Et l´avenir, quand s´y orientera-t-on, que diable ?
Commentaire sur Afrikara (17 Mars 2007) sur l´article : La Révolution ADN et les Nouveaux Africains : Whoopie Golberg, Spike Lee, Oprah Winfrey, … du 15/03/2007
Ces Origines africaines reniées, perdues, mal entretenues ou mal défendues ; se résument-elles à autre chose qu´à la couleur de la peau ?
Je me demande bien à quoi rime ce genre d´articles ; à nous rapprocher d´américains qui n´avaient d´africain que la couleur de leur peau ? N´avait-on pas encore compris que les américains noirs faisaient le jeu de l´ empire occidental ? Si le dernier film américain sur Idi Amin Dada rencontrait les acclamations des occidentaux, il n´en jouait pas moins une curieuse mystification car, ce n´était pas les vertus des africains qu´on encensait, mais un dictateur ! Le film sur Patrice Lumumba a été, lui fait par un haïtien. Et on se demande si ces films américains n´ont pas pour but de dénigrer les noirs américains, surtout ceux qui se réclament de leurs origines africaines. A ce jeu, l´establishment blanc joue aux faux oscars dénigrants.
Et à mon sens, cette vaste culture suggestive du maître devrait, pour rester crédible et se réclamer de l´objective culture, ne pas oublier de mettre sur écran bien de crimes et d´injustices sociaux perpétrés par les leurs sur leurs propres concitoyens noirs ou sur les pays étrangers. On en apprendrait bien de choses. C´est toujours plus facile d´aller en Afrique, de mettre sur écran les défauts des autres plutôt que de se gratter son propre nez. A ne pas oublier, lorsque Idi Amin Dada fit son coup d´Etat, les occidentaux autant britanniques qu´américains fermèrent les yeux soit disant qu´ils trouvaient en lui un partenaire contre le communisme ; et ainsi l´assistèrent-ils, comme Mobutu, dans ses œuvres perverses. Ce ne fut que plus tard, lorsque l´opinion publique apprit les détails de la monstruosité de ce régime que les gouvernements occidentaux se distancièrent.
Et à propos d´origine, ce n´est pas aux africains à soigner les liens originels qui existent entres tous les africains expatriés et les afrodescendants des esclaves jadis déportés, mais bien à ces derniers eux-mêmes. S ils en sentent le besoin et le sentiment. Cessons donc de chanter aux origines et aux racines de ceux qui ne savent plus ce qu´ils sont, ou qui, depuis longtemps, se sont forgés une autre identité ! Tournerions-nous en rond à ce point que nous oublierons que le principal, c´est l´avenir. Nous savons pertinemment bien d´où nous venons ; que celui qui souffre de ne pas savoir d´où il vient s´en guérisse au mieux, cependant que la question qui nous occupe principalement, c´est bien celle de l´avenir des africains continentaux ! Les autres ? C´est à eux de se rallier à nous, pas à nous de nous rallier à eux. La culture, l´âme culturelle de l´Afrique est en Afrique, dans son tourment existentiel et la problématique de la réalisation et de l´épanouissement de ses enfants, pas ailleurs.
Que celui qui sent encore en lui l´appel de ce sang pur et africain profond, qu´il se lève, qu´il nous suive et nous assiste dans notre combat ; et ceci veut aussi dire qu´ils doivent autant défendre nos intérêts que promouvoir à l´épanouissement moderne et critique de notre culture. Ceux qui ont pris l´habitude de danser sur les frontières, d´assister l´ennemi tout en chantant de l´africanité doivent cesser ce jeu mesquin et abrutissant. Les nouveaux africains, ça n´existe pas ; l´Afrique a une culture millénaire. Ne confondons pas modernisme emprunté avec culture héritée et développée.
Marimba Ani disait : "You're not an African because you're born in Africa. You're an African because Africa is born in you. It's in your genes.... your DNA....your entire biological make up. Whether you like it or not, that's the way it is. However, if you were to embrace this truth with open arms....my, my, my....what a wonderful thing." Et j´interprète cette pensée pas seulement comme l´acte affectif de reconnaissance et d´amour par lequel nous nous reconnaissons du legs culturel identitaire dont nous sommes les porteurs, mais aussi par les raisons créatives, rationnelles de conscience d´être et de subsister qui nous obligent à nous réaliser en elle, tout en défendant ses idéaux, ses valeurs, sa célébration existentielle originale sincère et profonde. Il ne s´agit donc pas seulement d´être noir, ou même d´en chanter la couleur de peau tout en vivant en dehors et contre sa culture.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu