Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Forum Réalisance
Forum Réalisance
Publicité
Archives
Newsletter
10 juin 2006

Afrique du Sud : le face à face avilissant, explosif ?

Commentaire sur l´article du Pr. Achille Mbembe sur Africultures

Cartes viciées, cartes truquées : l´impasse du faux

Je recommande à mes lecteur de lire cet excellent article sur africultures : Lutte pour la succession en Afrique du Sud :

Le syndrome de Nongqawuse. http://www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_article&no=4449 

J´ai été saisi par ce psychogramme Xhosa de 1856/1857, parce qu´il relève curieusement bien de la réalité actuelle de l´Afrique du Sud. Et malgré que j´admire l´analyse du Professeur Achille Mbembe qui est absolument correcte, je n´arrive hélas pas à la même conclusion que lui. Tout est vraisemblablement question de point de vue. Toujours est-il qu´à mon avis, les peuples sud africains en crise réelle d´orientation sociopolitique et culturelle ne se retrouvent pas dans leur élite qui elle est subjuguée, ou neutralisée par une fausse réconciliation qui a fait perdre à la société l´occasion d´épurer moralement le dilemme déchirant de l´Apartheid. Les Blancs, non seulement ils se sont donnés, après toutes leurs exactions criminelles durant cette méprisante et inhumaine période historique de la Nation Sud africaine, le luxe arrogant de bouder la commission de vérité et de réconciliation de Desmond Tutu par laquelle, rappelons-le, il leur avait été, au départ, garanti de l´aspect purement réconciliant de cette commission. Il étaient donc assurés qu´ils ne seraient pas jugés, mais que cette procédure avait pour but de guérir la conscience blessée de la Nation et de rapprocher noirs et blancs en permettant aux victimes de savoir où étaient enterrés leurs disparus assassinés, et peut-être, dans la mesure où on pouvait retrouver les corps et les distinguer dans les nombreuses fosses communes organisées par l´ancien régime criminel de Pretoria, de leur donner une sépulture respectable et humble. Pourquoi les blancs ne se donnèrent pas la peine de rendre justice à une âme nationale commune ? Parce qu´ils détenaient les finances et l´économie ? Ou parce qu´en réalité ils ne voulaient pas partager leur âme sociohistorique avec des noirs ?

Desmond Tutu commit à mon avis une erreur psychologique monumentale en accordant, par contumace aux anciens criminels l´absolution et le pardon des noirs. Parce qu´ainsi, dans la représentation psychologique de la communauté noire, ces actes impunis détruisaient l´éthique et la morale de la société, suggérant aux criminels l´impunité et aux victimes l´indignité et l´injustice de la crucifixion éternelle. Cela devenait encore plus révoltant si ces blancs arrogants et criminels détenaient les moyens économiques de la société, et vivaient en toute pompe et largesse pendant que leurs victimes, elles, devaient, comme par le passé, faire la file et attendre le bon vouloir de leurs injustes et arrogants seigneurs. Qu´est-ce qui avait bien changé ? Rien. Les noirs avaient visiblement le pouvoir, mais c´était le blanc qui était resté le maître. Et dans le subconscient blessé et encore saignant de l´homme noir, mais aussi dans le repaire moral et éthique de valeur sociale, il se sent violenté et trompé encore une fois. Ca déprime et révolte. A raison. Dernièrement, sur grioo.com, Desmond Tutu se plaignait de l´indifférence des blancs devant la misère qui montait irréversiblement des townships. Bien tard. Les blancs se sont bien tirés d´affaire devant la naïveté et, on doit le dire sincèrement : l´incapacité de l´élite noire sud africaine à percevoir les dessous réels de l´enjeu et de l´incidence sociopolitique de cette dualité noire/blanc, et surtout de leur portée psychologiques sur le corps divisé de la Nation.

J´ai déploré dans cet article l´absence d´un élément important : celui de la méthode et des moyens utilisés par les boers de l´Afrique du Sud de l´Apartheid contre les africains noirs légitimes habitants de l´Afrique du sud. Assassinats, tortures, infections criminelles au sida, empoisonnement à l´anthrax génétiquement orienté, emprisonnements, exactions et répressions physiques, psychologiques dévoilant un haut mépris et une criminalité bien perverse. Tout avait été employé pour briser ce peuple et l´asservir en lui infligeant, avec la complicité de l´occident intéressé par les richesses minières de ce pays, un traitement des plus inhumain. Et si rien n´a changé aujourd´hui à part les violences raciales gratuites ou si la victime, malgré que les noirs aient les rênes du pouvoir politique, n´arrive pas à réaliser ses rêves, ses désirs empêchés, ses attentes brimées et réprimées pendant des décennies entières interminables, si pas des siècles ; parce que, ne nous faisons aucune illusion : ce dont il s´agit, en Afrique du Sud, c´est de réalisation existentielle. Ou de commune réalisation existentielle. Mais hélas, par trop souvent on l´oublie ; ce qui suggère à tous faussement que la vie d´un noir, son existence ne vaut pas celle d´un blanc. Et c´est une erreur que la domination culturelle occidentale qui s´est imposée sur le monde depuis 600 ans doit se guérir le plus rapidement que possible. Aujourd´hui encore, elle a trop tendance à justifier ou à tolérer que les blancs détiennent les moyens de production au détriment des noirs, et que ce dernier devait se débattre ou mieux, se soumettre ou s´aligner à la culture occidentale, parce que c´est sa seule façon de survivre ou de réussir. Paternalisme borné que tout cela ; l´homme noir est un partenaire tout au moins. Sa vie, son existence et sa réalisation ne dépendent que de lui-même. C´est donc que le priver sciemment de moyens de réalisation réelle ou imaginaire, c´est enfreindre sa liberté, porter atteinte à sa souveraine légitimité existentielle. On est bien surpris que ces esclavagistes, colonialistes et ségrégationnistes d´hier parlent de liberté, de démocratie, d´humanité alors que des siècles durant, toutes leurs actions historiques déniaient ces allégations et organisaient systématiquement la domination et la soumission des autres peuples et notamment de l´homme noir.

L´élite sud africaine au pouvoir actuel doit le comprendre et cesser de jouer le sous fifre déjoué en versant un vin pur à son peuple. Dans cette affaire, il ne s´agit pas seulement de l´existence de noirs, mais aussi de celle des blancs. Il s´agit d´entamer efficacement de rapprocher deux races dont la cohabitation a été gérée par un des antagonismes les plus cruels et méprisant de l´histoire humaine, et dont les blessures saignent encore abondamment. Il y a donc lieu d´accélérer et de multiplier les actes et les initiatives qui guérissent ces plaies sans leur laisser de longues cicatrices ou de d´inguérissables névroses que les individus vont porter indéfiniment dans la société au risque de les transmettre à leurs enfants comme on le voit en Allemagne avec les nazis, et qui empoisonneraient à la longue toute harmonisation réelle de la société. Toute nation est un être vivant qui a une âme, des attentes, des rêves, des désirs qu´il faut réaliser ensemble si on veut appartenir à son corps. Il est (encore) grand temps que les blancs quittent leurs refuges arriéré et primitif, et accepte de marcher côte à côte avec ceux qui sont prêts à leur pardonner bien de méchancetés. Il est encore temps. Le noir est une race comme tout autre, sa patience n´est pas éternelle. Et il est criminel et méprisant de croire que contrairement à tout être humain il n´aime pas sa liberté ou sa réalisation. C´est une grossière et malveillante erreur. 

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Ce syndrome de Nongqawuse est très instructif à plus d´un point : d´un point de vue purement historique, il prouve combien il faut se méfier de prédicateurs illuminés par une toute puissance destructive de la réalité et de tout avenir pour de fausses promesses de paradis. Cela nous amène à la critique de la religion chrétienne qui prédit aux noirs de se laisser détruire leur identité, leur culture, pour se soumettre à un Dieu blanc qui les livrait non seulement à la domination occidentale, mais aussi à son aveugle chosification. Paradis illusoire, plutôt enfer et négation de soi que libre réalisation. <br /> D´un autre point analytique, cette leçon d´histoire donne à tous les amateurs d´égyptologie un exemple d´emploi de la richesse historique : notamment par l´analyse critique et l´utilisation projetée des conclusions gagnée par cette étude pour enrichir et armer le présent d´une expérience instructive. La plupart de nos égyptologues en herbes se contentent, sous l´illumination de leur aveuglement africaniste, plus pour s´accrocher à leur incertitude que pour tirer des conclusions utiles et instructives de leur célèbre passé. Or, celui-ci, comme toute histoire humaine, n´est utile que quand on peut se nourrir de ses enseignements. Vraisemblablement plus de passion désespérée que de talent analytique. Mais tout cet amateurisme passionnel de l´histoire de l´Egypte ancienne est plutôt une réaction contre la sournoise intention affirmée de l´occident à s´approprier une civilisation qui n´était pas la sienne. Une honteuse et plutôt ridicule tendance de la part d´une civilisation blanche qui, à force de s´approprier ce qui ne lui appartenait pas de par le monde, avait cultivé un complexe de voleur impénitent qui dans son désarroi historique collectionnait les œuvres artistiques du talent des autres croyant ainsi leur voler leur âme et devenir immortel. Ou perpétuer sa domination par la possession. C´est bien plus que du mauvais goût, c´est de la petitesse d´esprit. Faut se guérir, mes amis ; à la longue ça s´appelle vol tout court.<br /> Mais revenons à notre Afrique du Sud. Les élites noires au pouvoir actuellement doivent se laisser accuser d´avoir manqué de talent politique, et c´est peu dire. Car elles ont, par leur maladresse, livré la société à l´impasse injurieuse de la soumission au capital détenu par les blancs, alors qu´on attendait d´elles qu´elle ouvre la société sur une chance réelle de réconciliation. Encore une fois l´homme noir est déjoué par l´homme blanc, encore une fois il est surpris à saisir le subsidiaire pendant qu´on le roulait au principal. Quand les noirs comprendront-ils le rapport qui existe entre la liberté et la réalisation sociohistorique et le contrôle de l´économie, des finances ; des moyens réels, historiques de production ? <br /> A mon avis l´article du professeur Mbembe ne va pas assez loin. Or lui, c´est une élite ; on attend de lui bien plus que d´affirmer des demis vérités tendancieuses comme : l´Afrique du Sud est une démocratie ! Si c´est une démocratie, pourquoi le peuple se plaindrait-il ? Démocratie de dictature du capital détenu par les blancs ? Ne voit-il pas l´ineptie qu´il y a dans ses affirmations ? Et on se demande si son jugement n´est pas enfermé dans un système qu´il protégeait ou se refusait à critiquer ouvertement parce qu´il y trouvait, somme toute son compte ; mais les autres, ses étudiants, sa réputation intellectuelle ? La raison et l´intérêt personnel, c´est toute une anthologie du déni d´objectivité qui n´a jamais servi ni l´objectivité, ni <br /> l´intégrité intellectuelle de l´élite africaine. Dommage. Nous espérons toutefois que l´intellectuel africain retrouvera son objectivité, son intégrité et son indépendance au lieu de s´enfermer dans des euphémismes voilant les dangers et la réalité véritable du combat existentiel de l´homme noir. Parce que nous en avons besoin, et parce que si les intellectuels ne l´avaient pas encore compris ; cet enjeu historique avec lequel nous sommes confronté, est aussi les leurs. Ou auraient-ils changé de peau et d´âme ? Mais nous admettrons aussi que tout le monde n´est obligé de s´aligner sur notre point de vue. Même pas le professeur Achille Mbembe. Shaka Bantou
Publicité