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23 janvier 2007

Le HipHop se meurt-il ?

Trop souvent imité sans comprendre son esprit, abusé, mal digéré et finalement rejeté sans avoir épuisé son contenu ?

Ce mouvement culturel serait-il à la recherche de son âme authentique, profonde, véritable ?

La mort du HipHop : Ces derniers temps, on en parle beaucoup. Bien sûr, ce thème est lié au dernier album de Nas, « HipHop is dead », mais aussi à la situation du rap et du HipHop au niveau commercial et médiatique. Patrick Ifonge, fondateur de Forum HipHop, plateforme d’information et de développement de la culture HipHop donne son point de vue. http://www.forumhiphop.com/RHH/?q=node/596  Par P.I

Le HipHop est-il mort ? Il est difficile de répondre à cette simple question par un oui ou par un non. Ceux qui répondent oui ont, en partie raison, mais ont aussi en partie tort. Ceux qui répondent non, ont raison, d’une certaine manière, mais ils n’ont pas tout à fait raison non plus. Tout dépend de la manière dont on perçoit, comprend, interprète et vit le HipHop.

Oui, le HipHop est mort, en tant que musique. Hank Shocklee (Bomb Squad, Public Enemy) dit que s’il n’y a plus challenge, s’il n’y a plus de créativité, il n’y a plus du HipHop. Et bien, quand on regarde la télé ou quand on écoute la radio, voire même lorsqu’on lit les magazines ou journaux majeurs, on ne peut que constater la mort du HipHop. On tourne en rond, toujours les mêmes lyrics, toujours les mêmes types de vidéos, toujours les mêmes sons, toujours les mêmes têtes, toujours les mes artistes d’ailleurs… Tout cela aboutit une sorte d’overdose. Une mort par overdose en quelque sorte.

Oui, le HipHop est mort, en tant que musique, parce que les disques ne se vendent plus… Enfin, les ventes chutent, ça n’intéresse plus le public. Donc, sur cet angle là aussi, on peut annoncer la mort du HipHop. Tout a été dit et entendu. Oui, le HipHop est mort. Parce que tout le monde cherche à en profiter, mais personne ne cherche à le faire évoluer, ne veut en prendre soin. Un peu comme une vache qu’on ne nourrit pas mais qu’on ne cesse de traire. A force de ne voir le HipHop que comme marche pied, tremplin, bouée de sauvetage, ou vache à lait, justement, on l’a tué. Et les meurtriers sont beaucoup plus nombreux qu’on ne le pense. Les artistes, les producteurs, les labels, les promoteurs, les médias, le public, les institutionnels… tous ont contribué à sa mort.

Non. Le HipHop n’est pas mort. Tout simplement, parce qu’il n’est jamais né en fin de compte. Le HipHop a émergé. Le HipHop n’est pas quelque chose de tangible, de saisissable. C’est un état d’esprit, c’est une culture. Il est en chacun de nous, enfin ceux qui sont HipHop. Tant que nous sommes là, tant que nous serons animés par l’esprit HipHop, tant que nous serons soucieux de la culture HipHop, le HipHop sera là. Si tu prétends être HipHop comment le HipHop peut-il être mort ?

Non, le HipHop n’est pas mort. Parce que le HipHop ne se limite pas à ce que vous entendez à la radio, ni à ce que vous voyez à la télé, ni à ce que vous lisez dans vos magazines ou journaux. Le HipHop continue d’être créatif, original, diversifié, il suffit de faire l’effort de le découvrir. Il faut juste arrêter d’être attentiste et d’attendre qu’on vous apporte cela sur un plateau. Si les menus dans les restaurants auxquels vous allez sont toujours les mêmes, cela ne veut pas dire que les cuisiniers sont morts, qu’ils n’ont plus d’inspiration, ou qu’ils s’épuisent. Ca veut juste dire qu’ils sont payés pour préparer ce qu’ils vous proposent et si vous voulez autre chose, changez de restaurant ou préparez vous-même… Avec le HipHop, c’est pareil aujourd’hui, d’une certaine manière.

"Le problème est que beaucoup ont pris le train du HipHop en marche, et, pour différentes raisons, ne cherchent pas à savoir  d’où le train est parti, quel trajet il a pris et se permettent même maintenant de vouloir conduire le train. Comment voulez-vous avancer dans ce cas ? comment vous rendre compte que vous tournez en rond ou que vous reveniez en arrière si vous ne saviez pas par où est passé le train avant que vous ne montiez ?"

Le HipHop n’est pas mort. Ce serait faire preuve d’ignorance que de dire que le HipHop est mort alors que partout dans le monde, des individus, des associations, des structures vivent le HipHop et le font vivre au quotidien sous la forme de concerts, de festivals, de workshops, de débats et d’autres encore travaillent à sa transmission et à sa préservation. Le HipHop ne s’arrête pas à la musique encore une fois.

Le HipHop n’est pas mort. Ce serait faire preuve d’ignorance que dire que le HipHop est mort alors que les productions estampillées HipHop ne se cessent de croître qu’il s’agisse de disques, de livres, de DVDs, de spectacles et autres merchandising. C’est clair que nous ne sommes plus dans les années 80 ou au début des années 90 où quand on disait HipHop, on se comprenait. Le HipHop est bien vivant, il faut juste faire un effort pour le trouver.

Pour en revenir à Nas, il faut surtout y voir de la provocation… je pense qu’il veut surtout attirer notre attention. Le HipHop est en danger, et si nous faisons rien, le HipHop que nous aimons va mourir. C’est de ça qu’il est en question dans « HipHop is dead ». Et là, encore une fois, il s’agit essentiellement de musique, soyons clair. Mais, c’est vrai aussi que la musique, qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, c’est le moteur, la vitrine de la culture HipHop.

Après, c’est sûr que le HipHop que nous avions connu dans cette période là, années 80 et début des années 90, n’est plus. On peut alors dire oui, il est mort, mais on peut aussi dire que le HipHop et le rap ont évolué tout simplement, tout comme les média et le monde économique dans leur perception et rapport avec le HipHop. D’un autre côté, c’est aussi cette évolution de la perception et du rapport au HipHop qui ont changé le HipHop. Et puis nous avons grandi aussi et forcement, d’une certaine manière, notre relation avec le HipHop a évolué.

Avant, il s’agissait d’être créatif, original. Il fallait sortir du lot. Le HipHop était une culture de créateurs, d’innovateurs, de trendsetters. C’est d’ailleurs drôle aujourd’hui, qu’il y ait des marques de fringues HipHop. Non pas que je sois contre, pas du tout. C’est juste que certains se contentent de s’afficher HipHop pour penser l’être comme s’ils portaient un déguisement. Avant par exemple, ce n’était pas les fringues qui étaient HipHop, c’était la manière dont tu les portais qui faisaient qu’ils étaient HipHop.

Avant, quand on te grillait en flagrant de délit de plagiat ou de crossover ou encore lorsque tu retournais ta veste, on te mettait à l’amende, tu te faisais traiter de sucker ou de sell out, tu étais mis au ban du HipHop… et c’était même parfois la fin de ta carrière. Aujourd’hui, tu es un sucker, tu es un sellout, c’est bien, tu auras la reconnaissance de l’industrie du disque et des média. Et le public ? La majorité aujourd’hui n’en se rendra même pas compte et s’en moque de toute façon.

« Si les menus dans les restaurants auxquels vous allez sont toujours les mêmes, cela ne veut pas dire que les cuisiniers sont morts, qu’ils n’ont plus d’inspiration, ou qu’ils s’épuisent. Ca veut juste dire qu’ils sont payés pour préparer ce qu’ils vous proposent et si vous voulez autre chose, changez de restaurant ou préparez vous-même… »

Il ne s’agit pas de nostalgie. Nous savons, pour certains d’entre nous, ce qu’est le HipHop. J’ajoute même que nous avons en mémoire ce qu’est le HipHop. Nous connaissons la culture, la musique.  L’essence du HipHop est toujours là, bien présente. Le problème est que beaucoup ont pris le train du HipHop en marche, et, pour différentes raisons, ne cherchent pas à savoir  d’où le train est parti, quel trajet il a pris et se permettent même maintenant de vouloir conduire le train. Comment voulez-vous avancer dans ce cas ? comment vous rendre compte que vous tournez en rond ou que vous reveniez en arrière si vous ne saviez pas par où est passé le train avant que vous ne montiez ? Voilà la situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés. Vous dites que le HipHop est mort, nous, on dit, nous sommes déjà passés par là. Comment pouvez-vous dire que le HipHop est mort si vous ne savez même pas ce qu’est le HipHop ?

Chacun est libre d’interpréter, d’apprécier, et de vivre le HipHop à sa manière. Mais, c’est une culture. C’est un ensemble de codes, d’expériences, de connaissances, de manière de penser et de voir le monde  qui se transmet par le biais de la musique, de la danse, du graffiti, des écrits, des discours. Ce n’est pas un objet avec lequel on s’amuse un moment et qu’on jette après. Le HipHop est un peu comme une torche qui se transmet à travers le temps et les zones géographiques. La torche n’est pas perdue, elle est toujours là, il faut juste aller la chercher et la mériter.

La mort du HipHop, s’il faut reprendre les termes, est annoncée depuis longtemps. Ce n’est pas nouveau. Déjà en 83, certains voyaient en  l’emergence de Run DMC, avec « It’s like that » and « suckers MCs », la fin du HipHop.  Ces gens là étaient ce qu’on appelait la Old School.  Et oui, en 1983, certains de la Old school prédisait la mort du HipHop à cause de Russel Simmons, manager du groupe et entrepreneur !! et aujourd’hui, pour d’autres, Russel Simmons est le God father du HipHop et Run DMC est des tous meilleurs groupes de l’histoire du HipHop. Bien sûr le HipHop n’est pas mort avec Run DMC mais il a changé d’ère.

Vers le milieu des années 90, on a aussi annoncé la mort du HipHop. Pas tant en raison des décès de Tupac et de Biggie smalls d’ailleurs. Non, le HipHop a été annoncé mort avec l’émergence de Puff Daddy en tant que dynamique du HipHop. Bien sûr une fois encore, le HipHop, n’est pas mort (vu qu’il vient de mourir maintenant, n’est-ce pas !!!). Nous sommes juste entrés dans une nouvelle ère encore une fois. Il y a eu d’autres alertes aussi entre temps, d’autres chroniques d’une mort annoncée, comme au début des années 90s avec l’émergence de la West coast/G-funk avec Dr Dré, comme encore au début du nouveau millénaire avec Master P et l’émergence du rap du « dirty » south au premier plan… Aujourd’hui, c’est encore une mort annoncée, une autre mort annoncée ;-)

Comme je l’ai souligné, chaque mort annoncée du HipHop marquait finalement son entrée dans une nouvelle ère. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est du déjà vu, en quelque sorte. Cependant, il est temps d’en prendre conscience, de tirer profit des expériences passées, de nous appuyer sur  notre riche histoire commune et nos relations particulières avec cette culture, afin d’amorcer la naissance finale du HipHop (ou la HipHop, c’est comme vous le sentez). Ce que je veux dire par là, c’est que le HipHop, ce n’est pas rien, ce n’est pas n’importe quoi : Plus de 30 ans, après son émergence, le HipHop a démontré sa pertinence, sa pérennité, sa créativité et sa validité (à la fois, artistique, culturelle, sociale, mais aussi politique, économique et commerciale). Le HipHop a des bases, des principes, des modèles de réussite et d’échec. Nous sommes aujourd’hui capables de dire ce qui est HipHop et ce qui ne l’est pas. Nous devons désormais prendre position. C’est dans ce sens là, qu’il faut comprendre « naissance finale ». C’est le moment. Nous ne pouvons plus nous permettre de tourner en rond, et de laisser les autres dire ce que nous ne sommes pas.

Nas a réussi à attirer notre attention à tous sur l’état du HipHop. Maintenant qu’allons-nous faire ? Qu’allez-vous faire ? C’est dans ce sens là aussi qu’il faut comprendre «naissance finale du HipHop ».  Où et comment allez-vous vous positionner ? C’est ce que Nas nous reproche d’ailleurs. Peu de gens prennent leurs responsabilités, et devoirs par rapport au HipHop en fait. Ce n’est pas un hasard si dans le refrain du morceau « HipHop is dead », Nas veut s’en prendre aux DJs « Roll to every station and wreck DJs ». Ce n’est pas étonant non plus que DJ Premier s’en prenne régulièrement à ces mêmes DJs (notamment dans « The Owners »). Les DJs représentent un problème évident. Parce que les DJs sont les transmetteurs originaux de la culture, les DJs sont les acteurs originaux de la culture HipHop et le fait est que la plupart des DJs ont abandonné leurs postes et fui leurs responsabilités. Ils sont devenus des Tatayets et des robots comme dirait DJ Premier. DJs, assumez votre position dans leur culture HipHop !

Oui les DJs, mais le problème se limite pas aux DJs, les MCs, les labels, les producteurs, les média, le public, tous, sont concernés. Parce que si le HipHop venait à mourir, les suspects seraient bien nombreux… Mais n´est-ce pas un autre débat ?

"La Naissance finale du HipHop" est un article du magazine La Voix du HipHop #3.

Patrick Ifonge
"Il faut choisir : Se reposer ou être libre" - Thucydide

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Commentaires
S
Certes quiconque a réussi a droit à fêter sa victoire ; personne ne le conteste. Et c´est lorsque cette victoire a été arrachée en sortant des ténèbres repoussants de la pauvreté, de la misère, de l´inculture la plus sombre qu´elle n´en devient que plus précieuse. Mais ne pas dominer l´euphorie envahissante qu´elle provoque pour la canaliser vers une meilleure fortification de l´avenir…c´est mettre en danger cette même réussite. Passe encore qu´on se donne des dents en or, qu´on se pare de lourdes chaînes en or qui rappelait à s´y méprendre les chaînes de l´esclavage, passe encore qu´on s´achète des montres serties de diamants, ou des limousines coûteuses et extravagantes ; tout cela semble faire partie des « allures » que veut afficher tout parvenu de par le monde ; on oublie cependant que tous ces bibelots sont fabriqués par la partie conservatrice de la société. On offre donc son dur et précieux capital à ceux qui ne croient pas au HipHop. Et c´est visible quand ces conservateurs délogent ou renvoie au chômage : c´est simple, le HipHop se retrouve à court de clients, du moins de consommateurs parce qu´ils sont à court de moyens. <br /> <br /> Si aujourd´hui on parle de satiété, de la mort du HipHop, c´est surtout parce que par fixation musicale due à un manque de diversité, le tout arrosé par un culte exagéré de l´idolâtrie qui ne profitait qu´aux producteurs rapaces, la qualité et le talent restaient de plus en plus de côté. Pourquoi ne pas produire des services de tables, des instruments de musique sous ce label ? Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas investir dans les industries accompagnant la musique, par exemple, pour se diversifier, et par-là consolider ses gains et son avenir ? Beaucoup de questions. Qu´a-t-on vu cependant…un m´as-tu vu délirant, quasi insultant au bon sens et à la retenue. A croire qu´il est plus facile de sortir du ghetto que de se débarrasser de son odeur rance, de ses illuminations aveuglantes. A la fin, on perd ses moyens et on revient au même point de départ. Un syndrome qu´on connaît bien chez tous ceux qui sont sortis ou ont réussi en sortant de milieux et de conditions défavorisées. La pauvreté, c´est connu, ça colle à la peau et torture son homme ; surtout si on n´a pas appris à dominer ses instincts. <br /> <br /> Ce que je reproche à ce mouvement socioculturel, c´est d´avoir les meilleures ambitions du monde, mais de ne pas accepter de s´organiser en conséquence pour épanouir la plus belle expression réelle de ce mouvement. Et cela commence par le niveau d´intelligence sociale qu´on met en jeu pour parvenir à ses fins. Et naturellement défendre plus tard ses acquis. Tant que le niveau de prestation restera bas et attelé au court terme, à la dépense irréfléchie, ce mouvement manquera de solide diversification ; ce qui lui aurait permis d´aller plus loin que la musique tout court. Bon Jovi est musicien, cela ne l´a pas empêché d´être aussi une marque VW !<br /> <br /> A la fin, je crois que si les conservateurs gagnent toujours, et se moquent de leurs victimes du ghetto, c´est parce que ceux-ci n´arrivent que trop difficilement à voir plus loin que leur nez, et se laissent duper en investissant dans des bibelots qui enrichissent leurs geôliers de jadis. Et ces derniers, de fortune en fortune, n´en deviennent que moins flexibles ou accessibles aux incessantes incitations au changement. Never change the winning politics, disent-ils, suffisants. Il faut savoir ce qu´on veut, ou alors on n´a pas compris les cris de son propre coeur. Cette crise actuelle a-t-elle avoir quelque chose avec la couleur de peau ? Je ne le pense pas ; mais croire aussi que c´est du pur hasard que ce sont les noirs qui font la majorité du Ghetto est faux. Je pense plutôt que cela veut tout simplement dire qu une chose est d´être musicien, autre chose est de conduire les rênes d´un mouvement culturel dont cette musique, le HipHop n´est qu´une de ses expressions. Shaka Bantou, j´ai dit !
M
Je te remercie, Patrick pour tes éclaircissements.<br /> Mais subsiter aux temps, cela ne va pas sans s´organiser, s´affermir et s´émanciper de ses propres faiblesses et erreurs pour mieux vaincre les obstacles; cela ne veut pas nécessairement dire faire de la politique active. Tout être humain conscient est un être politique, mais bien peu s´y connaissent en politique. Et je pense que les lecteurs ont pu apprécier que le HipHop n´est pas seulement une partie de sauteries, de musique et d´aveugle contestation; mais qu´il représente un mouvement culturel sociologique convoyant des valeurs, des attentes et ambitions de générations ambitieuses qui aspirent, de par le monde, légitimement à un nouveau courant socioculturel. Espérons que ce mouvement aie bonne main et s´ouvre, au delà de son succès artistique actuel et de sa renommée, la chance de se réaliser pleinement, plus largement. Parce que la profondeur économique créative, c´est le seul moyens d´atteindre des buts élevés. Amitiés. Musengeshi Katata. Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
E
Je pense avoir répondu à cela dans un article disponible sur le site forumhiphop.com :<br /> <br /> <br /> Qu'est-ce que le HipHop?<br /> http://www.forumhiphop.com/RHH/?q=node/166<br /> <br /> "La force politique du HipHop, c’est ça, Il a redonné de la confiance, de l’amour de soi, un sentiment d’exister et d’être quelqu’un à une certaine catégorie de gens. Il leur a aussi redonné une voix. C’est en soi, un acte politique fort.<br /> <br /> Maintenant que nous avons relevé la tête, nous devons regarder devant nous, derrière nous et autour de nous, pour avancer et faire en sorte de garder la tête haute. Et je pense que ce n’est que maintenant que nous pouvons faire ce travail. Le HipHop est désormais arrivé à maturité, nous avons en outre, derrière nous, l’histoire et les expériences des aînés, à nous désormais de faire en sorte qu’on représente aussi une force politique et pas uniquement une masse de consommateurs et une communauté de cas sociaux et d’animateurs socio-culturels. <br /> <br /> Cela dit, être une force politique, ça ne veut pas dire que le HipHop doit devenir un parti politique, et d’ailleurs parti de quoi, un parti HipHop? et avec qui? le HipHop est aussi hétérogène que la population qui s’en revendique. Nos parcours sont différents et nos origines sont différentes, ce qui crée des différences dans les perspectives et sensibilités politiques de chacun…Non, ce qui va faire du HipHop, une véritable force politique, ce sera sa capacité à créer des opportunités pour les siens, sa capacité à faire émerger une communauté et un réseau économiques autonomes."
M
Je souhaite vivement que le mouvement HipHop aie conscience de sa problématique actuelle, parce qu´il en va de valeurs profondes qu´elle défend. Et à propos de celles-ci, il ne s´agit, certes pas de réaliser un idéal américain quelconque, j´en suis conscient, n´oublions pas que ce fameux idéal a été entaché par l´extermination des indiens d´Amérique, par l´esclavage, et justement par les suites sociales et économique que décrie le HipHop. Mais il ne faut pas oublier que c´est en Amérique que ce mouvement qui est aussi africain a commencé et exprimé ses racines. Ce mouvement est sans conteste le plus grand du monde et celui qui lutte pour des valeurs universelles de reconnaissance, d´équitable et légitime droit à la réalisation sociale individuelle, à la tolérance. Et cependant, émanant du Ghetto et ayant été pressenti et mis sur pied par des autodidactes afro américains enfermés dans le piège social américain blanc de la musique, du sport, de l´entertainment tout court ; il souffre, comme toutes les entreprises afro d´un manque criant d´organisation et de rationalisme économique orienté. Au delà d´un succès sans précédent dans l´histoire de mouvements culturels de l´histoire humaine, et surtout si ces mouvements venaient de clans des exclus et des oubliés pour laissé de compte, ce mouvement doit cependant, et c´est ma profonde conviction, se nantir de l´aide imaginaire et créative d´une ferme organisation intellectuelle afin justement que ceux qui sont en bas puissent être aidé, financé, conseillé. Pour le bien non seulement de l´idéal défendu par le HipHop, tant afin d´épuiser la large palette d´expressions sociales traditionnelles qui s´ouvre à ses pieds, que celle de ses propres apports. Pécunia nervus rerum. L´argent est le nerf de toute chose. Je considère qu´y a malus et naïveté quand les mêmes maisons d´éditions musicales qui méprisaient le HipHop se soient aujourd´hui arrangées pour vivre de ses substances sans les réinvestir dans le fleurissement du mouvement, dans son avenir ou même de participer à ses œuvres sociales. Beaucoup de créateurs HipHop ont compris cette iniquité en fondant leurs propres maison d´édition et de promotion. Mais le Hip-Hop, encore une fois, ce n´est pas seulement la musique ou une certaine façon de s´habiller et de danser. Ce mouvement doit, s´il veut prouver qu´il est profond et fructueux, non seulement savoir promouvoir ses meilleurs talents, mais aussi se gérer avec un économisme organisé et visionnaire. Et surtout sortir de la peau de chagrin qui lui a été affligée, et c´est dire prouver et étendre sa créativité dans la cinématographie, l´industrie de production et d´esthétique de biens de consommation, la littérature…etc. Ce mouvement en a les talents et le potentiel, parce que justement il représente ceux qui furent refusés ou enfermés, repoussés à l´exclusion. La grande question n´est-elle pas : ces gens ne brûlent-ils pas de montrer ce dont il sont capables ; de réaliser ces désirs et ces cris douloureux de refus de créativité qui les animent, maintenant qu´ils en ont les moyens, ou du moins la chance ? Si n´est-ce pas ? Alors, pourquoi attendre ? Le monde entier se trouve à leur pied. S´ils laissent refroidir le gâteau, il ne sera demain pas aussi succulent parce qu´il lui manquera du cœur, or celui-ci, c´est bien connu est avide d´amour, de chaleur, de vitalité. Ne sont-ce pas les traits de caractère avoués du HipHop ? Je le pense bien. Musengeshi Katata. Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
E
Oui, que s'est-il passé avec le HipHop? C'est clair que le succès nous a aveuglé. Je dirai qu'il nous a endormi, plus qu'aveuglé. Et à vrai dire, il était facile de s'endormir. Facile de s'endormir quand on vient de si loin, quand on a jamais rien eu et que tout d'un coup, on a tout, on est célébré, récompensé, payé... Facile de s'endormir surtout lorsqu'il n'y a personne pour remettre dans le droit chemin et de vous faire garder les pieds sur terre. C'est un des problèmes que le HipHop a connu, culture jeune et orpheline de surcroit. Ce n'est donc pas de l'aveuglement, juste un assoupissement ;-) Beaucoup et de plus en plus d'entre nous ont pris conscience de cela et c'est dans ce sens que je parle aussi de renaissance de la culture HipHop.<br /> <br /> Ensuite, il y a une incompréhension sur le sens et l'essence du HipHop. Il ne s'agit pas de célébrer le rêve americain. Il s'agit de se rebeller contre un statu quo et de défier la réalité. C'est ça le HipHop... Le HipHop contrairement au rêve américain n'a pas une finalité individuelle mais une ambition collective ou solidaire. IL faut encore un peu de temps pour que les acteurs du HipHop en prennent compte... <br /> <br /> Le problème de la culture HipHop est le temps d'ailleurs. Nous sommes arrivés à maturité, et c'est cela qu'il faut retenir. Il était peut-être trop tôt de demander au HipHop de s'organiser, de s'autogérer, de prendre son destin en même... L'apprentissage est long et pénible mais il commence à porter ses fruits. C'est aussi dans ce sens qu'il faut comprendre le sens de Naissance finale.
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