Comment sortir de ce piège utilitariste et méprisant ?

Le Congo : l´élite incapable en déni de devoirs ?

La façon intelligente de maintenir la passivité des gens, c’est de limiter strictement l’éventail des opinions acceptables, mais en permettant un débat vif à l’intérieur de cet éventail - et même d’encourager des opinions plus critiques et dissidentes. Cela donne aux gens l’impression d’être libres de leurs pensées, alors qu’en fait, à tout instant, les présuppositions du système sont renforcées par les limites posées au débat.   Noam Chomsky

L´affaire Kanambé alias Kabila au Congo est des plus abracadabrante : il faut se faire à l´idée qu´un étranger du Rwanda présenté par le putschiste Kabila comme étant son fils va, sans autre vérification préalable ou même approfondissement de ses allégations, être investi de la haute magistrature du pays de Patrice Lumumba.

Et comme Kabila qui n´avait aucune notion ni politique ni économique, et encore moins organisationnelle, il va jeter les uns contre les autres, lever campagne contre des innocents, entremettre, violer, assassiner pour vendre au mieux ce pays qui, rappelons-le, n´était pas le sien, à qui le voulait.

La honte et le choc du réveil actuel qui traverse la classe politique congolaise est des plus gênante : elle a été prise, dans toute cette affaire qui dure depuis 1998, en flagrant délit d´incapacité de protéger, de promouvoir, et de défendre les intérêts supérieurs de la Nation, l´inviolabilité de ses institutions, l´intégrité de son peuple. Et ce coup de faux rwandais gouvernant à Kinshasa était tellement cousu de fil blanc qu´on se demande si l´élite politique congolaise en place ne s´en foutait pas de son peuple et de ses institutions, si elle ne prenait pas garde à être ridiculisée à ce point.

Cette élite serait-elle atteinte de la maladie du sommeil, serait-elle bête et aveuglée à ce point que les instruments du pouvoir congolais lui étaient complètement égal ou sans valeur ? Qu´est-ce qui a bien pu creuser ce fossé de manquement au respect de la souveraineté de l´Etat, de leur Etat, pour qu´ils l´abandonnent sans le moindre remord à un charlatan qui va alors entraîner le pays dans une saignée irresponsable lui coûtant 5millions d´âmes  ? Qui pourra nous dire un jour que ces « je le connais »

Avaient été regardants et méticuleux dans leurs devoirs envers les leurs ? S´agissait-ils seulement de déficit intellectuel ou pouvait-on dire que la fameuse classe politique congolaise n´était rien d´autre que des instruits plus formés qu´intelligents ou doués dépassés par la teneur et le contenu des devoirs que leurs propres ambitions, le peuple, la Nation attendait d´eux ? Selon toute vraisemblance, il est plus facile de vouloir rouler en Mercedes, de porter des titres parlementaires ou ministériels que de s´acquitter valablement de son devoir. Et plutôt que de se présenter aux élections sans la moindre idée de ce que c´est que le pouvoir, sa fonction, ses obligations, ils feraient tous mieux de reconnaître qu´ils n´étaient pas à la hauteur, et nageaient tout simplement. Au lieu de remplir leurs devoirs, il s´agissait plutôt de vivre grassement au compte du peuple en lui vendant des services sans valeurs, qui ruinaient ses intérêts et son avenir plutôt qu´ils ne la défendait.

Admettons un seul court instant que cette « élite congolaise » a été, par un méchant concours de circonstance, trompée et abusée. Comment expliquer que personne ne se soit levé pour défendre la paix et la réconciliation nationale, plutôt que de lever des armées d´enfants et de guerroyer contre tous, au lieu d´écouter leurs doléances et rassembler plutôt qu´incriminer et abattre ? Si déjà un nommait une fille Tshombé au gouvernement tout en sachant que son père avait activement participé à l´assassinat de Patrice Lumumba ; n´y avait-il pas assez de sagesse pour faire montre d´autant de largesse pour les autres ?

Avec un immense regret, nous avons déploré l´absence du conseil de l´église kimbanguiste dans tous ces remous armés qui ont baigné le Congo dans le sang inutilement, lui faisant perdre, il faut le dire encore une fois, 5millions de ses citoyens ! Nous aurions attendu de l´Eglise du grand et sage Simon Kimbangu que ses petits enfants se lèvent et se battent inconditionnellement pour la paix et le respect des institutions. Rien. Même de ce côté, rien ne semblait venir apporter la lumière de la foi et de la sagesse aux entreprises douteuses de séparer et d´ensanglanter notre beau pays. Quelle est donc le devoir d´une église telle que la kimbanguiste qui représente une des plus belle quête philosophique et religieuse sur cette terre, sinon de défendre la paix du pays de son prophète ? Suffisait-il de vouloir faire entendre aux israéliens que la clé de leur paix avec les palestiniens se trouverait à Nkamba ? N´est-ce pas jouer le génie chez les autres en négligeant son devoir à domicile ? Apparemment tout marche à l´envers, au Congo ; et le pire est que ceux qui devaient déjouer ces criminelles et viles entremises, se taisaient ou n´exerçaient pas leurs devoirs. Le peuple congolais serait-il abandonné à lui-même, mal aimé, voué à toutes les méchantes turpitudes de l´impérialisme occidental dont quelques éléments congolais dangereux, cupides, immoraux et irrespectueux de leur propre peuple assistaient ?

Pour comprendre ce qui se passe au Congo, de la cupidité occidentale sur ce pays, il faut non seulement se mettre à la vue que le Congo est immensément riche en matières premières. Et l´une de celle qui a réveillé les guerres actuelles entre le Rwanda et Congo par personnes interposées est celle du Coltan. Ce minerai très prisé dans les télécommunications (portables, satellites, télécommunications) n´est trouvable qu´au Congo, précisément au Kivu, à Bukavu. Il est radioactif et nécessite beaucoup de précaution pour l´extraire ; ce que beaucoup de cupides paysans et arrivistes analphabètes ne tiennent compte, et s´en trouvent vite irradiés. Les américains ont jadis poussé, par Collin Powell alors secrétaire d´Etat aux affaires étrangères, le Rwanda à leur livrer ce minerai, tout en sachant que ce pays n´en était pas le détenteur ! Ceci a poussé l´envahissement de l´Est du Congo pour permettre la piraterie et l´exploitation illégale de ce rare minerai, ainsi par ailleurs que l´or qui est regorge dans la région. Les élites congolaises cupides et scandalisées se jetèrent elle aussi dans le bradage, et firent avec des sociétés étrangères des contrats d´exploitation et d´armement. L´illégalité, la précarité du pouvoir, la mauvaise foi tout cela fit le reste. Au détriment de l´intérêt supérieur du peuple congolais et de son avenir.

La crise internationale actuelle qui se caractérise par une décroissance économique occidentale, par un endettement effarant des pays industrialisés occidentaux, un chômage étouffant, et devant la montée industrielle chinoise et indienne qui menace sensiblement l´hégémonie blanche, celle-ci veut s´assurer des matières premières. Elle craint en effet que celles-ci ne lui soient plus accessibles lorsque la Chine aura dominé la scène industrielle et financière internationale. Primitive conception de la convivialité que cette vision patrimoniale des matières premières. En désespoir de cause, l´occident veut retarder l´industrialisation des adversaires, ou du moins s´approprier de moyens de pression et de chantage économiques qui lui permettraient, le cas échéant, à s´ouvrir des privilèges sur le marché chinois. Par ailleurs, les belges, les français, les allemands et les américains essaient de compenser leurs pertes de ventes actuelles en se mettant à la tête des marchés des matières premières. Tout ceci est d´une géopolitique plutôt primitive et inculte que paisible et responsable. D´ici à 2037, et déjà à partir de 2007, pour l´occident commence une épisode trouble qui verra son irréversible déclin. Et devant ce danger imminent, au lieu de réparer les erreurs de son hégémonisme financier et économique racial, de mettre à jour un capitalisme borné et partial à domicile, l´occident se centralise, radicalise en mécanisant et en rationalisant sa production. D´où un chômage inconvenant et plutôt coûteux autant pour la démocratie que pour les économies nationales.

Au lieu d´investir dans l´industrialisation du tiers monde et surtout de l´Afrique, l´occident se cantonne dans ses anciens privilèges dépassés et rétrogrades ouvrant sur une simple mainmise qui leur permettaient de profiter de tout et de tous sans avoir à rendre compte d´une quelconque responsabilité que ce soit. Vive le capitalisme irresponsable et égoïste ! Les temps avaient pourtant changé. On ne peut pas à la fois être au four et au moulin : à la fois empêcher les africains de se développer en les étouffant et en les pillant, produire à l´excès au dessus de ses propres besoins, et ne pas vouloir accepter quelque responsabilité que ce soit dans les conséquences de tous ces agissements volontaires. Ce n´est pas seulement de la fausseté ; c´est de la pire sournoiserie. Pire encore étaient les cris de liberté t de démocratie dont on abreuvait le monde pour l´aveugler d´inepties. Cette fameuse liberté et cette démocratie n´avait-elle pas mis Cuba depuis plus de 40 ans en embargo perpétuel devant les yeux du monde entier ? Robert MacNamara, secrétaire à la défense des USA de 1961 à 1968 ne disait-il pas : "Les Etat-Unis eux-mêmes, par leur tendance croissante à agir de manière unilatérale et sans respect pour les préoccupations des autres, est devenu un état voyou." (Robert MacNamara  l’International Herald Tribune, 26 juin 2000).

On le voit ce ne sont pas des nations qui, dans l´histoire, se sont révélés comme des criminels de grands chemins qui auraient inventé la liberté et la démocratie pour l´apprendre aux autres. Et si on parlait de civilisation ou de culture civilisée, on ne devait pas croire que faire l´esclavage, assassiner des peuples entiers pour leur voler leurs terres et leurs biens étaient les grandes vertus de l´humanité. Et rouler en voiture, voler en avion, lancer des satellites en orbite autour de la terre, que cela suffisait pour qualifier l´humanité et l´homme civilisé. La liberté ou la démocratie, ainsi par ailleurs que la civilisation ne pouvait pas se défaire aussi grossièrement de la morale, de l´éthique humaine ou du respect des droits des autres et de leurs libertés pour aller missionner pédantement de par le monde. Non, la liberté, la démocratie, ou même la civilisation ; c´est bien autre chose, c´est aussi une question de bon sens et d´équité.

A l´occasion des prochaines élections qui vont avoir lieu en Juillet, le peuple congolais, puisqu´il s´agit de lui, de son avenir, de ses intérêts, doit savoir s´exprimer sans le moindre doute quant à ses désirs, ses intentions, ses attentes, et choisir des représentants qui ne l´emmènent pas dans le débâcle, la guerre civile, le désordre, la misère et la pauvreté comme c´est le cas aujourd´hui. Il doit se mettre au travail rapidement pour réaliser librement et souverainement les rêves, les désirs et les attentes de tous. Croire que quelqu´un le fera à notre place est une belle illusion que nous ne connaissons que trop bien. Ces occidentaux qui viennent chez nous, ils n´en veulent qu´à nos matières premières; notre sort leur est bien égal. Il est grand temps que nous le comprenions Et agissions en conséquence. Pour le bien de nos femmes et de nos enfants, et pour un avenir libre, paisible et florissant.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

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