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5 janvier 2008

Réflexion sur le changement en Afrique noire

En réponse à la lettre d´I. doctorant en Belgique

La nécessité d´un profond changement

Cher ami, 

Tous ce que vous dites-là est tout à fait utile au changement en Afrique. Cependant que le plus important soit, à mon avis, l´assise dans les sociétés africaines d´un nouvel idéal de réalisation existentielle. Et celui ou ceux qui doivent s´en charger, ce sont les intellectuels et ceux qui se destinent à la gestion du pouvoir. Jusqu´aujourd´hui le pouvoir a été considéré comme un fourre tout, un lieu permettant à la fois de se sauver du manque d´imagination que de la pauvreté. Or, ce pouvoir a une toute autre vocation: notamment celui de concevoir et d´organiser la critique du passé, la promotion du présent et la protection de l´avenir !

Il ne faut pas seulement, en Afrique, informer et réorienter le peuple vers ses devoirs et ses obligations envers sa liberté et lui-même, il faut aussi rééduquer et réorienter ceux qui ont la responsabilité de l´organisation et de la conception du pouvoir en Afrique. Il ne suffit plus à mon avis de faire le beau en se substituant au colonialiste pour continuer sur la même voie que lui, mais d´orienter les sociétés rapidement vers leurs finalités propres. C´est un travail ardu, je le sais; mais comme je te le disais, on ne peut vouloir aller au paradis sans monture. En ce moment l´Afrique donne l´impression, en négligeant la formation et l´emploi de son capital humain, par la vente aveugle de ses matières premières servant aux autres plutôt qu´à elle-même; que cette Afrique, après avoir acheté une auto, l´avoir rempli d´essence, va à pied pour traverser le désert ! Est-ce possible !

Des ennemis, nous en aurons toujours car nous sommes tous concurrents dans ce monde et des salauds, il y en a autant en Afrique qu´ailleurs. Mais si nous négligeons sciemment de défendre et protéger nos intérêts, nous sommes nos propres fossoyeurs. Employer la radio, l´Internet; c´est bien joli, tout cela; mon expérience cependant m´a instruit que les africains écoutent ou lisent, mais sans saisir le sens réel de leurs propres intérêts à court ou à long terme, ils se laissent malgré tout entraîner par le courant quotidien aliénant. Pourquoi le changement, se disent-ils, le succès occidental réel n´est-il pas le chemin à suivre ? Ils ne voient pas que cet empire occidental est en crise de valeurs et d´adéquation de système, et que dans son désarroi, au lieu de défendre ses idéaux les plus élevés, ceux qui l´ont rendu crédible et hautement humanisé; il se laisse saborder par un retour à des schémas injustes et immoraux. La démocratie et la liberté dont on faisait et chantait l´éloge hier ne semble plus être valable que lorsque l´occident en profite et reste la norme et la mesure des choses. Mais est-ce là vraiment le sens de la liberté et de la morale ? Réfléchissez bien et vous aller arriver à la même conclusion que moi que ni la liberté, ni la démocratie n´existent réellement si ces deux valeurs sont conditionnés à une quelconque domination ou hégémonisme unilatéral.

Les intellectuels africains, s´ils existent, doivent le comprendre et s´en faire une marche à suivre; sinon, ils se disqualifient intellectuellement face à eux-mêmes, et même face à leurs devoirs. Si tant est qu´ils en ont. Parce qu´à voir comment l´Afrique noire est gouvernée et gérée actuellement, on se demande si l´Afrique ne vivrait pas mieux sans intellectuels ! Peut-être qu´avec uniquement des hommes pragmatiques, les choses iront mieux.

Le travail qui est à faire en Afrique est tellement immense, tellement profond que le mieux serait qu´il se fasse horizontalement à tous les niveaux. Cela permetrait, nomment d´aller plus vite au changement d´une part, et de l´autre de faire profiter à tous de ses avantages. Amitié,

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

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Commentaires
M
A la fin, on ne sait pas comment s´y prendre pour arriver à toucher non seulement le cœur, mais aussi l´intelligence africaine. Des siècles et des siècles d´errements et de soumission autant aux monde islamique qu´occidental a détruit dans bien de nous le sens impérieux, souverain et exigeant de la liberté. Et l´imaginaire de libre réalisation, cette inégalable richesse qui nous pousse à créer et à projeter le meilleur de nous-mêmes dans notre cosmogonie existentielle afin que celui-ci réponde à nos attentes et à nos ambitions, ce nectar supérieur de l´existence humaine a flétri en se muant en un horrible moutonnement lequel s´attache plus au suivisme, au train-train quotidien géré et conçu par l´occident. Sortir de ce gouffre improductif et prisonnier est bien plus difficile qu´on ne le pense. Car il faut non seulement se recréer une identité qui nous rende notre propre visage temporel, mais aussi remettre notre créativité et notre intelligence à jour afin de résoudre efficacement, sinon brillamment le défi existentiel que nos attentes nous imposent, autant que celui que nous insinue les autres cultures. Et particulièrement la culture occidentale qui domine le monde depuis bientôt 600 ans. Parce qu´à force de consommer à gorge déployée les matières premières du globe, ces étrangers nous confinaient, à l´avenir, au manque criant de ces minéraux qui prennent des millions d´année à se conformer.<br /> Le comportement africain actuel, on peut l´associer à la fameuse fable de La Fontaine : LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE. « Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés : on n´en voyait point d´occupé à chercher le soutien d´une mourante vie. » etc. On écrivait, on se débattait, on plagiait, on cafouillait…mais rien ne semblait pouvoir changer les choses ; à croire que les esprits, dénués d´un jugement réaliste autant qu´objectif, n´entendaient plus leurs propres raisons ou ne commettaient qu´erreurs et malfaçons dans leur débâcle solitaire. Le compas. Les africains auraient-ils perdu leur compas existentiel et vaqueraient, cahin-caha à un sort irraisonné et sans éclat ?<br /> Et pourtant, ce ne sont ni les grands esprits, ni la volonté du changement qui manquaient. Mais alors ? N´arrivait-on pas à se libérer du faux, de l´illusoire, des complexes et de l´infantilisme amassés durant des siècles ? Courrait-on comme un illuminé battu en course derrière les mirages produits par l´utilitarisme occidental, ou n´arrivait-on plus à libérer l´esprit de son aliénation et de son fatalisme ?<br /> Bien de question, hélas ; peu de réponses. Et cependant, le mal, lui, sur le terrain en Afrique, croît de jour en jour plus opprimant et blessant que jamais. Quant diable l´africain aura-t-il compris que personne ne peut faire sa liberté à sa place, et que s´il tenait à celle-ci, à la fierté de sa culture et à la réalisation des rêves de ses propres enfants, il se devait de mettre la main à la pâte. Et payer, comme toutes les autres cultures, du prix autant imaginaire que réel que sa liberté lui imposait, au lieu de jouer à cache-cache, au réclameur perpétuel ou à l´aliéné heureux assimilé que libre et indépendant ? S´agissait-il de fuir l´effort, la conception dont on ne se sentait pas capable ? Mais alors, peut-on m´expliquer ce qu´on entend par liberté, indépendance, souveraineté ou réalisation sensible ? Vivre cahin-caha, au bon hasard la chance ?<br /> Et je me demande alors si pour être ou se croire africain, il suffit de vouloir ou de se prétendre tel ; le changement, par qui serait-il fait ? Par l´occident, peut-être ? Ou par les analphabètes et les illuminés du passéisme qui abondaient en Afrique comme de la mauvaise herbe ? Je me le demande bien. <br /> Il faut du tout pour faire un monde ; de cela, j´en convient absolument. Avoir compris le problème ne veut pas toujours qu´on en connaît les solutions ; de cela j´en convient absolument. Mais le pire de toutes les attitudes, c´est de mentir et de se tromper soi-même en prétendant, tout en s´aliénant de plus belle ou en livrant pieds et points à l´aliénation et à ses maux, qu´on est fier d´être africain ou qu´on agit dans le sens de sa liberté !<br /> Curieux silence. C´est à peine si on n´entend pas les gens cuver leurs complexes…et tromper les apparences pour mieux se cacher de la honte qui les accable de jour en jour plus étroitement. Question de fierté culturelle, de couleur de peau, de niveau intellectuel… ? Qui sait. D´autres se complaisent à acclamer ou à créer des comités de soutien pour Obama…Notons bien que je n´ai rien contre Obama, absolument pas ; mais ces africains ont-ils oublié que chez nous la misère, la pauvreté, la francafrique sévissait à ciel ouvert ? Ce ne sera pas Obama qui viendrait en Afrique construire les routes, créer l´industrie et l´emploi ou bâtir des écoles et former les ouvriers et les cadres capables à résoudre au mieux les problèmes africains ! Ce devoir, il n´incombe qu´aux africains eux-mêmes. Et j´ai bien peur qu´on ne soit, de nouveau surpris à négliger son propre combat, à jouer l´admirateur des autres quitte à espérer ainsi déléguer ou déverser (même moralement) ses propres obligations existentielles sur tiers ? Or, on l´oublie souvent : ce qui se défend en Afrique - et cela depuis des siècles - ce n´est pas seulement l´avenir de l´homme noir et celui de sa culture ; mais bien aussi la fierté et l´honneur de tout homme noir où qu´il soit. Car ne l´oublions pas, si les noirs américains sont encore au bas de l´échelle sociale américaine ; c´est notamment par ce que depuis l´esclavage ils n´avaient su ni se défendre, ni opposer aux agresseurs occidentaux un idéal culturel exigeant et averti. Depuis, les blessures et les cauchemars du passé les poursuivaient à toutes les échelles de la société américaine contemporaine. <br /> A la fin, je me demande, être africain, au fait, qu´est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Quelqu´un peut-il me le dire ? Si nous fermons les yeux sur le désespoir et les douleurs des nôtres ; quels genres d´êtres humains sommes-nous donc ? Des génies ? Des êtres de devoir et de conscience ?<br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu.<br /> FR
S
Ce mot « médiocritasse » qualifie bien les élites africaines actuelles car elle ne sont ni capables de restaurer la culture africaine en lui donnant un visage et un contenu modernes, ni organiser leurs peuples en leur donnant les moyens et les outils nécessaires à l´épanouissement de leur avenir. <br /> Quand j´ai vu l´armement, l´équipement de l´armée et de la police kenyane faisant face aux troubles survenus après le faussement des élections, j´ai compris : rien n´a changé en Afrique. On dépensait toujours plus d´argent à organiser la répression de son propre peuple qu´à investir dans son avenir. Et comme toujours, les perdants étaient les peuples africains, et les gagnants les marchands d´armes et de fausse démocratie. <br /> On pourra dire ce qu´on veut, mais tant que le pouvoir africain continuera à se prostituer, à manquer aux devoirs de sa légitimation qui sont ceux de promouvoir et de défendre l´intérêt des leurs, ce pouvoir ne sera rien d´autre qu´un pouvoir d´oppression. Et tous les intellectuels qui se taisent et même qui assistent ce pouvoir dans sa luxure et sa médiocrité ne sont rien d´autre que des parvenus égarés au banc de la connaissance et du savoir. Car laisser des femmes et des enfants mourir de faim et d´apathie comme c´est le cas actuellement en Afrique ; ce n´est pas une preuve que ses intellectuels sont à la hauteur de leurs devoirs ou capacités !<br /> Toute culture consciente et respectueuse de ses enfants et de son avenir évalue le plus réalistement que possible autant le prix que lui exige sa liberté que celui que lui impose sa pleine et ouverte réalisation. Il est en effet question d´évaluer le prix d´efforts et de vigilance que lui inspire sa liberté. Car si une culture se refuse à payer ce prix ou à négliger les efforts que sa souveraineté et sa liberté exigent, cette culture est vouée à un sort des plus ingrat. Parce qu´aucune culture sur cette terre n´a pu réaliser une autre culture. Mais les destructions et les mal traitements sont plutôt monnaie courante. Notre histoire est là pour le confirmer. <br /> Autant dire que les africains que nous sommes, nous devons, comme les autres peuples du monde, payer notre tribut à la liberté ; du moins si nous tenons à notre identité, à notre culture, si nous tenons à protéger et réaliser les rêves et les désirs de nos femmes et de nos enfants. Oui, si. Sans cela, nous ne sommes que des fantômes culturels et des yoyos des autres cultures. Il ne suffit pas en effet de se réclamer de la couleur de sa peau ; des noirs, de nos jours, il y en a partout. Et même croire qu´il suffit de venir réclamer l´humanité ou la fin du racisme en occident pourrait nous dispenser de nos devoirs à domicile, des efforts que nous devons commettre pour mériter notre propre liberté ; tout cela n´est que prétexte et faux paravents. Les africains, qu´ils le veuillent ou non, qu´ils en soient conscients ou pas ; ils se doivent de faire la preuve qu´ils aiment et respectent leur culture, leur liberté, leurs fierté humaine autrement qu´en la réclamant aux autres ou en se faufilant, par incapacité et abandon de soi, chez ceux qui peuvent leur offrir ce qu´ils ne sont pas capables de s´offrir eux-mêmes. Qu´on se le dise. Question de fierté africaine. Et afin que personne ne se mette de nouveau à tromper son monde. Shaka Bantou, j´ai dit et je vous remercie !
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