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5 décembre 2005

La crise du capitalisme

Analyse critique

L´Enjeu

                        

                                                                      à lire aussi sur     http://www.afrioo.com

Depuis 30 ans, au ciel tourmenté du monde capitaliste dominé par le Pouvoir Blanc, les choses ne tournent plus rond. Si dans les années 80 on avait encore de l´espoir que la crise économique qui est aussi une crise monétaire et une crise de philosophie existentielle se dénouerait, les années suivantes ne firent que douloureusement accélérer un trend qui prend de jour en jours, d´années en années une acuité toute contraignante. Les pauvres trépignent ou s´appauvrissent encore plus amèrement, et les riches s´enrichissent sans vergogne et emploient leurs richesses pour repousser les pauvres dans leurs quartiers amers. Vive l´enrichissement sans employés, sans obligations sociales est la maxime qui court les milieux financiers des affaires de nos jours. Le choix du court terme pour peu légitime qu´il soit est cependant curieux : investir en Chine, c´est aussi, qu´on le veuille ou non, investir chez les adversaires de demain ; de ceux qui viendront causer plus de chômage...Il faut savoir de quel côté son pain est beurré, ou civiliser le capitalisme, comme le disait Franz Muntefering, alors président du Parti socialiste allemand.

Incapable de réaliser ses promesses et pris en flagrant délit de centrisme, le capital fait usage de théorie, de méthodes contradictoires qui toutes, comme la dernière en date : affirmative action ayant vu le jour aux Etats-Unis et actuellement colportée par la France sous la dénomination de discrimination positive. En Allemagne on parle de Leitkultur (Culture directrice). Et pendant qu´en Allemagne, Manfred Kanther (juriste de formation et ex ministre de l´intérieur fédéral allemand de 1993-1998) qui fut condamné pour escroquerie au trésor public pour avoir soustrait 10,6 millions d´Euros appartenant à son parti du contrôle de l´Etat en transférant cette caisse noire en Suisse, il pouvait s´en réclamer fièrement, les étrangers dans son pays, eux devaient plutôt s´y conformer. Et soit dit en passant cet adepte de la Leitkultur rappelait fort bien l´ex ministre de la justice américaine John Ashcroft qui lui aussi eut des déboires avec la justice en ce qui concernait le financement des élections. Et un immigré de dire un jour devant le racisme quotidien allemand : « Pendant que Manfred Kanther est assis dans son salon  et philosophe sur la Leitkultur, moi qui n´ai ni volé, ni escroqué de ma vie, on me crache dessus au nom d´une Leitkultur…Au fait, cela veut-il dire que comme les allemands je dois aussi faire l´esclavage, un massacre en Namibie, entamer deux guerre mondiales coûteuses en vie humaines suivi d´un pogrome contre les juifs, que je dois adopter ou supporter leurs blagues racistes, ou cela signifie tout simplement que je dois parler leur langue avec un accent quelconque ? »

Sur cet ordre d´idées, on se rappellera de escroquerie du Parmalat, d´Enron, du scandale du Crédit lyonnais dans l´affaire américaine d´Executive life, le scandale VW assaisonné de brésiliennes bien en chair (Quand on pense que Peter Hartz, celui qui a mis au point la fameuse réforme sociale Hartz 4 qui a découplé toutes les obligations sociales de leur fondement solidaire assurantiel, était royalement de la partie !), et si on parcourt les statistiques de viol domestiques, de pédophilie, d´assassinats, de braquage de banques, de criminalité économiques…On ne peut que dire avec lassitude : ils ne sont hélas pas meilleurs que quiconque.

Et si on voit avec quelle peine la démocratie italienne essaie d´asseoir ses principes contre son propre président Berlusconi monopoliste des médias, il faut hélas aussi reconnaître que le pouvoir corrompt et corrompt absolument. La démocratie, on le voit, peut être déjouée par sa propre logique libertaire. Et ce n´est pas à coup de sketches télévisés, si bons soient-ils, qu´on s´en défait. Que ce soit aux Etats-Unis où les noirs déchantent, ou en France où on entend déjà des questions telles : sommes-nous des français à part entière ou sommes-nous des français entièrement à part ? On le voit : le racisme et la discrimination a laissé ses traces, ainsi qu´une logique judéo-chrétienne qui croit encore que beaucoup sont appelés et peu sont élus, alors que chacun a droit à la reconnaissance et à l´exercice de sa réalisation.

En vérité, tous ces concepts sociaux ne traduisent qu´une chose : cacher le mal profond du monde capitaliste occidental à devenir maître d´une crise économique qui met à jour toutes les insuffisances sociales d´intégration, de création d´emploi, de sauvegarde de valeurs saines et louables pour leurs sociétés confrontées avec un questionnement profond. L´artiste fait plus de fumée qu´il ne brille de talent à résoudre les problèmes imminents occasionnés par un monde en pleine ébullition. Et son système en mal de créativité et de régénérescence tapait dans le vide et l´activisme dépassé, ne reproduisant que les anciens défauts d´égoïsme, de cupidité, de manque de vision humaniste que les temps pourtant lui enjoignaient. Le système capitaliste serait-il dépassé, à bout de rouleau parce qu´incapable de reconnaître et d´appliquer le changement rajeunissant. L´idéologie du centrisme capitaliste occidental était-elle encore conforme aux exigences de notre monde aux tendances globalisantes accentuées et inévitables autant commercialement qu´écologiquement ?   

De quoi s´agit-il, au fait ? Comment sortir de ce marasme sociohistorique de portée mondiale et retrouver un monde de paix, de travail, de justice ; un monde qui ferait revivre l´espoir et renaître un humanisme positif de confiance ?

Et pendant que ces questions sont posées, la Chine et l´Inde montent lentement au firmament de l´industrialisation et viennent accroître les déboires des ventes de l´occident sur les marchés mondiaux, les prix à la production des pays capitalistes établis étant plus élevés que ceux des arrivants. Pire, au front des matières premières, surtout énergétique (pétrole, gaz, uranium), les prix, sous la demande échauffée, s´emballent. Et à force de boire le pétrole à pleine gorge ou de consommer les matières premières à la pelle, comme si elles poussaient dans les arbres, on appauvrit sciemment le tiers monde tout en réchauffant dangereusement l´atmosphère. Le collapse écologique montre déjà ses signes à l´horizon : les inondations se font fréquentes…et désastreuses, et frappent autant les riches que les pauvres.

L´industrialisation des chinois et des indiens a soulevé l´empressement à s´agrandir de l´Union Européenne en s´ouvrant un marché d´investissements, et de production moins cher et donc de rentabilité élevée en Europe de l´Est. Et loin d´apporter soulagement, ce nouveau champ d´exercice du capital européen déplace les chantiers de productions de l´Ouest à l´est progressivement en accroissant le chômage, tandis que les ouvriers, les demandeurs d´emploi des anciennes économies du Comecon communiste, eux, se déversaient à l´Ouest.

Mais où est donc resté la relève économique, que diable ? Faut-il lentement se guérir de théories de la croissance comme moteur économique et social de la paix sociale ? C´est ce que par exemple pense le politicologue Susan George, grande critique de la globalisation du capitalisme néolibéral. Et c´est vrai qu´on se demande grandir, mais grandir avec quelle morale, quelle éthique ; serait-ce de nouveau grandir aveuglément, en répétant les mêmes erreurs du passé (et il faut se rappeler de la réunification allemande bâclée, où toutes les erreurs du capitalisme égoïste, cupide, arrogant ont transformé, depuis 1989, cette chance moderne en un véritable gouffre financier sans fond couronné par une bombe sociale alarmante qui enfouit l´Allemagne réunifiée dans une de ses plus grandes crise économique d´après guerre par un endettement galopant, ce qui restreint les ambitions sociales de l´Etat, les investissements publics d´avenir et alourdit le sort de la future génération.) ou comme le fait à loisir le capitalise : s´approprier la part la plus belle du gâteau, et laisser les pauvres et l´Etat se débattre avec des problèmes écologiques, économiques, sociaux aux dimensions quasi insolubles.

Pour cacher le malaise grandissant de la crise de croissance, mais aussi pour couper l´herbe aux revendications sociales des chômeurs lentement excédés et leurs représentants : les syndicats, les Etats occidentaux industrialisés se sont endettés à qui mieux mieux avec l´espoir que la relance viendrait guérir leurs blessures financières saignantes, hélas, cette relance se fait plutôt attendre. Et les intérêts de la dette, eux, commencent à rétrécir douloureusement le rayon d´action social des pouvoirs exécutifs des pays concernés. Certains comme les Etats-Unis deviennent agressifs et guerroyants gratuitement en Irak, de peur de perdre le contrôle sur le pétrole du Moyen Orient. En Afrique, où d´importantes  réserves viennent d´être découvertes, c´est à couteau tiré avec la Chine à qui s´appropriera les plus riches concessions. L´or noir décidément fait perdre la raison.

Sur les chiffres suivant on peut prendre connaissance de l´ampleur réelle de l´endettement occidental :

le Japon ( 164% du PIB), suivi de la Grèce (110,5 %),  Italie (105%), la Belgique (95,5%), l´Allemagne ( 66%), la France (65,6%), l´Autriche (65,2%), l´Europe des 15 (64,7% ), les USA (63,8%), la Hollande (55,7%), la Suède (51,2%), l´Espagne (48,9%), la Grande Bretagne (41,6%), la Tchétchène (37,4%), l´Irlande (29,9%).

On le voit : le mal est grand ; l´ampleur des prochaines douleurs sociales aussi. Même en admettant que cet endettement doit être mise en relation avec le PIB ce qui donne pour la France 1065 milliards d´Euros de dette soit 47 milliards d´intérêts négatifs par an, l´Allemagne 1460 soit 40 milliards d´intérêts négatifs. Et pour ses deux pays, par tête d´habitant jeune ou vieux, une dette de 17.000 Euros. Et si la liste de vérités sociales s´arrêtait là…mais ce n´est hélas pas le cas : toutes les assurances sociales occidentales sont en banqueroute et pour ne prendre que l´américaine, elle a à peine des réserves de trois mois ! Quand on pense à ses 10300 milliards de PIB, on se demande ce qui se passe. L´Allemagne aussi doit faire des emprunts ou des avancements publics pour que sa caisse de pension puisse subvenir à ses obligations. L´assurance maladie invalidité allemande ayant été mise à mal de 2000 milliards pour le financement de la réunification, et depuis, elle est elle-même aux soins intensifs tel qu´un chirurgien gagne moins qu´un électricien. Etait-ce vraiment l´intention de ceux qui ont créé cette situation de dénigrer à ce point le travail de cette noble profession ? C´était bien la peine d´étudier 8 ans et plus…

On comprend, pour ceux qui n´ont pas encore ou réellement analysé les fameuses émeutes des banlieues françaises, ce que ces jeunes gens voulaient dire à la république, notamment que la misère, l´exclusion et le chômage auxquels on les renvoyait n´étaient pas les plus nobles valeurs françaises et qu´ils avaient eux aussi le droit de participer à entretenir et à fêter les vraies valeurs de liberté, d´égalité, de fraternité.

Et pour tous ceux qui, avec légèreté ont pris la chose plutôt avec étonnement ou simplement en la condamnant sans chercher le dessous des cartes, reconnaissons sincèrement que la méthode n´était pas des meilleures. Mais d´un autre aspect des choses, mettons-nous un instant à la place de ces jeunes : si depuis plus de vingt ans vous êtes soumis à l´exclusion sociale, au mépris et à la discrimination ; et si par surcroît vous apprenez que l´Etat s´endette, c´est à dire vous afflige d´obligations sans vous donner ni les moyens de vous préparer à les rembourser, ni une chance ouverte pour participer à la solidarité sociale qui viendra un jour vous demander de payer les cotisations pour les pensions et les retraites de ceux qui vous auraient endetté et enfermé à l´exclusion par leur mode de vie extravagante et dispendieuse. Il y a de quoi voir rouge. Surtout si on les entend la bouche dédaigneuse parler de la criminalité et des problèmes sociaux de la banlieue…la chasse aux sorcières et aux boucs émissaires.

Ce qui choquera tous ceux qui ont sincèrement réfléchi à ce phénomène, c´est que ce sont des enfants qui viennent parler et défendre leur droit à la liberté et à un avenir autre que celui de l´assistance sociale, de la criminalité, de la discrimination, du chômage. Coup de chapeau pour cette jeunesse en petites culotte et quittant à peine le biberon. Et on peut alors excuser qu´ils aient pris la violence comme moyen d´expression. Mais autant on comprend cette jeunesse défavorisée, autant on ne comprend pas que les adultes se taisent et supportent bon gré mal gré cette honteuse chimère. Oui, pendant qu´on assassine l´avenir de leurs enfants, où sont-ils ? Sont-ils tous analphabètes ou n´ont-ils pas compris l´enjeu réel de l´avenir ? Curieux que les enfants eux l´aient compris, et soit dit en passant, ils se sont comportés dans la grande tradition française de la contestation : aux barricades !

Et pourtant, quand on met sur le compte des adultes le refus de ratifier la constitution giscardienne de l´Union Européenne qui semblait dire : avant de s´agrandir, à avoir des ambition qui rappelaient à s´y méprendre l´ère coloniale, que tous s´attèlent à remplir d´abord leurs devoirs à domicile qui souffraient présentement de douloureux manquements, avant de permettre aux roumains, aux hongrois, aux bulgares et autres à s´abattre sur les marchés de l´emploi de l´Union et disputer aux résidants aux prises avec des frais de logement et de chauffage perpétuellement en hausse, de se battre avec une concurrence qui irait jusqu´à la baisse. On l´a vu dans la charcuterie industrielle allemande où les polonais ont causé le licenciement de 36 000 allemands.

On aurait crû que les uns et les autres avaient compris de ce dont il s´agissait, à l´occasion de ce suffrage européen. Mais apparemment ce ne semble pas le cas. Et pourtant si l´Etat est éternel, et le citoyen éphémère ; celui-là ne doit pas oublier qu´à son éternité est rattachée la présomption de mémoire institutionnelle conservatrice des valeurs et des volontés légitimes de la nation. Et que fermer les yeux sur des inégalités qui se déroulent devant lui, cela est de la pire incompétence. Ou croit-il que parce qu´il est éternel, ses citoyens doivent s´inspirer de sa nonchalance pour devenir philosophes ? Hélas, ce n´est pas le cas…l´être humain est pressé par sa vie…il est pressé par le temps. Et le temps perdu, les rêves écornés, piétinés ou empêches ne se relèvent jamais ; il faut les entretenir et les fêter à chaud. Toute chose en son temps. Sinon on ne vivra que de déception et de mauvais souvenirs.

Et il devient maintenant clair de quoi il s´agit il s´agit tout simplement de la Liberté : du droit légitime et universellement reconnu à entretenir, promouvoir et défendre ses droits quand à participer à soutenir, défendre et protéger les valeurs les plus chères, les plus solidaires de la Patrie Française.

Et si les parents sont pris en flagrant délit d´abandon ou de manque d´assistance à personne en danger, le gouvernement, lui est pris en flagrant délit de déni de justice sociale. Et cela veut dire beaucoup.

Depuis 1789, date à laquelle la France brisa ses chaînes envers une monarchie cupide, égoïste et arrogante, l´idée de la liberté a connu bien de tourments. Elle a soutenu l´esclavage, pillé, volé, violé et guerroyé et cependant, elle a évolué dans ses meilleurs fils pour émerger dans le vingt et unième siècle avec des vœux de réalisation matérielle, morale, éthique qui s´opposent aux lois pratiques des faits accomplis qui dans leurs vœux de conservation des acquis et des privilèges tendent à ne lui faire des concessions que dans la mesure où celles-ci répondent à ses intérêts. Le conflit actuel peut déjà se résumer par la question : qu´est-ce qui est le plus important, est le système et sa logique dominante et hégémonique ou est-ce l´individu, son moteur ? Ou faut-il trouver un modis vivendi qui permette à l´un de protéger et d´assurer, et à l´autre d´exercer pleinement sa libre créativité au service de sa réalisation et de sa liberté.

Et c´est dans ce sens qu´il faut voir ces théories sociales d´affirmative action aux Etats-Unis, de discrimination positive en France, ou de Leitkultur en Allemagne. Aux Etats-Unis, comme le dit si bien Michael Moore dans son ouvrage : « Stupid White Men » en citant les chercheurs Richard Vedder, Lowell Galloway et David C. Clingaman qui font la douloureuse constatation que la moyenne des revenus des noirs américains est de 61% moins élevée que celle des américains blancs, ce qui représente exactement le niveau de 1880 ! En 120 ans, conclut l´auteur, rien, mais rien n´a changé. Il faut donc être bien idiot pour se confier à ces belles théories sociales qui n´aboutissent qu´à tromper, abrutir, et privilégier les mêmes qu´hier.

Raphaël Confiant, dans son excellent article : « Discrimination positive ou discrédit des élites nègres ? » le dit clairement : Antillais et Guyanais de France, ne tombez pas dans le piège américano-sarkozyste ! Cette mise en garde ne vaut pas seulement pour les interpellés, elle vaut aussi pour les africains, les allemands, les français des banlieues, les américains noirs, les 20 millions de chômeurs de l´Union Européenne, pour le monde entier. Car ce qui se défend dans l´existence, ce n´est pas la passivité ou la contemplation pendant que nos rêves, les rêves d´un chacun, ses désirs, ses attentes se meurent ou sont sournoisement trompés ou abusés ; mais chacun, comme Saint Exupéry le disait : « J´ai besoin pour être de participer », veut participer à la réalisation de ses propres rêves, et pas à leur destruction. Personne ne participe avec joie à son propre meurtre sensible. Et tous ceux qui l´exigent d´un être humain sont des gens immoraux et inhumains. La liberté n´est ni un dictat, ni la propriété de qui que ce soit ; c´est un lieu de réalisation partagé et conscient. Nous sommes tous prêts à participer honnêtement et avec entrain à son avènement, à son épanouissement ; mais nous exigeons aussi que les valeurs et les contenus de cette fière passion de l´existence humaine aient le même contenu pour tous. Comme le veut le droit et la liberté à laquelle nous avons tous souscrit.

Musengeshi Katata

                         munkodinkonko@aol.com

            

   

      

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