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29 janvier 2007

Sur le rôle de la formation et de l´information en société

L´Afrique trépigne-t-elle parce que, notamment, elle néglige d´actualiser, de mobiliser ses ressources et ses vecteurs de connaissances pour son développement ?

Formation, information pour un réalisme de production

« On prétend faire des révolutions, en copiant et en pastichant mal - moyennant aussi l'ignorance d'un public hypercivilisé et néo-analphabète - les derniers grands moments de la culture occidentale. »  Cornélius Castoriadis

On peut définir sa liberté, son existence selon beaucoup de critères : selon le lieu ou la société où ont vit, selon ses moyens et ce qu´ils permettent, selon son intelligence ou sa sensibilité, ou encore selon ce qu´on considère comme étant un droit humain légitime (Ne soyons cependant pas obtus et considérons que le droit engendre ou est attenant à l´obligation, au devoir). Toutes ces définitions, pour peu subjectives qu´elle soient, sont toujours liées à leur praticabilité réelle, à leur assouvissement. Et en fin de compte, avant de jouir de quelque chose, nous devons d´abord le produire ; ce qui veut dire que la liberté ou l´existence sont aussi une définition, le résultat de la production et des formes ou principes de production. Ne pas produire ou être empêché à la production, dans ce cas, c´est se priver tout simplement de droit, de jouissance, de liberté.

L´Afrique se trouve dans un manque flagrant de production, n´en déplaise à ceux qui veulent faire croire aux africains qu´ils sont en manque de…consommation, d´équippements, d´identité ou même d´histoire ! Ces faussaires logiques sont nombreux et empressés à cacher ou à embuer la vérité. A quels buts ? Ce sont d´une part les élites fantoches et les gouvernements aliénés qui, pour jouir du pouvoir aliéné, s´empressent de légitimer ou légaliser les importations en armes, en bibelots de consommation de leurs souteneurs étrangers. Car ces derniers, eux, bien conscients de leurs devoirs de production, nécessitent des acquéreurs, et naturellement des sources bienveillantes de matières premières. Et plus ces acquéreurs sont isolés de leurs devoirs envers leurs peuples, dépendants, et plus ils sont corruptibles et influençables au possible à la cause de leurs protecteurs. Vive la francafrique ! Cette situation crée, pour tromper les attentes du peuple, outre un délaissement de promotion et d´organisation sociale (après tout, l´importation coûte cher, et ce n´est pas dans l´intérêt de l´emprise francafricaine que les nationaux se mettent à concevoir et à produire leurs propres moyens existentiels parce qu´alors, leur profit disparaîtrait), il dévoie aussi la logique sociale et la corrompt en la faisant tourner délibérément en rond. On assiste alors à un curieux phénomène de superficialité intellectuelle : le discours de la connaissance, au lieu d´aboutir à sa réalisation, ou du moins à chercher et entretenir un réalisme social débouchant sur la production et l´assagissement des besoins et des attentes, celui-ci s´abâtardit par des sentiers étroits, disparates et, en fin de course, plus dispendieuses d´énergie et d´effort que d´efficacité.

Les meilleurs journalistes sont muselés, si pas assassinés sans vergogne. Et ici je ne parle pas du faux journalisme des libertés, ainsi que les ONG des droits des hommes qui ont poussé comme de la mauvaise graine en Afrique. Cette variante très subtile cache, à mon avis, un beau mensonge selon lequel la liberté se fait en la réclamant verbalement. Quand commencera-t-on enfin à produire ? Si toutes ces associations réclamaient des financements à la productions de biens de réalisation, du travail, des centres de formations professionnelles, d´une protection contre l´envahissement du marché par les produits étrangers ; je n´aurai absolument rien à y dire. Mais faire croire aux gens qu´on défendait la liberté verbalement ou en criant plutôt qu´en produisant, cela soulève mes soupçons. Et je me dis qu´il y a ici un faussement volontaire des priorités. Et ce sentiment s´accroît lorsqu´on voit que ces ONG sont soutenues par l´étranger, mais ce même étranger se refuse à investir dans l´emploi et la production africaine. Pire : ils ferment leurs frontières aux produits africains tout en envahissant ce continent avec leurs surproductions ! Quant aux intellectuels avertis ou détenteurs de hautes qualifications, ils ne trouvent pas emploi et doivent s´expatrier. Mais qui diable fera le progrès ? A peine avions-nous loué le sénégalais Wade dans sa résistance contre l´émigration que la France le conviait à Paris pour la distribution des prix francafricains et lui décernait une pompeuse et plutôt moqueuse décoration. Si ce n´était pas du pire mauvais goût. On le vit cependant, comme un élève à l´école du dimanche, venir prendre sa couronne en bois. Pourquoi l´avait-on récompensé, au fait ? N´était-ce pas de son devoir de défendre les siens ?

Et malgré tout cela, j´exhorte les journalistes, les intellectuels africains et ceux qui ont compris le problème à attirer l´attention de leurs lecteurs sur l´importance et la qualité des facteurs de production qui sont, en Afrique, dans un état déplorable si pas purement théorique et stationnaire. Je sais de quoi je parle : j´ai vu des écoles dans des états d´insalubrité incroyables, des villes sans canalisations…un chômage désespérant. Et lutter pour une meilleure utilisation des moyens financiers à entretenir une éducation, une formation professionnelle et universitaire ambitieuses et conscientes de leurs imminents défis, c´est à mon avis faire un pas énorme vers l´avenir. L´analphabétisme qui sévit en Afrique en ce moment mine son développement et partant, sa liberté et son avenir.

J´ai souvenir que sous l´ère de Mobutu, Jeune Afrique avait fait un article relatif au nombre de villageois qu´on pouvait nourrir avec le coût de la Mercedes 600 du dictateur. Mobutu, alors grand ami de Giscard d´Estain obtint illico l´interdiction de ce magasine. Et parfois lorsqu´on entendait les politiciens français se vanter de leur aide ou amitié envers les africains, l´africain averti se demandait bien ce qu´ils entendaient par là, s´ils avaient toujours soutenus et armés les dictateurs qui galvaudèrent leurs finances, pillèrent et assassinèrent à loisir. A grand mots de « valeur » De Villepin allait disserter en terre africaine, tandis que Jacques Chirac, lui se contentait de dire : « Les africains ne sont pas encore mûrs pour la démocratie ». Notre ami Sarkozy, lui, tout en ayant eu de lourds mots envers les noirs lors de la révolte des banlieues françaises, mentait effrontément en déclarant ne pas savoir ce qu´est la francafrique. Il voulait cependant devenir chef d´Etat ! Peut-être croyait-il qu en affichant l´ignorance il pourrait, le moment opportun, user et abuser de cette belle prostituée française les yeux fermés. Il se trompe bien, car nous comptons, s´il gagne les élections, le lui rappeler généreusement. A tout moment.

L´Europe qui aimait à jouer les saints pendant qu´elle participait, et ce depuis des siècles à la déchéance et à la perdition de l´Afrique a été ramenée, au plus tard le 8 janvier 2007, à sa propre réalité : en effet, avec l´entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l´Union Européenne, le nombre des parlementaires de l´extrême droite siègent au sein de son parlement a atteint le nombre exigé pour se constituer en fraction. La nouvelle fraction sera composée des 7 élus du Front national français, des 3 Vlaams Belang, de 5 Roumains, d’un Bulgare, des 2 élus indépendantistes britanniques du UKIP, d’un élu du FPö autrichien, ainsi que d’Alessandra Mussolini, la petite fille du Duce. Et pour ces européens qui allèrent en Afrique assassiner ceux qui pensaient autrement ou ne aliénaient pas à leurs injonctions politiques et idéelles ; ce fut certainement un moment pathétique. Personne ne verra un africain venir assassiner ces racistes de l´extrême droite parlementaire européenne parce qu´ils ne partageaient ni nos opinions, ni notre sens de la convivialité humaine. Et on avait beau se cacher derrière les lourds rideaux douteux de la démocratie européenne, la gifle faite à l´Europe, elle, était bien là. On peut cacher la vérité comme on veut, mais un jour, elle sortira de sa tanière et éclaboussera tout le monde. Cet événement montre à quel point le pouvoir européen s´est conduite en Afrique en pouvoir totalitaire et antidémocratique, et maintenant qu´elle tolérait une fraction d´extrême droite dans ses institutions les plus profondes, on se demandait quel serait son évolution. Comme quoi il est toujours facile d´aller jouer les donneurs de leçons en Afrique, assassiner, piller, de prendre en esclave les enfants de ce continent en leur racontant, en les traitant de n´importe quoi, n´importe comment. Et maintenant ? La fausse tolérance et la fausse démocratie qui fit assassiner Patrice Lumumba, Ruben Um Niobe, Samora Machel, Steve bantou Biko et tant d´autres, s´appliquerait-elle aussi aux députés européens de l´extrême droite ? Peut-être les européens devraient-ils apprendre bien de choses, et parmi lesquelles l´art de ne pas se croire au dessus des autres, et celui bien démocratique de cesser de torpiller ou endiguer le développement des africains. Chacun avait ses salauds à domicile, et ce n´est pas une raison pour aller exiger en Afrique que meurent ses meilleurs enfants afin qu´un jour les racistes européens jouissent de la tolérance et de la démocratie.

L´africain mène un combat gigantesque, à tous les fronts ; autant sur lui-même et son passé, sur sa soif brûlante de réalisation, que sur ses ennemis mieux organisés, armés et plus étroitement liés à leurs intérêts que l´Afrique ne l´est présentement. Et il est grand temps de le comprendre et d´y remédier, plutôt que de s´illusionner dans des diversités cabalistiques, et toutes irréalistes les unes que les autres. Faire du solide, c´est arroser les racines de son arbre, pas s´en nourrir ou les dessécher. Rien ne nous épargnera ni de la concurrence, ni de l´adversité des autres. Nous devons seulement veiller à protéger et promouvoir nos intérêts, afin que cette adversité ne nous détruise pas notre e et notre créativité, mais qu´elle reste ou devienne fructueuse et partagée par des échanges équilibrés et équivalents. Et si jusqu´aujourd´hui nous avons été préjudiciés, c´est parce que nous n´avions pas compris qu´il fallait

s´opposer aux envahisseurs et colonisateurs en devenant fort et puissant ; car nous aussi nous faisons partie de ce monde, et à ce titre nous avons le droit de nous y réaliser pleinement. Ainsi que tous les nôtres. Absolument. Sans le moindre doute. Et nous devons nous y mettre, cela dépend principalement de nous, pas seulement des autres.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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