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19 mars 2007

RDC : une autre conception de la vie ?

En réponse à JP Bouanga

Cher Katata,
C'est un plaisir renouvelé de te lire.

J'ai apprécié ton "punch" littéraire. Néanmoins, est-il possible de
reconsidérer la vie en RDC sous un autre angle, encore inconnu, sortant des
sentiers battus ?

Déroutante comme question, n'est-ce pas ? Est-ce possible, de revoir le
monde autrement, de manière inattendue ? (D'avoir une autre vision de la
vie).

À bientôt

JP BOUANGA

Réponse Musengeshi

« Bidi tenta kuetu, anu ne keba peba »

Cher JP Bouanga,

Ta question m´a plue et quoique je n´arrive pas tellement à percer sa portée, je l´interprète comme étant le légitime voeu à un courant de vie normal, ayant des consonances, une finalité culturelle propre. Et je réponds: oui, c´est possible...mais il y a un mais. En effet, si l´occident continue à boire ou à dévorer nos matières premières à la vitesse actuelle, à la fin nous n´en aurons plus.

D´autre part, le centralisme industriel occidental actuellement organisé et défendu nous prive de moyens financiers, économiques de développement en nous envahissant avec des excédents et des surproductions que nous sommes tenus de consommer. Or, avec ce dictat industriel, c´est notre créativité qui s´étiole et se qui se meurt ! Pire, nous ne développons pas les moyens et les techniques conséquentes à notre réalisation et à notre avenir, plus nous nous exposons à la chosification et à l´aliénation. Nous serions donc, comme depuis 600 ans, vilement attelés au bon vouloir du développement et des intérêts occidentaux. Et tout le monde sait que ceux-ci n´ont été, ni pendant l´esclavage qui a duré 400 ans, ni à la colonisation qui a pris 100 ans, et même aujourd´hui de par la francafrique, absolument pas dans nos intérêts.

Répondre à ta question revient en fait à se demander: Pour notre liberté existentielle, notre réalisation et l´avenir des nôtres, devons-nous lutter et nous affirmer à les défendre, ou les choses iront cahin-caha normalement. Oui, nous nous devons de trouver une voie propre qui renoue étroitement avec nos valeurs socioculturelles autant qu´avec les impératifs de notre avenir particulier. Entendu que ce concept doit privilégier l´épanouissement, la réalisation et la défense des rêves, des attentes, de la créativité de notre propre culture, d´abord.

Il suffit de connaître l´histoire de l´Afrique et celle de la domination arabe ou occidentale pour dire que celui qui s´attend à la bonne foi de ces gens se trompe bien; Il risque de se retrouver enchaîné et privé de liberté. Autant dire que si nous voulons la paix, la sérénité, la liberté, nous devons les défendre et armer nos cultures de moyens de défense et d´épanouissement conséquents et résolus. Car dans ce monde où même l´écologie est détruite par la surproduction et les abus de uns, si nous ne voulons pas toujours être les victimes dont les enfants sont empoisonnés, privés de travail, de liberté et même de considération humaine, nous devons nous battre et repousser ce sort ingrat qui nous guette depuis bien trop longtemps. Et ne pas nous laisser abuser par des discours, de faux slogans, des abus ou de sournoises intrigues qui n´entérinent qu´au mieux les intérêts des étrangers et la prédominance d´un système centraliste et hégémonique hostile depuis des siècles à notre liberté.

La liberté, très cher JP Bouanga, nous nous devons d´en payer le fier prix propre qui éclot et affirme la célébration existentielle de nos cultures et de nos valeurs ; autant que nous devons nous protéger de tentatives ou d´entreprises nuisant aux intérêts de nos femmes et de nos enfants. Pour se faire, il suffirait seulement d´aller au plus profond et plus sincère de nos cœurs ; et sans s´attarder longtemps sur nos larmes ou sur nos défauts ou nos manquements, nous demander en toute franchise : dans la situation actuelle, quelle est la meilleure expression, la meilleure motivation socioculturelle qui saurait réaliser, honorer notre plus bel hymne à l´espoir et à la réalisation sensible ? Très fraternellement,

Musengeshi Katata 

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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Commentaires
S
Il y a bien entendu un sensible danger de malentendu dans la question du « Sorcier » JP Bouanga. Et à mon avis, pour éviter tout équivoque, il convient de préciser que devant l´obligation légitime de réalisation sensible, ou si on veut l´épanouissement de la jouissance existentielle ou de sa célébration existentielle au plus profond et au plus assagi de sa jouissance, il n´y a, hélas, aucune autre alternative que celle de s´y atteler. Personne ne vit ou ne fait la vie d´un autre. Autrement dit, face à l´industrialisation, au perfectionnement des moyens de production au sens large mais non moins générateur exhaustif de liberté, d´autonomie et de coexistence pacifique élaguée de toute dépendance destructive, chosifiante ou aliénante, il n´y a pas une autre issue que de s´y mettre. Car ce n´est que dans cette démarche qu´on perfectionne la sensibilité en lui découvrant sa large multiplicité autant que son avide profondeur. <br /> <br /> L´histoire du Congo Kinshasa de Mobutu est bien connue. Ce peuple, tout en agréant à son vœu d´identification existentielle authentique s´est laissé mener en bateau par un mobutisme gangrené par une superficialité et un manque de vision et de perception réaliste de la démarche appropriée qui devait mettre en adéquation les facteurs et les éléments congolais vers un but fructueux de réalisation. Cette démarche dit de l´authenticité ayant échoué, tout le monde croit que c´est la démarche qui était fausse, et ce n´est pas vrai ; c´est celui qui devait la conduire qui était sans talent. <br /> <br /> Le grand défaut des africains envers eux-mêmes, mais aussi envers le monde et les forces centrifuges politiques, économiques, financières qui les entourent ; c´est de croire qu´avec une petite moyenne de derrière les fagots, on arrive à faire des miracles. Et comme on l´a vu pour Mobutu, pour Mugabe, pour biens d´essayistes politiques africains au pouvoir, la débâcle est quasi garantie, si pas inévitable. Car croire qu´on peut s´industrialiser sans attiser en Afrique l´amour de la perfection et du détail autant dans l´imaginaire que dans la projection réelle, et si par surcroît, indécis, on faisait de l´équilibrisme corrompu entre la consommation des produits importés et les siens propres, rien ne pouvait vite changer. Et cela ne révèle qu´une chose : un goût prostitué à la facilité, ce qui, disons le bien haut, ne déjoue que d´autant mieux les buts d´autonomie, de libération et d´autoréalisation dont on crie trop bien souvent sans trop y croire des intentions. <br /> <br /> Si les africains sont friands des produits parfaits, pourquoi ne pas les produire ? Trop difficile, trop ardu, trop élaboré à reproduire ou à confectionner ? Mais, amis et frères, rien n´est gratuit dans l´existence ; ceux qui en occident ou ailleurs se sont donnés la peine d´élaborer, de réaliser ces produits, ils ne les ont pas vu tomber du ciel. Ils ont dû se faire violence pour les réaliser. Les africains, cependant, croiraient-ils que tout est facile ; qu´il s´agit de quelques incantations ou formules mathématiques pour y arriver ? Ou le bon grigri devait-il y prester sa magie ? Il ne faut pas rêver à yeux ouverts indéfiniment et se mettre le plus vite que possible à entamer les démarches qui ouvrent sur des processus de perfectionnement continu qui procurent à la société des résultats supérieurs. Il ne s´agit pas de se croire civilisé ou contemporain en ce qu´on consomme des produits supérieurs produits et conçus par les autres, mais d´être capable de projeter son propre talent créatif pour répondre à une jouissance, à la réalisation d´une sensibilité ambitieuse se retrouvant dans l´expression matérielle de ses exigences les plus belles. <br /> <br /> L´existence, en fait, est une découverte et une promotion de sa propre sensibilité, de sa propre réalisation imaginaire et réelle ; celui qui croit qu´il peut y exceller en se réalisation ou en jouissant avec les moyens et les projections des autres se suicide au sens supérieur et existentiel profond du terme. Shaka Bantou, j´ai dit !
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