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11 novembre 2007

L´Afrique croit-elle échapper à la sélection naturelle universelle ?

La question peut prêter à équivoque, et pourtant, elle est plus que d´actualité vu le peu d´engagement (ou de réussite) que met l´Afrique à se défendre contre les forces extérieures qui lui imposent depuis des siècles une domination étouffante et cruelle. DROIT DU PLUS FORT, CELUI DU PREMIER ARRIVÉ…OU CIVILISATION ? Depuis de longs et pénibles siècles de lourds tributs d´exactions et d´abus – il s´agit tout de même, pour la civilisation occidentale de 600 ans; et pour la culture islamique de 12 siècles qui s´étalèrent entre le XII siècle et le XIX. – l´Afrique se débat dans un marécage existentiel douloureux qui non seulement lui enlevait ses moyens de développement, mais il l´empêchait aussi de s´épanouir librement. Et à ce propos, il n´y a que les naïfs (africains ou étrangers) ou les incorrigibles de l´exploitation criminelle pour prétendre que tout allait bien et que l´Afrique n´avait qu´à se mettre à jour et se défendre ! Civilisation ? Mais qui définissait donc le contenu, les règles et la portée de cette civilisation ? Etaient-ce les forts et les riches ou était-ce sur la base d´un humanisme commun ? Quelles étaient les ou les paramètres par lesquels on saurait objectivement la reconnaître ? Le philosophe et humaniste français Edgar Morin que nous citerons ci-dessous, reconnaît à la prétention de civilisation le dialogue équitable, la reconnaissance à l´autre de la dignité humaine. Il disait : «Le vrai dialogue, c’est quand on reconnaît à l’autre la même dignité. Il n’y a pas de dialogue possible entre un maître et son esclave. Le dialogue suppose l’égalité – ce qui est un point de vue relativement nouveau dans la culture européenne ! L’Europe occidentale a dominé et exploité le monde à partir de la conquête des Amériques, elle a pratiqué la traite des Noirs et l’esclavage, elle a exercé les dominations les plus longues et les plus dures de l’histoire. » Et nous avouons que nous sommes fiers et admiratifs devant l´objectivité intellectuelle de ce grand esprit qui, tout en étant européen et français de surcroît, Edgar Morin ne cache pas ses mots pour reprocher à sa propre culture d´avoir été coupable de biens de méfaits sous ses prétentions de civilisation. Mais, cela est-il dit ? La question que nous posions en début de propos ; cette question, sous quel angle faut-il la comprendre ? L´Afrique peut-elle, croit-elle qu´elle peut échapper à la sélection naturelle universelle ? Suffisait-il en effet de faire le mort, de réclamer une humanité quelconque respectueuse des droits et des libertés pour les obtenir ou être à l´abri des effets négatifs de l´exploitation et de l´utilitarisme des autres cultures ou civilisations ? Personnellement, je ne le pense pas ; car, pour ne prendre que quelques exemples rapides : l´eau devenait lentement une denrée rare, l´air était pollué par des producteurs industriels enragés et surproduisant pour envahir le monde ou étouffer quelques faibles marchés, les matières premières étaient englouties à grande vitesse…trop souvent plus pour satisfaire à des futilités que pour rendre une justice sociale réelle à ceux qu´on obligeait ou contraignait à vendre ces matières premières rares et précieux . Et même sans tenir compte de bien d´autres éléments monétaires, financiers, économiques subséquents à la domination centraliste et hégémonique occidentale, on peut se poser la question : lorsque ces sociétés pillées et trompées dans les échanges et leurs droits à la liberté et à la réalisation sensible se réveilleront et se trouveront devant le manque à s´industrialiser ; de quoi vivraient-elles ? Ou estimait-on d´emblée que ces sociétés n´avaient, elles, aucun droit à l´industrialisation ? C´est bien pour la raison, par exemple, que je condamne toute restriction quelconque visant à empêcher quiconque de se rendre maître d´une utilisation pacifique de l´énergie atomique, par exemple. Parce qu´à mon avis l´avenir, surtout pour les pays du Nord ne pouvant pas compter sur l´énergie solaire (dont la technologie, à mon avis doit absolument être rapidement développée surtout dans les tropiques afin de minimiser la détérioration de l´écologie mondiale), et à la vitesse avec laquelle les Etats industrialisés engloutissaient le pétrole (et fluides combustibles) aujourd´hui, l´énergie atomique ne soit inévitable. En France l´énergie nucléaire déjà représentait 76 % des sources d´énergie. Il serait donc fatal, si pas sournois de consommer les réserves énergétiques du monde pour son industrie, de salir et de polluer l´air universel irréversiblement, de mettre à mal l´équilibre écologique mondial…et de condamner parallèlement ceux qui étaient en retard d´industrialisation à ne pas se saisir de la seule source ou alternative efficace pouvant les sauver du manque ! Le prétexte selon lequel l´énergie nucléaire présente des dangers d´usage militaire est juste, mais néanmoins surfait et ne cache, à mon avis, qu´un relent saisissant de colonialisme. Après tout, la France, la Grande Bretagne, Israël, l´Italie, la Russie, la Chine, l´Inde, le Pakistan…tous ces pays ont la bombe atomique ; le monde s´en trouve-il plus malheureux ? Apparemment non ; pourquoi en serait-il autrement avec les nouveaux conquérants de l´atome ? Et quand bien même les américains sont les seuls peuples à avoir employé la bombe atomique contre les japonais ; la détention de l´armement nucléaire n´incite-t-il pas au respect et à la fin de conflits gratuits ? Avec force de coopération et d´entraide soutenue dans la maîtrise et surtout dans le conseil de méthodes sécurisant l´emploi de cette énergie, on peut obtenir que tous les pays prennent conscience que cette source d´énergie exige des conditions d´usage exceptionnels. Parce que la moindre erreur est fatale pour biens de vies humaines. L´histoire de Tchernobyl nous l´a largement montré. D´un autre côté des choses, et celui-là du côté pragmatique réel, n´en déplaise aux dormeurs, aux attardés et même aux défenseurs exubérants ou gratuits des droits et des libertés humaines, l´Afrique n´échappera pas à subir les effets de la concurrence internationale. Pour la bonne raison qu´elle ne peut pas s´isoler, car s´isoler, c´est mourir à petit feu renfermé. Aucune nation, aucun peuple de bon sens ne peut aujourd´hui s´offrir le luxe gratuit et irresponsable de l´autarcie ; ne fut-ce que pour surveiller ses adversaires, ses ennemis ou défendre valablement ses intérêts dans les organisations et institutions internationales. La question est plutôt, pour tout peuple conscient : comment minimiser les effets corrompant du rapprochement mondial afin de parvenir à épanouir, à développer une culture largement autonome et individuelle défendant les besoins et les attentes des siens selon leur propre culture ? Là à mon avis est le nœud du problème. On a beaucoup parlé de mondialité, ces derniers temps ; hélas, cette mondialité ne peut s´exercer d´une manière partagée et utile à tous que si celle-ci ne reproduisait pas les inégalités ou ne perpétuait pas les privilèges occultes des intérêts dominants. Actuellement, et même à l´ONU, on retrouvait le même structuralisme dominant des riches, des puissants et des forts. Et de conférence en conférence de bonne foi, ceux qui s´imposaient, c´étaient ceux qui savaient payer leurs efforts ou, à coup d´aides intentionnelles, convaincre les pauvres de se plier à leurs intérêts. La mondialisation des multinationales aujourd´hui n´avait donc qu´un but : déjouer les souverainetés nationales en confiant le pouvoir social au pouvoir financier de ces géants, lesquels, dans leurs intentions et leurs méthodes d´accumulation, n´étaient liés qu´aux aveugles profits de leurs maîtres. Et ces derniers, disons-le franchement, n´étaient pas toujours ceux des pays exploités et de leurs habitants. Il suffit d´aller aux Antilles pour les bananes, au Congo pour le cuivre, le diamant et le manganèse…etc pour apprécier que ces multinationales épuisaient les richesses minières et humaines sans prendre aucune responsabilité sociale. On préférait alors les rejeter aux gouvernements locaux qu´on soudoyait ou aveuglait avec des impôts momentanés qui ne résoudrait ni les problèmes des dégâts écologiques, ni celui des pensions misérables ou des santés détériorés par des pesticides dangereux. A la fin, comme à Mururoa où les français délaissèrent, suite à leurs essais atomiques intempestifs, des conséquences écologiques et humaines honteuses dont des associations locales des droits des êtres humains réclamaient la réparation, tandis que les gouvernements français successifs faisaient la sourde oreille. Les dégâts, pourtant, s´agissant d´Unilever, de Planta, Deichmann…de la société de l´énergie atomique de France, tous ces méfaits étaient cependant bien connus. Le profit sans responsabilité et sans conscience sociale semblait être bien entretenu dans ces multinationales. Et si ces énormités économiques et financières étaient toutes aussi puissantes qu´incontrôlables, qu´elles se refusaient ou se défilaient de prendre des responsabilités sociales, ou à longs termes ; n´était-il pas inconscient de leur donner un quelconque pouvoir de structuration sur la société ? Je le pense bien. On le voit, qu´elle le veuille ou non, l´Afrique n´échappera pas à l´influence (positive, espérons-le ; des effets négatifs, bien entendu, il vaut mieux s´en garder) du monde. Le grand problème actuel de l´Afrique d´aujourd´hui est : comment rattraper le temps perdu ; oui, comment émanciper rapidement les mentalités pour les mettre en droit et en devoir de mieux répondre, produire et se défendre contre l´érosion ou les effets extérieurs corrompant ? L´éducation, le savoir, la conscience et la fierté d´être ce qu´on est ? C´est vraisemblablement tout cela et bien plus encore : le sentiment qu´un réalisme objectif affirmé et conséquent nous octroie les moyens par lesquels nous pouvons assurer la réalisation de nos rêves, défendre notre sensibilité et ceux des nôtres. Certes, on se révolte ou on s´émeut devant « les effets négatifs » du rapprochement mondial ou universel s´exerçant à tort et à travers. Surtout si l´histoire nous a largement appris que ce sont toujours les mêmes qui tout en soumettant les faibles et les naïfs à tous les maux, en escroquant et en pillant de par le monde, crient cependant bien haut à la fraternité, à la liberté ou à la démocratie. Pour eux, la liberté ou la démocratie n´étaient que de tendancieux slogans ou de sourds drapeaux qui leur permettaient d´arriver à leurs fins, quelque sordides ou sarcastiques qu´en soient les méthodes dont souffrent leurs victimes ; seul le résultat compte. Mais existe-t-il de résultat qui ne soient pas soumis au regard critique des valeurs humaines objectives ? On comprenait pourquoi tout le monde en occident parlait de valeurs en désuétude…et curieusement, on était surpris qu´on continuait à vendre des armes de par le monde pour fomenter des troubles sanglants, ou quelques faux missionnaires humanitaires tentaient d´enlever 103 enfants du Tchad en prétextant les sauver de l´enfer du Darfour ! On se demande pourquoi la bête mais efficace logique luttant pour l´amélioration des conditions de vie de ses enfants chez eux ; pourquoi cette logique apparaissait tout à coup comme dépassée ? Ou avait-on décidé que l´Afrique resterait le réservoir ou le dépotoir, selon les cas, de l´occident ? Venant d´une association humanitaire ce comportement est des plus méprisable et bas. Il ne restera à l´Afrique qu´à développer les sens qui lui permettent de minimiser ou d´annuler les risques extérieurs tout en épanouissant la créativité et le foisonnement imaginaire et rationnel de ses propres cultures. Imiter dans la mesure du possible, mais ne pas s´arrêter à la vulgaire reproduction. A la fin, ce qui compte, ce sont les fleurs qui poussent dans notre jardin, pas celui du voisin. Et tous ceux qui sont loyalement capables de nous assister sur ce chemin sont des nôtres ; les autres…faudra s´en méfier comme de la peste. L´histoire nous a appris deux choses importantes : que le mensonge selon lequel quelqu´un (et c´était le mensonge colonial occidental) ne peut faire ton avenir ou ton bonheur tout en foulant à ses pieds ta culture, en te volant tes enfants ou même en te reconnaissant pas comme un partenaire à part entière. D´autre part, croire que le progrès est la propriété ou le privilège de qui que ce soit est faux, car il est en nous et nous oblige à sa riche découverte. Nous devons seulement avoir la franchise et le courage de nous l´approprier. Cela ne dépend que de nous, pas des autres. Musengeshi Katata Muntu wa bantu, Bantu wa Muntu Forum Réalisance.
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