus de 180 ans, avec des conséquences économiques, sociales et culturelles profondément discutables, ce géant du nord, par des méthodes financières, économiques, militaires et politiques incompatibles avec un quelconque esprit démocratique de coexistence internationale équitable, ce colosse insatiable, usa et abusa de l´Amérique Latine, sans autre considération que les intérêts insatiables de ses multinationales.

Jusqu´en 1939, les Etats-Unis avaient le même catalogue de ségrégation et sélection raciale à l´immigration que l´Allemagne nazie ; et les uniformes nazis, leurs insignes et leurs organisations sociales étaient, jusqu´à l´entrée des Etats-Unis en guerre, autorisés et tolérés. Les sociétés industrielles américaines de l´automobiles, de la chimie, et du pétrole qui avaient fait des affaires florissantes avec les nazis, trouvèrent, après l´embargo levée par le sénat américain, quelques îles du pacifique où en toute tranquillité légales, ils purent continuer à servir leurs clients. A défaut de livrer des camions interdits, on livra des pièces détachées que les allemands montèrent en un tour de main en véhicules de transport de troupes. Après la guerre, certaines de ces société, dont celle d´Adam Opel, Ford, furent citées en justice et condamnées à payer des sommes ridicules par rapport à leurs délits. Une question de principe, tout simplement ; par ailleurs, ces sociétés étaient devenues puissantes…on avait besoin d´eux pour relancer l´économie américaine…et rebâtir l´Europe détruite.

Quand à l´Allemagne, 5 ans après sa traversée du désert, et alerté par l´Organisation Mondiale de la Santé par l´état misérable de la population allemande, les américains, convaincus que l´Allemagne ne présentait plus aucun danger immédiat pour le Pouvoir Blanc, mais pourrait au contraire, par une réintégration contrôlée, rendre par son intelligence innovatrice, et sa créativité industrielle, de grands services au capitalisme central aux prises avec la guerre froide et le danger communiste imminent, le grand colosse américain, contre les réserves françaises et britanniques sur la réintégration de l´Allemagne de l´ouest, proposa un plan Marshall de 12, 4 milliards de dollars d´aide à la reconstruction de l´Europe par lequel, jusqu´en 1951 la Grande Bretagne reçut 2,9 milliards, la France 2,6 milliards, l´Allemagne fédérale y compris Berlin ouest 1, 3 milliards. Un signal de changement de politique : un symbole positif qui libéra de nouvelles forces de réalisation sociales. Pour l´Allemagne, le temps de la vache enragée où les chiens et les chats avaient disparus sur la rue, transformés quelque part en rôtis fumants et appréciés en catimini ; où la soupe claire et limpide assaisonnée d´herbes sauvages traquait son homme plutôt qu´elle ne le nourrissait, était terminée. Les années de misère avaient surtout frappé les enfants, surtout les orphelins ou ceux dont les parents pères ou mères, et parfois les deux à la fois, étaient morts, ou prisonniers de guerre, qui errèrent abandonnés, livrés au froid et à la faim, et n´ayant que des ruines pour s´abriter. Devant la situation désespérée de ces enfants, l´administration des alliés, en accord avec les fonctionnaires locaux allemands, prit la décision d´en expatrier quelques uns afin de leur offrir un meilleur sort que cette dure époque leur réservait dans l´Allemagne détruite et désolée ; 150 parmi eux trouvèrent nouvelle patrie et famille en Irlande : c´était mieux que rien, quand on sait que l´Irlande était l´un des pays européens les plus pauvre de l´Europe à l´époque. 300 autres furent recueillis au Canada. La Grande Bretagne organisa, à noël et nouvel an surtout, des voyages permettant aux enfants défavorisés à manger à satiété et vivre en Angleterre quelques jours d´heureuse évasion. Jamais la femme allemande, elle qui avait été soumise par Hitler qui, lui-même, se référa à la Kinder- Küche – Kirche traditionnelle allemande, à un rôle familial stricte, ne fut plus abusée dans les usines d´armement par le même Hitler lorsqu´il lui manqua de main d´œuvre. Et, à la capitulation, elle fut livrée non seulement à la dure condition de survie de l´après guerre – les hommes comme on le sait étaient soit tombés au front, soit en déportation ; et ainsi affaiblie, elle fut abandonnée aux exactions de troupes revanchardes, surtout russes, qui violèrent et abusèrent à qui mieux mieux de la situation. L´amère récolte du vaincu. Et plus d´un enfant né quelques années plus tard de ces indésirables étreintes fut aussitôt livré à l´adoption ou à un quelconque orphelinat clandestin. Lorsque les hommes, dès 1956, revinrent de Russie, il y eut des drames sans fins.  Et jusqu´à ce jour, les rapports de la société allemande avec ses enfants est des plus contradictoire dans l´un des pays les plus riches de la terre. Eh oui, si l´histoire, elle, pardonne aux vainqueurs ; les enfants, eux ne pardonnent ni d´être mal aimé, ni d´être violenté et encore moins d´être abandonné. Et si la natalité diminue de décennie en décennies étrangement, ce n´est qu´une preuve qu´ils ne sont pas toujours désirables. Les crimes du nazisme étaient plus profonds et plus cruels que certains ne se l´imaginent, Mais à qui la faute ; après tout, ce peuple ne s´était-il pas laissé abuser par ses propres excès ?

Quand on voit certains allemands aujourd´hui encore se reconnaître du nazisme, on se demande si la sagesse existe. Et ceux qui, en France, en Hollande, en Belgique, en Suède, aux Etats-Unis… osaient faire la coquetterie avec des croix gammées…et saluer au racisme et à la discrimination ; décidément peut-on dire, comme certains européens pouvaient être bornés !

Ou était-ce la race des seigneurs ariens qui eux n´avaient pas besoin de tirer leçon de l´histoire, parce que l´histoire était leur propriété exclusive, quoiqu´il en soit et quoiqu´il leur arrive ? Et que penser du fait que jusqu´en 1985, c´est à dire 40 ans après la guerre, les deux tiers des diplomates représentant l´Allemagne à l´étranger ou employés aux Affaires Etrangères, étaient…d´ancien Nasi ! Les juges qui condamnèrent injustement à la mort, les médecins qui aidèrent à l´exécution des juifs …tous ceux qui avaient échappé à Nuremberg, se retrouvèrent discrètement dans leurs anciennes fonctions. Etrange épuration. Pas étonnant qu´on les voie de nouveau marcher dans les rues. Malgré le repentir et la démocratisation des alliés : Zucht und Ordnung ( L´ordre et la discipline) comme le voulait la tradition prussienne ?

Mobutu, en bon imitateur, s´en inspira en créant la JMPR en brun, comme la jeunesse hitlérienne, il imposa un parti unique, se fit nommer Timonier, comme Hitler ; et à l´ONU, il se complut à reconnaître pompeusement : « les vaincus d´hier sont à leur tour les grandes puissances d´aujourd´hui ». Mais ce que ce grand imitateur ne sut copier : la sens allemand créatif discipliné, ordonné et assidu. Pour Mobutu, les apparences, restent trompeuses ; imiter aveuglément sans arriver à appréhender le caractère de l´esprit, c´est jouer à l´illusionnisme, au marchand de faux. Les peuples, les nations sont ce qu´ils sont : inimitables.

En plein début de 21ième siècle, en l´an 2004, on entendit à Paris, la capitale de l´élégance et des amoureux, des tons rauques d´antisémitisme ; des synagogues étaient brûlées…l´Etat israélien conseillait à ses ressortissants de quitter le sol français. Et pendant ce temps, en Allemagne, aux prises avec une réunification qui prenait, de jour en jour, toutes les allures du plus grand effort économique allemand sous estimé dans ses coûts, réapparaissaient de nouveau les nazis, l´homme de rue cherchait déjà son Juif dans chaque étranger. Dans l´Allemagne réunifiée, le film de l´année était : Der Untergang, un film qui reconstruisait les 12 derniers jours de la vie d´Hitler. Même quelque biographe anglais : Ian Creshaw, avait osé trouver dans le dictateur allemand un visage humain. Les Etats-Unis, eux, envoyaient sur l´écran : Jésus Christ - comment  pouvait-il en être autrement après leur invasion délibérée en Irak ?

Discrètement, et peut-on dire sans le moindre gêne de pudeur, Paul Wolvowitz, ancien ministre de la défense : un adepte de Bush et grand fanatique de la guerre d´Irak était élu à la tête de la Banque Mondiale, non sans éveiller de la part du tiers monde, en coulisse, des murmures d´impuissance ; Horst Köhler, ancien Directeur exécutif du Fond Monétaire International, auquel le tiers monde devait tant et tant de sévices économiques et que bien de mexicains, de colombien et d´argentins, et même des africains ne se gênaient pas à jurer et à cracher de dégoût à l´entente de son nom, ce fidèle fonctionnaire du capitalisme occidental et de sa politique était rappelé en Allemagne et élu Président de la république…la réputation internationale ruinée, comme disent si bien les allemands : ist der Ruf erst ruiniert, lebt es sich Recht ungeniert ( quand la réputation est ruinée, vit-on mieux sans gêne ). Pour le sauver de la déchéance internationale et injecter par la même occasion un nouveau faiseur de vent au FMI, le prédicateur décrié Horst Köhler (CDU), auréolé de la reconnaissance des siens pour fidèles services rendus, pouvait retrouver le repos mérité de l´église allemande à Berlin, où ses discours du dimanche pourraient encore fléchir quelques indécis. Mais là encore, déception : l´opposition du SPD, elle ne dormait pas. Revenez ; Dieu existe, Dieu existe l´entend-on s´époumoner dans son église désertée. Ohne Moos, nichts los, répondent les récalcitrants. ( Sans le sou, rien ne marche !). Mais vous devez le savoir, monsieur Horst, vous qui avez veillé à appauvrir les autres ! Prenez votre bâton de pèlerin frère Horst, et allez prédire à vos amis de l´industrie dont vous avez, de par le monde, défendu les intérêts si pieusement pendant qu´ils ruinaient nos futurs clients, qu´il est temps de montrer leur reconnaissance ! Du travail, du travail et un salaire équitable ; Bruder Horst, allez donc, le temps presse ! La Chine, l´Inde, la globalisation est à nos portes, Bruder Horst !!!

Mais frère Horst ne savait plus où il en était ; prédire à tous vents que le soleil se lève à l´ouest et que Dieu est blanc, il l´avait toujours fait…et maintenant que la tempête s´annonçait, et que tout le monde avait remarqué qu´en réalité le soleil se lève toujours à l´Est et qu´il appartenait à tous, pouvait-il changer de prédication ? La terre serait-elle réellement ronde ? Suffisait-il de dire que la création d´emplois et la lutte contre le chômage était prioritaire ? Ne fallait-il pas veiller à ce que ce ne soit pas toujours les mêmes qui s´enrichissent, jouissent de privilèges et repoussent les autres à leur bon vouloir ? Ou fallait-il rappeler aux petites gens les hauts enseignements de la chrétienté : tendre la seconde joue pour recevoir la seconde gifle ?

Se retirer dans son église et relire ses versets en espérant que Dieu restât clément, magnanime et généreux ; ou fallait-il ouvrir l´église à une meilleure universalité ? Avec la même bible, la même interprétation de la foi qu´hier ? Décidément, il était bien difficile de plaider sous le chômage et la crise économique de croissance. Il enviait secrètement  son prédécesseur : Bruder Johannes, il avait eu, lui, la tâche facile.   

De l´autre côté de la médaille, Joseph Cardinal Ratzinger, cet esprit conservateur chrétien aguerri, plus affûté que libéral, était élu Pape dans un temps record de délibération : deux jours. Curieux. On n´était pas sans avoir remarqué le séjour plutôt prolongé de Georges Bush à Rome…il arriva bien avant les invités aux obsèques de Karol Wojtyla, et quitta l´Italie en dernier. Le vote du nouveau Pape, un secret de polichinelle ? Le Daily Mirror, lui ne se laissera pas leurrer et publiera dans un cri de protestation la photo représentant le jeune Ratzinger en uniforme militaire de la Hitlerjugend, la jeunesse hitlérienne. Eh oui, notre Pape Bénédict XVI s´était porté volontaire à 15 ans dans l´armée d´Adolf Hitler pour tuer et détruire au nom de la barbarie de la race arienne. Tous ces placements, de simples coïncidences ? Il faut être aveugle ou idiot pour le croire. Sur l´échiquier mondiale, le capitalisme acculé plaçait ses généraux aux fronts de ses sourds intérêts depuis la Banque Mondiale avec Paul Wolfowitz, à la Banque Africaine de développement avec Donald Kaberuka, tous adeptes de l´hégémonie américaine et de ses intérêts. Qui parlerait encore de libéralisme ? Ce cérémonial avait tous les aspects trompeurs de la démocratie, du vote indépendant, mais il était bel et bien organisé dans l´intérêt privilégié du Pouvoir Blanc par son leader acharné : le Grand Colosse du Nord. Et cependant, dans ce tumulte de branle bas le combat contre un ennemi immatériel, invisible parce qu´inhérent au Système et à sa logique dépassée, Franz Müntefering, alors président du puissant parti socialiste allemand, dont le chancelier, Gerhard Schröder, était issu, soulevait un débat passionné sur les conséquences d´un capitalisme barbare et asocial qui, tout en brassant le profit à bras le corps en Allemagne, licenciait à qui mieux mieux pour agrandir sa marge de gain, pleurait des larmes de crocodile sur l´impôt, et investissait de plus en plus à l´étranger. Il qualifia ce capitalisme de « nuées ravageuses de sauterelles qui s´abattaient sur les réserves silencieuses de fructueuses sociétés et les dévoraient » : Heuschreckenwirtschaft ou Share of the value, dans sa plus belle expression. « Croire que l´industrie apporte solution à tout, est faux », ajoutera Müntefering, pour couper l´herbe au pied de ses adversaires qui criaient déjà haro à l´envieux débat du prolétariat contre les nantis. Et sur les rues allemandes, plus de 5 millions de chômeurs angoissés attendaient que l´industrie leur donne enfin du travail…

La France et la Grande Bretagne se taisent pudiquement et suivaient de loin ; il peuvent se le permettre : après tout, ils ont leurs ex colonies auxquelles ils rejettent la part la plus douloureuse de leurs inflations et leurs vendent, que ces malheureux le veuillent ou non, leurs excédents meurtriers…le progrès, hein ; on ne peut pas arrêter le progrès. Quant aux monnaies de ces pauvres…L´homme noir doit enfin le comprendre : le progrès est important pour lui, et il faut bien qu´il vienne de quelque part, n´est-ce pas !

Oh, mais l´Allemagne est devenue, grâce à un sympathique et affable gouvernement kenyan

producteur et exportateur de café ; n´est-ce pas génial ? Sans le moindre champs de café…tout pour le profit, même si on arrachait aux autres leurs moyens de survie. Pauvre morale du profit ; était-ce déjà le désarroi des barricades économiques à couteaux tirés ?             

En sommes-nous de nouveau au point de départ ? Etaient-ce les signes avant coureur de la tempête couronnant la crise de croissance et de valeurs qui frappait l´Occident depuis vingt ans, et justifiait la loi silencieuse du capitalisme en cas de crise ou de défaillance : quand on ne savait pas résoudre ses problèmes et sortir de ses contradictions, on prenait les mêmes souffres douleurs d´hier et on recommençait ? Qu´on veuille ou non l´avouer ouvertement, les forces du mal immonde du racisme et de la discrimination subsistaient encore dans les cultures occidentales comme une gangrène indésirable et têtue ; et cette gangrène, sous des formes diverses, profitait de la démocratie pour convoyer leur venin dans la société, légalement, insidieusement, et infectait les faibles d´esprit, les incurables de l´esclavage et de la colonisation, les frustrés, les criminels aux cols blancs dont l´esprit arrêté et borné n´était pas assez intelligent pour accepter que le monde n´appartenait ni à la France, ni à l´Allemagne, ni à la Grande Bretagne, ni aux Etats-Unis ou à qui que ce soit, mais bien à tous les habitants de la planète et qu´à ce titre, chacun avait droit à la liberté et à la libre réalisation autant que les américains, les français, les allemands, les anglais, les italiens, les irakiens, les afghans, les chinois…les africains.   

Weja se leva, il venait de finir son travail. A ce moment, sa mère apporta le café et le servit ainsi que son père, et vint s´asseoir à côté de son fils. Ce dernier regarda sa mère en souriant, puis lui posa un bruyant baiser sur la joue.

-          Oui, j´ai tout entendu, dit le père en relevant ses yeux de son journal. N´oublie surtout pas que c´est ton fils, hein !

-          Serais-tu par hasard jaloux demanda sa femme.

-          Pas du tout… !

-          Ca, c´est à voir ; j´ai bien peur que oui, se moqua Weja de son père.

La mère s´amusait beaucoup, et cependant on pouvait lire dans ses yeux qu´elle aimait son fils au dessus de tout. Pendant que celui-ci dégustait son café à petites gorgées avares, elle, pour sa part, ne le perdit des yeux.

-          Si tu continues, lui dit son fils, je vais me gêner. Ne nous enferme pas dans un drame oedipien. 

-          C´est bon, c´est bon ; mais tu sais que je t´aimes, au moins ? Des fois que tu n´y penserais plus…

-          Qu´est-ce que c´est que ce dialogue immoral, s´écria Kabenj du fond du salon.

-          Ca, dit sa femme, c´est la nouvelle génération : elle est irrésistible ; ça me fend le cœur. Mais ne t´en fais pas, pour moi, ce jeune homme est toujours mon bébé, mon joli bébé.

-          Mais quel bébé, hein, lança Weja pour taquiner son père ; un chef d´œuvre ! Entends-tu Kabenj, moi au moins on savait dès ma naissance que j´étais beau, que je serai  grand…irrésistible. Promis vivant à la célébrité…Moi Weja premier, roi du Congo, ordonne…

Le père pouffa de rire devant les élucubrations de son fils qu´il trouvait attendrissant et amusant ; et pendant que son fils, dans sa folie de grandeur, parcourait le salon comme un monarque prétentieux tenant dans sa main en forme de sceptre une vielle lance décorative et dans l´autre un pot de fleur,  Kabenj et sa femme, attendris et pour le moins amusés se laissèrent franchement gagner par un rire complice.

Weja, après son petit spectacle, demanda tout à coup :

-          Dis-moi, maman ; te rappelles-tu de mon premier jour d´école ?

Kabenj cacha son visage dans ses mains en guise de désespoir, sa mère se remit à rire, parce que la scène du roi tout puissant laissant la place à celle de l´enfant faible et incertain, était des plus cocasse. Elle lui rappela l´histoire non sans finir par lui prendre la main :

-          Tu t´es bien racheté, depuis ; mais qu´est-ce que j´ai eu difficile à te convaincre d´aller à l´école !

-          Mouais, dit le père en grognant, il préférait le jupes de maman…mon Dieu, quelle jeunesse, tous des moumous.

Weja fit une grimace et sortit :

-          Et tu dis que tu n´es pas jaloux ? Demanda Weja en grognant.

-          De qui donc, de Moumou -Weja ?

On frappa à la porte ; la mère de Weja se leva et alla ouvrir :

-          Ah, c´est toi, Bebo ; mais entre donc…

La jeune fille gagna le salon et salua le père de Weja. Ce dernier, revenant de sa chambre, embrassa la jeune fille et l´entraîna sur le balcon où les deux jeunes gens prirent place. La mère apporta les boissons et s´enquit de Mito et de la tante de la jeune fille. Lorsque plus tard, Weja raccompagna la jeune fille, Kabenj se tourna vers sa femme :

-          Est-ce que je rêve ? Ce moumou m´a l´air d´avoir du succès chez les dames, quelle histoire !

-          Pas aussi mou que tu ne le penses ; c´est un homme doux, mais il a du caractère, Et ça, ça attire les femmes.

-          C´est la mère qui parle, autant dire son plus grand fan.

-          Je ne m´en plains pas, je suis fier de lui, avoua Lipula.

Le père se gratta sa naissante calvitie, ce qui était chez lui un signe d´agréable surprise.

-          Moi aussi, Lila ; c´est un charmant garçon, je dois le reconnaître.

Sa femme lui jeta un long regard entendu :

-          Comme son père…

Elle prit son mari par la main et ensemble, ils revinrent au salon où chacun se plongea dans sa lecture. 

Extraits des Cercles Vicieux    Auteur Musengeshi Katata    Droits réservés.

munkodinkonko@aol.com

   

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