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13 janvier 2007

L´Afrique face à l´aliénation, à la modernisation, à la cacophonie

Libérer l´Afrique ou libérer l´africain afin qu´il prenne et exerce consciemment ses responsabilités face à son historicité, à son avenir ?

Guérir la psychopathologie de la stagnation, celle de l´arrivisme des incapables et des illuminés ; moderniser l´Afrique ou moderniser l´africain ?

« L´existence précède l´essence » Joseph Joubert

Avant propos

Le problème que Joubert n´a pas évoqué, dans cette citation, mais qui est cependant, pour tout esprit contemporain réfléchi et sans complexe, perceptible, est celui de la qualité des moyens employés lors de la constitution ou de l´organisation et de la mise en œuvre de l´existence. Parce que, qu´on le veuille ou non, cette base influera sur la prochaine étape de l´essence. Que ces deux étapes soient distinctes ou non l´une de l´autre. Et disons-le franchement, celui qui prétend que ces deux étapes se distinguent absolument se trompe. A notre avis elle s´entrecoupent et s´influencent l´une l´autre, avec, dans le meilleur des cas, une plus grande jouissance de l´essence. L´essence existe donc immédiatement conjointe à l´existence humaine ; c´est sa floraison qui nécessite un certain niveau de bien être et développement existentiel. Ainsi, si au départ les moyens employés pour atteindre certains buts de production et de bien êtres sont immoraux, criminels ou de petite vertu ; à la jouissance de l´essence, ces maux y perdurent leurs vices et leurs cruautés. C´est pourquoi, je suis d´avis qu´il faut, autant que la conscience sociale et politique culturelle d´une société s´en interroge, chercher à trouver et appliquer des formules et des solutions sociales qui respectent le plus possible l´équité et la justice à court et à long terme. C´est le seul moyen de préserver la paix sociale et cultiver une morale et une éthique réellement démocratique. Car des erreurs, il y en a toujours, mais il n´y a pas de saine raison à ce que ces erreurs deviennent une logique dont on se réclame pendant que des générations d´innocents seraient brimées et désavantagées par ses visibles effets néfastes.

J´ai tenu à faire cette précision parce qu´elle nous permet de ne pas nous égarer dans ce qui suit, et parce que logiquement l´intelligence, le progrès ou la modernisation sont des essences, des motivations qui ne sont pas tombées du ciel ; elles sont le résultat culturel d´application, d´intentions et de volontés humaines tendant à réaliser une forme, une logique, un sens précis de vivre qui résout mieux nos contractions existentielles pour ouvrir à une meilleure célébration de l´existence. Une mère (et ceci s´applique aussi à la nation, au peuple, à la culture) qui serait mal nourrie pendant la grosses ou pendant l´allaitement de son enfant, influe négativement sur la santé prochaine de celui-ci. Et c´est d´autant vrai que certaines maladies de la mère en grossesse sont dangereuses pour son enfant.

L´Afrique est la patrie de ceux qui savent l´aimer, chérir et épanouir ses rêves et défendre résolument son avenir .

Maintenant il est clair où je veux en venir à propos de l´Afrique : croire que l´africain et son continent sont deux choses distinctes est peut-être pratique et réel pour l´individualité de la personnalité africaine de tout un chacun, mais lorsqu´il s´agit de développement, de moyens sociaux de réalisation ; et même si on croit que cette relation se résout à l´image de l´enclume et du marteau, l´un n´est que le reflet de l´autre. Parce que l´un est le produit de l´autre, même si ce produit n´est pas fini au sens définitif du terme ou instruit en occident, comme c´est quelques fois le cas. Deux erreurs sont couramment faites en ce moment : celui des élites dévoyées et corrompues de la francafrique qui se réalisent au dehors de leur culture en consommant et en défendant la politique et les produits étrangers ; et au lieu d´investir dans l´amélioration et la promotion des leurs, de ceux dont ils représentent le pouvoir et la légitimation, tout en feignant ceci, ils font plutôt cela. L´autre erreur est aussi faite par ceux dont on entend les cris cacophoniques prétendant : « nous voulons que l´Afrique redevienne l´Afrique ! » On ne sait pas ce qu´ils veulent entendre par là. Complexe de pyramides et d´archaïsme dépassé face à l´incapacité de maîtriser le marasme actuel, à motiver le continent plus loyalement à sa véritable réalisation ? Ou était-ce, en désespoir de cause, une façon comme une autre de dire ou de reconnaître son incapacité à moderniser et industrialiser ce continent – du moins à en actualiser efficacement ses paramètres sociaux afin que sa propre culture, ses propres besoins et attentes s´organisent et se défendent autour de véritables moyens de promotion et de défense. Pour le grand bien de son avenir  – et ainsi, ces messieurs ne sachant pas courir contre la pression et l´influence occidentales capricieuses et étroitement unilatérales, préféraient un monde arriéré (absolument par rapport à la culture et la civilisation européenne d´aujourd´hui), lent de connaissance et de progrès dans lequel ils pourraient, comme dans un vase d´eau tranquille, appliquer leurs « africanités » à loisir. Avec, selon eux, plus de chance de réussite ou d´éclat. L´africanité, l´afrocentrisme, le pan africanisme, tous ces notions, ces concepts restés jusqu´à ce jour vides de substance et de réelle victoire économique étaient devenus des actes d´accusations, plutôt que des buts poursuivis et fermement entrepris. A qui la faute ? L´occident, bien sûr ! Entendait-on, mais cela n´est vrai qu´en partie ; ne faut-il pas mettre sur le compte des africains leurs incapacités à se défendre autrement qu´en s´aliénant ou en jouant au suiviste castré et d´imaginaire écourté ? Ou alors on rencontrait ces rétros avant-gardistes illuminés des gloires et royaumes éteints du passé. Dieu cette cacophonie du mensonge et de l´irréalisme ! En Afrique, semblait-il qu´au pays des borgnes, les aveugles étaient devenus de grands seigneurs.

Qui donc gouvernait l´Afrique si ce n´étaient les africains ? Qui avait donc participé au meurtre de ses propres élites conscientes et ambitieuses avant ou après l´indépendance francafricaine ? Qui n´instaurait pas l´éducation et l´instruction publique obligatoire pour lutter contre l´invasion de l´ignorance et de l´illumination gratuites sur ce beau continent ? Qui donc se laissait corrompre, consommait étranger au lieu de promouvoir et défendre ses propres produits ? Qui se laissait déjouer par l´occident qui se parait de barrières douanières pendant qu´avec le lait, le sucre... etc, ils faisaient dumping sur nos marchés ou y déversaient leurs excédents industriels et agroalimentaires ? C´est toujours plus facile d´accuser les autres quand les élites africaines actuelles nageaient dans la traîtrise et l´illumination incapable !

Les conséquences,  on ne voulait pas les accepter ou alors on se refusait à changer de comportement ou de politique…on préférait alors crier du bout des lèvres de son africanité ou de sa peau noire, plus pour tromper le sentiment d´impuissance et d´incapacité qui grondait en soi, que de vouloir réellement changer les choses. Ce genre de beaux menteurs, de faux nationalistes ou d´africains du dimanche continuaient à rouler en limousine étrangère, à se faire soigner en occident, à aider la francafrique à piller et détrousser l´Afrique en toute largeur…tout en affirmant défendre l´avenir de l´Afrique et des africains ! On se croirait au cirque illuminé des modérés, des affranchis de la conscience et du devoir, des faux amoureux du passé qui ignoraient le présent et niaient l´avenir, des…

Et pourtant, souveraine et plus africaine que jamais, l´Afrique, elle continuait à être ce qu´elle a toujours été : une terre brûlante d´amour, affamée d´espoir et de soupirs trop souvent inassouvis. Ses beaux enfants avaient beau la quitter, la trahir, méconnaître sa grandeur et ses valeurs ; elle se refusait cependant à les renier, car c´étaient les siens. Un jour peut-être ces parvenus et égarés se rendraient-ils compte de leurs erreurs, et peut-être qu´alors les choses changeraient. Mais quand ? Elle fermait les yeux et priait en silence que ce soit pour bientôt.

Amis lecteurs de Réalisance, j´espère avoir touché votre cœur ; je le fais en pensant à ces milliers d´enfants qui meurent chaque jour en Afrique, à ces intellectuels qui quittent leur terre natale pour émigrer en occident, à ces femmes qui vendent leurs corps en Europe (en 2000 elles représentaient 7%, en 2005 40% !). Quand je ferme parfois les yeux et revois le délabrement et la désolation dans l´arrière pays africain…c´est à peine si on peut se demander : tous ces champions du passé, ces champions de l´étranger, ces traîtres et ces vendus de la francafrique…n´avaient-ils pas vu ces larmes…n´avaient-il pas été effrayés par cette soif éperdue d´être qu´on lisait depuis des décennies sur les visages de leurs propres frères et sœurs ? Etait-ce le talent à les défendre et les épanouir ou celui à aimer leur devenir qui faisait défaut ?

Même si on prend en compte que l´Afrique, et ce depuis plus de 12 siècles, a été envahie successivement par les hordes islamiques et chrétiennes ; ce qui se passait aujourd´hui sur ce continent, loin de réparer les erreurs et les abus du passé, et au fur et à mesure que les autres pays et continents se développaient, n´affaiblissait que d´autant les chances de ce continent à rendre justice à ses propres enfants. Parce que tous les nouveaux venus devenaient voraces, envahissants, étouffants non seulement en nous contraignant à consommer leurs produits et les déchets polluants de leurs cheminées d´usines, mais aussi en consommant nos matières premières comme si elles poussaient chaque année dans la nature. Ces diamants et ces richesses qui ornaient le cou des autres plutôt que celui de nos enfants et de nos belles femmes, ce n´était ni juste ni normal.

Et n´en déplaise aux attardés, aux déphasés, aux endormis, aux traîtres, aux incapables…mais aussi à ces entrepreneurs méconnus et acculés qui luttaient désespérément contre les produits importés qui les appauvrissaient eux et leurs employés ; l´Afrique fait partie de ce monde et ne pourra pas s´en isoler. Il serait grand temps qu´on cesse de s´illusionner ; ses enfants doivent apprendre à lutter pour leur liberté et leur réalisation, aujourd´hui encore plus ferment qu´hier. C´est le sens de l´histoire qui le veut, et la poussée impressionnante qu´exercent les autres sur nous. Peut-être devrions-nous commencer à l´accepter, et cela veut aussi dire : définir notre liberté et notre réalisation avec toute notre entière et sincère motivation. Car alors nous rendrons-nous compte de ce que nous voulons réellement. De ce que nous nous souhaitons réellement à nous et à tous les nôtres. Et peut-être saurons-nous alors ce qu´il y a lieu de faire afin que nos rêves prennent contour et se réalisent demain. En tout cas, comme le train est parti, en ce moment, il n´y a pas de raison de croire au paradis. Sommes-nous encore africain ? Si oui, qu´est-ce que cela veut dire, que diable ? Mourir de faim et d´apathie...et rêver d´un passé encore plus sombre ? Surtout ne pas pleurer, hein...! La fierté d´être ce qu´on est, on ne la célèbre pas en crachant du sang, ou alors on n´a aucun sens d´identité. Le passé, ne l´oublions pas, ne s´envole pas; le présent par contre est fragile et immédiat. Quant à l´avenir...il faut bien commencer à l´engranger le plus rapidement que possible, n´est-ce pas ? Ou tombera-t-il du ciel ?

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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