Les africains étaient-ils capables de changer leur destin eux-mêmes ?
En réponse à mon ami Letroll
Choses simples, choses vraies et logiques.
Ami Letroll, lorsqu´on ment et on pervertit la logique politique depuis si longtemps comme l´a fait l´empire occidental envers l´Afrique ; on a bien difficile, comme on le voit aujourd´hui, à changer de systématique existentielle. On joue plutôt à la cosmétique, au révisionnisme vide et sournois parce que sous des prétentions d´humanisme, de civilisation, d´aide ou de progrès ; on ne fait avaler à ses victimes d´hier que des illusions sous lesquelles les mêmes intérêts, la même logique impérative de domination et de vulgaire exploitation s´exerçaient et se perpétuaient sans vergogne. Et autant dire, que rien ne changeait, au fait, car tout était trompeuses apparences et douloureuses affabulations. N´es-tu pas surpris qu´après 46 ans d´aide et de soutien économique occidentale, l´Afrique noire ne fait aucun pas réel vers son indépendance économique et financière ? Si tu vas derrière l´aide, derrière la corruption des élites en Afrique, derrières les putschs et les amitiés politiques (douteuses et ambiguës) afro occidentales, tu en seras, comme tout homme de bonne foi, à la fois scandalisé que choqué ! Car, selon une logique bien orchestrée derrières les intérêts de grosses multinationales d´armes, de matières premières, de sociétés commerciales et financières soutenues et encouragées par les politiciens de leurs états respectifs, ces gens pillaient et escroquaient l´Afrique avec une nonchalance et un mépris des plus bienveillant à l´endroit de l´avenir du développement de cette partie de la terre. A croire que le même mépris bas, dégoûtant et primitif qui avait couvert toute l´époque de l´esclavage et celle de la colonisation, malgré l´évolution des mœurs culturels, éthiques et moraux de la civilisation contemporaine humaine, CES CRIMES ET CONTRADITIONS DÉSHUMANISANTES ET PAUPÉRISANTES PERSISTAIENT, COMME UN CODEX APPLIQUÉ HISTORIQUEMENT À LA RACE NOIRE PAR LA RACE BLANCHE ! Et quoi, quand l´occident accepterait-elle que les africains subsaharien avaient eux aussi droit à la liberté, à entretenir leur culture et leur réalisation si on faisait tout pour les appauvrir et torpiller leurs droits et leurs efforts ?
Avant de répondre à ta question qui est absolument pertinente, je me permets, pour illustrer ce que j´ai dit, de mettre en lueur cette flagrante contradiction parmi tant d´autres : si l´Afrique devait engloutir les produits de la surproduction occidentale envahissante et rapace ; n´est-il pas logique africains développent et épanouissent LEURS POUVOIRS D´ACHATS ? Mais alors pourquoi veillait-on sournoisement à ce que ce continent reste pauvre ? Pourquoi n´y investissait-on pas comme en Chine, en Europe de l´Est, au Vietnam…etc ? Pourquoi assassinait-on ses élites éclairées et populaires pour les substituer par des fantoches aliénés et voués au pillage des leurs et à la domination économique, financière occidentales ? Apparemment, et selon toute vraisemblance, le monde occidental croit encore se trouver en Afrique noire dans son poulailler, pas devant des êtres de chair et de sang ayant des droits humains légitimes, des cultures, des femmes et des enfants à aimer et chérir, parce ce que ce sont leurs enjeux et projections existentielles. Aujourd´hui encore, à Paris, à Washington, à Berlin ou à Londres on pense encore que lorsqu´un nègre se regardait dans son miroir existentiel, il ne devait pas retrouver son visage, mais celui des occidentaux ! Incroyable, n´est-ce pas cette conception bornée et primitive de la liberté et de la réalisation humaine !
Maintenant comme tu le dis si bien, qu´est-ce qui empêche les africains à changer les choses, à choisir des élites qui leur soient fidèles et s´attèlent à la réalisation du bien être et l´éclosion culturelle de leurs rêves sur ce continent trompé et avili depuis des siècles ? Oui, pourquoi aux deux Congo de Sassou Nguesso à Brazzaville, Kabila à Kinshasa, au Burkina Faso (Blaise Campaore), et même au Nigeria du brutal et douteux Umaru Yar'Adua, au Soudan, au Gabon, en Angola …etc, chaque fois qu´il y avait vote, ce sont des potentats pro occidentaux ou s´exerçant comme tels qui étaient élus ? Ces élections, que ce soit dernièrement au Congo Kinshasa qu´au Nigeria, n´ont rien de démocratique et objectifs comme on les pratique dans l´occident métropolitain. Ce ne sont pas seulement les africains qui ont hérité de la tricherie et de la sournoiserie de leurs anciens maîtres coloniaux, mais les maîtres eux-mêmes qui, pour protéger la pérennité de leurs poules aux œufs d´or, y mettaient plus que la simple sympathie très « démocratique ».
En vérité, ces faux dictateurs et usurpateurs politiques s´étaient mués en une caste bien organisée et défendue du privilège se servir l´occident au pouvoir par procuration en Afrique. Il s´agissait aussi de sommes folles qui venaient, en métropole, enrichir un cercle bien averti d´occidentaux, tandis que les banques occidentales accueillaient et protégeaient d´énormes fortunes africaines illégalement acquises, et qui, en place de servir leur milieu naturel, allait se mettre au service des marchés financiers occidentaux ployant sur leurs richesses !
Nous sommes cependant arrivés au point où rien ne va plus : car comme en occident industriel surproduisant du 19ième siècle, il faut non seulement donner un salaire équitable aux potentiels acheteurs afin que l´économie marche ; il faut aussi gagner leur confiance en leur offrant une assurance sociale, des perspectives améliorant leur niveau de vie. Pour l´Afrique, cela se traduisait à produire ( et diversifier la production) et à élever le niveau des revenus et des infrastructures sociales. Or, tous ces potentats pro occidentaux ont été tolérés ou protégés par l´occident parce qu´ils ruinaient leurs peuples et les abrutissaient en détournant leurs matières premières et leurs accumulations. Comment changer de politique aujourd´hui ? L´occident qui a compris que le courant économique, sa crédibilité politique et culturelle et l´avenir proche de sa survie économique internationale, á la longue, ne résidaient plus comme par le passé dans la barbare et la primitive exploitation de jadis envers tout un continent, mais bien dans le développement soutenu des africains, noirs ou pas ; cet occident veut bien changer les choses, mais elle se trouve devant ses propres créatures (les siennes et ceux des africains aliénés) du mal devenus puissants et peu faciles à déloger ! Le uns s´accrochaient à la gourmandise du passé, les autres ne savaient plus ce que c´est que l´intérêt social supérieur.
D´un autre côté, ce système de rapacité et d´exploitation occidental orchestré et couvert de miel envers l´Afrique noire n´a pas produit de vrais intellectuels indépendants et intègres ou d´intelligences comprenant exactement ce qui se passe pour être capable de saisir les opportunités, les exigences du changement et les gérer adéquatement et efficacement dans un intérêt positif pour tous. Après tout, les vrais intellectuels n´avaient-ils pas été joyeusement assassinés par l´occident ? Soit pour survivre et garder le respect d´eux-mêmes, les vrais intellectuels s´étaient exilés, soit, et ce devant l´écrasement séculaire qu´entretient l´empire occidental et ses contradiction avilissantes, ils avaient cessé de croire ou de lutter…ou ils étaient devenus des parvenus plus opportunistes qu´idéalistes. Et ces derniers étaient des plus dangereux, parce que par secret mépris de leur propre traîtrise, ils traquaient et éliminaient tous ceux qui protestaient ou contestaient cette hargneuse logique destructive et pour le moins suicidaire des légitimes intérêts socioculturels africains. Ces sbires de l´hégémonie occidentale primitive se faisaient remercier par de discrets paiements invisibles en occident, par des voyages, par des voitures, des postes inutiles, improductifs et cependant royalement rémunérés…etc. Ils mettaient donc un empressement enjoué dans la protection du marasme en Afrique…
Changer, oui, sûrement ; mais sans changer de logique (interne et externe) et résoudre les contradictions infamantes qui entravent le développement et l´organisation de la production en Afrique, c´est faire du faux et tourner en rond. Or, l´heure n´est plus ni à l´inefficacité, ni à la dépense gratuite et inconsciente des moyens urgents des pauvres africains. Et l´une des contradictions les plus évidentes est : sans produire, sans s´organiser à éclore rationnellement et efficacement les capacités individuelles et sociales des cultures africaines, à les défendre et les orienter vers des buts réflectifs ; croire que seuls l´aide et la générosité occidentale viendra développer l´Afrique…c´est la plus cruelle et plus infantile illusion qui soit. Parce qu´on ne peut mieux se suicider historiquement. Une culture est faite de la créativité, de la rationalité, des cris, des espoirs, des ambitions et des attentes de ses propres enfants ; croire qu´on peut l´acheter ou la recevoir en cadeaux ou en opportunités, c´est mourir culturellement de la mort la plus atroce. Et celui qui cautionne ou avalise de telles inepties est des plus animal. Or, nous sommes des êtres humains, n´est-ce pas ; il faut bien qu´on le comprenne. Le développement de l´Afrique, la fin de ses marasmes et de ses manquements ne sont pas seulement importants pour l´Afrique noire et ses habitants, mais aussi pour l´avenir commercial et industriel de l´occident. En ce qui me concerne, ami Letroll, si certains se prélassent ou se complaisent dans les images cruelles et inhumaines de la misère et du désarroi des femmes et des enfants africains, moi, j´en ai toujours souffert. Et je suis d´avis comme toi que dans notre monde d´aujourd´hui, une telle perdition n´est souhaitable pour personne ; même pas à mon pire ennemi. Voilà, j´espère avoir répondu à ta ou tes questions. Hélas, j´ai peur d´avoir été, comme dans mes habitudes, un peu long. Mais je suis certain que tu me le pardonneras. Question d´amour. Et peut-être simplement d´une humanité dont je me reconnais dans sa pensée et ses valeurs hautes, les plus respectives de tout un chacun. Très sincèrement,
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu