RDC : une autre conception de la vie ?
En réponse à JP Bouanga
Cher Katata,
C'est un plaisir renouvelé de te lire.
J'ai apprécié ton "punch" littéraire. Néanmoins, est-il possible de
reconsidérer la vie en RDC sous un autre angle, encore inconnu, sortant des
sentiers battus ?
Déroutante comme question, n'est-ce pas ? Est-ce possible, de revoir le
monde autrement, de manière inattendue ? (D'avoir une autre vision de la
vie).
À bientôt
JP BOUANGA
Réponse Musengeshi
« Bidi tenta kuetu, anu ne keba peba »
Cher JP Bouanga,
Ta question m´a plue et quoique je n´arrive pas tellement à percer sa portée, je l´interprète comme étant le légitime voeu à un courant de vie normal, ayant des consonances, une finalité culturelle propre. Et je réponds: oui, c´est possible...mais il y a un mais. En effet, si l´occident continue à boire ou à dévorer nos matières premières à la vitesse actuelle, à la fin nous n´en aurons plus.
D´autre part, le centralisme industriel occidental actuellement organisé et défendu nous prive de moyens financiers, économiques de développement en nous envahissant avec des excédents et des surproductions que nous sommes tenus de consommer. Or, avec ce dictat industriel, c´est notre créativité qui s´étiole et se qui se meurt ! Pire, nous ne développons pas les moyens et les techniques conséquentes à notre réalisation et à notre avenir, plus nous nous exposons à la chosification et à l´aliénation. Nous serions donc, comme depuis 600 ans, vilement attelés au bon vouloir du développement et des intérêts occidentaux. Et tout le monde sait que ceux-ci n´ont été, ni pendant l´esclavage qui a duré 400 ans, ni à la colonisation qui a pris 100 ans, et même aujourd´hui de par la francafrique, absolument pas dans nos intérêts.
Répondre à ta question revient en fait à se demander: Pour notre liberté existentielle, notre réalisation et l´avenir des nôtres, devons-nous lutter et nous affirmer à les défendre, ou les choses iront cahin-caha normalement. Oui, nous nous devons de trouver une voie propre qui renoue étroitement avec nos valeurs socioculturelles autant qu´avec les impératifs de notre avenir particulier. Entendu que ce concept doit privilégier l´épanouissement, la réalisation et la défense des rêves, des attentes, de la créativité de notre propre culture, d´abord.
Il suffit de connaître l´histoire de l´Afrique et celle de la domination arabe ou occidentale pour dire que celui qui s´attend à la bonne foi de ces gens se trompe bien; Il risque de se retrouver enchaîné et privé de liberté. Autant dire que si nous voulons la paix, la sérénité, la liberté, nous devons les défendre et armer nos cultures de moyens de défense et d´épanouissement conséquents et résolus. Car dans ce monde où même l´écologie est détruite par la surproduction et les abus de uns, si nous ne voulons pas toujours être les victimes dont les enfants sont empoisonnés, privés de travail, de liberté et même de considération humaine, nous devons nous battre et repousser ce sort ingrat qui nous guette depuis bien trop longtemps. Et ne pas nous laisser abuser par des discours, de faux slogans, des abus ou de sournoises intrigues qui n´entérinent qu´au mieux les intérêts des étrangers et la prédominance d´un système centraliste et hégémonique hostile depuis des siècles à notre liberté.
La liberté, très cher JP Bouanga, nous nous devons d´en payer le fier prix propre qui éclot et affirme la célébration existentielle de nos cultures et de nos valeurs ; autant que nous devons nous protéger de tentatives ou d´entreprises nuisant aux intérêts de nos femmes et de nos enfants. Pour se faire, il suffirait seulement d´aller au plus profond et plus sincère de nos cœurs ; et sans s´attarder longtemps sur nos larmes ou sur nos défauts ou nos manquements, nous demander en toute franchise : dans la situation actuelle, quelle est la meilleure expression, la meilleure motivation socioculturelle qui saurait réaliser, honorer notre plus bel hymne à l´espoir et à la réalisation sensible ? Très fraternellement,
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu