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15 janvier 2008

De la valeur et du contenu de l´éducation pour l´avenir de l´Afrique

En guise de commémoration du 17-18 janvier 1961, date de l´assassinat du leader le plus charismatique de l´Afrique.

L´éducation : le talon d´Achille de l´Afrique

« Entre la liberté et l´esclavage, il n´y a pas de compromis » P.E.Lumumba

Introduction

Beaucoup de gens croient que l´éducation, c´est ce qu´on apprend à l´école et qui est plutôt l´instruction ou la formation professionnelle. D´autres croient que les bonnes manières, l´art aisé de se mouvoir en société ou de respecter les us et les usages courants ; c´est cela l´éducation. Et certes, ils n´ont tous pas tort, mais l´éducation, c´est bien plus que cela. L´éducation, c´est en réalité un ensemble de normes sociales reconnues ou louables que la société avalise ou se donne afin de préserver ses valeurs, les droits et les ambitions de ses membres. Et comme telle l´éducation touche et influe à la fois sur l´individu, sur les structures sociales que sur les principes et préceptes par lesquels la société est organisée et articule sa finalité. Elle est donc à la fois un moyen qu´un instrument permettant à la société autant qu´à l´individu dont elle protège la réalisation, une échelle de valeurs, une norme commune dont le contenu et la portée est de promouvoir, d´épanouir, de réaliser au mieux l´individu dans sa société et dans le monde. Or ce que l´individu défend, ce que la société dans laquelle il vit tend à organiser et garantir, c´est la liberté ou les conditions de liberté par lesquelles les attentes, les désirs et les besoins de ses membres se réalisent au mieux dans l´intérêt de tous. Ces conditions se retrouvent autant dans l´influence religieuse, dans les traditions usuelles, que dans les lois ou les idées qui s´imposent dans toute société. Et dans ce sens, l´éducation touche autant à toutes les valeurs importantes de l´échelle sociale de valeurs telles que le sens de l´équité et de justice, les libertés d´expression, les droits individuels et collectifs. Les valeurs éducatives projetées par une nation sur ses membres et sur la communauté internationale répondent non seulement à ses attentes, à sa philosophie existentielle et son art à découdre ou délier les conflits ; mais relève aussi du haut niveau de son respect pour les droits humains et l´existence elle-même en tant que telle.

Education : enjeux, projections d´idéal et d´ambitions

On le voit : l´éducation est le plus grand instrument social d´affirmation et d´assise de toute philosophie sociale. Et de par la flexibilité que lui imposent la connaissance, le savoir et les exigences grandissantes de la créativité autant que celles des droits et des jouissances individuelles et collectives, ce moyen de structuralisme et motivation sociale se doit de s´adapter, de répondre adéquatement aux impératifs évidents de l´existence et de la promotion de sa société. Afin de remplir au mieux sa tâche qui est de doter ses membres et sa société de meilleurs moyens de subsistance, d´épanouissement, de libre et paisible réalisation. Et si il y a un lieu où un idéal social révèle le mieux ses valeurs et ses ambitions, c´est bien dans l´éducation, l´instruction et les us et usages qu´elle entérine et protège. Ceux-ci à leur tour, viennent influer et foisonner dans la société en se projetant sur ses membres et son idéal lequel à son tour nourrit et encense les contenus de liberté et de réalisation de la société. Et quand la société est acculée à une quelconque impasse comme celle du sous développement ou n´arrive pas à se doter de moyens propices résolvant ses problèmes, on ne ferait pas tort de revoir les paramètres et les conditions dans lesquelles l éducation de ses enfants est faite. C´est souvent là que se trouve la clé du changement ou de tout progrès. Car si on veut des gens remplissant certaines conditions intellectuelles ou qualitatives, il faut les former et les instruire largement sur les attentes que la société leur confie.

Le défit de l´éducation en Afrique

Et afin de lever tout équivoque ou complexe prématuré, l´éducation est un défit partout dans le monde, pas seulement en Afrique. Sinon, pourquoi l´Allemagne de 2007 réforme-t-elle son enseignement, pourquoi la France qui compte aujourd´hui entre 20 à 30% de chômage de jeunes (Le plus élevé de l´Union Européenne) a-t-elle lancé, en 2007 d´une large réforme de son système éducatif ? Ces deux pays sont développés, et cependant, leurs statistiques sociales prouvent qu´ils ont des problèmes d´intégration et de création d´emploi. Or, sans formation professionnelle adéquate et sans créativité créant de nouveaux produits, l´amer chômage qui les gangrène va perdurer.

Le niveau actuel de l´éducation en Afrique est lié étroitement à son histoire. Sortant d´une tradition largement orale et ayant été, depuis le 7-8ième siècle de notre ère envahi par les hordes islamistes dont l´influence ne prit fin qu´au 19ième siècle, l´ Afrique s´est trouvée, dès son jeune âge de l´ère contemporaine, confrontée avec sa négation. Quant aux chrétiens, eux, ils envahirent à leur tour l´Afrique au 14-15ième siècle et y pratiquèrent, comme les islamistes, et cela pendant 450 ans jusqu´au début du 20ième siècle pour certains pays, un esclavage criminel qui dépeupla l´Afrique de 200 millions de ses enfants. Ces deux cultures ne s´imposèrent ou n´eurent facile à exercer leurs noirs desseins que parce qu´elles furent mieux armées, qu´elle pratiquaient et employaient l´écriture pour convoyer et entretenir leurs intentions d´une part, et de l´autre, que ces envahisseurs, avec l´aide du cheval et de la maîtrise navale, avaient une mobilité considérable.

Après la vague de décolonisation de l´Afrique des années 1960, l´Afrique a repris en main ses prérogatives de souveraineté et d´indépendance politique, économique et sociale ; ce qui inclus aussi le droit de gérer et d´énoncer souverainement les principes et les valeurs avec lesquelles ses enfants devaient être éduqués. Et c´est en effet ici que se perpétua le problème dont nous avons à découdre des maux aujourd´hui : les bases principielles, rationnelles d´idéalisation et de structuration sociale ayant été largement détruites par des siècles de subordination et de mépris étranger, mais aussi pris au dépourvu par le soudain vide conceptuel causé par le retrait des colonisateurs ; l´élite qui survécut jadis (Voir l´assassinat de Patrice Lumumba, Ruben Um Niobé, Amilcar Cabral, Thomas Sankara, Simon Kimbangu, Steve Bantou Biko…etc) crût qu´il suffisait, pour vaincre le manque éducatif et structurel des sociétés, d´adopter ou de laisser courir la norme du maître. Une façon comme une autre de sauter dans un train dont on espérait qu´il mènerait chacun à bon port. Or, ce ne fut ni le cas, ni l´intention de ceux qui avaient conçu ce train et qui en avaient soigneusement déterminé les arrêts et le parcourt. Les africains, s´ils étaient autorisés à voyager, furent descendus à des arrêts qui ne leur satisfaisaient pas. Parce que ne réalisant pas leurs attentes et leurs intérêts ni culturels, ni économiques.

Aujourd´hui encore, beaucoup d´africains n´ont pas encore compris qu´il ne s´agissait pas de prendre n´importe quel train, mais bien de créer son propre train et de descendre à l´arrêt qu´on s´était au préalable fixé. Prendre la destination qui réalisait non seulement nos rêves, nos désirs et notre culture, mais aussi celui qui développait nos capacités autant manuelles qu´intellectuelles propices à nous réaliser le plus profondément que possible. Parce que là est le sens de l´existence qui se veut libre et accomplie pour tout être humain, pour toute culture et société. Mais pour arriver à ce changement, il faut des gens qui conçoivent, réalisent et surveillent, comme dans toute culture organisée, ce but. Et au demeurant, comment y arriver sans changer l´instrument premier de formation et d´émancipation social qui est l´éducation parce qu´il touche à tous les facteurs, toutes les activités de la vie sociale ?

Les déboires actuels de l´Afrique prouvent que jouer à l´emprunteur ou à l´imitateur ne mène pas bien loin. On arrive, certes, à tromper quelques temps les apparences ; mais à la longue, les problèmes restent insolubles et deviennent plus douloureux.  On tourne en effet en rond en cultivant de faux symboles, de faux préceptes qui malgré tout ne menaient qu´aux portes fermées de la stagnation : celles qui engloutissaient les sociétés encore plus dans la dépendance, dans la pauvreté les exposant ouvertement à l´exploitation unilatérale scandaleuse de notre monde mercantile et aveuglement cupide. Seul celui qui court au mirage ou au miracle se laisse facilement berner ou tromper. Et si cela durait depuis des siècles, on peut se demander, après la soumission aux islamistes ou celle des chrétiens qui dure encore avec la francafrique : quel est diable le sens de liberté et de réalisation des africains ? Ce continent ressentait-il, a-t-il souffert dans sa fierté, dans son âme profonde de tous les crimes et les cruautés qui ont été exercés sur lui ? Et si oui, comment et quand cette Afrique voulait-elle changer les choses, si pas avec l´aide d´une éducation avertie et motivée ?

L´occident, l´histoire ne le cache pas, malgré ses belles théories d´humanisme, son christianisme et ses droits des hommes dont l´empire occidental nourrissait généreusement ses sociétés, cette culture a commis envers la race noire (mais pas exclusivement) tous les délits et les méfaits les plus bas pour arriver à ses fins, pour établir et conserver depuis 600 ans son hégémonie économique, financière et commerciale sur le monde. Et pour les africains, certaines questions se posent, à savoir : allons-nous continuer à chanter aveuglément les louanges de la révolution françaises de 1789 si pendant qu´on prétendit aller aux barricades pour défendre les droits des hommes ; que malgré tout, et visiblement sans le moindre gêne, on fit parallèlement l´esclavage des africains avec une passion toute animale ? Allons-nous continuer à apprendre à nos enfants que Napoléon était un génie militaire et un grand homme politique si en 1802 il rétablit l´esclavage aux Antilles ? Allons-nous continuer à tromper nos enfants en les considérant comme des idiots alors que l´histoire égyptienne, ainsi que la découverte au Congo des Bâtons d´Ishango ont prouvé que les africains, 22.000 ans avant d´autres cultures, inventèrent les sciences mathématiques et les pratiquèrent largement ? Combien de temps les africains allaient-ils cacher à leurs enfants que l´occident leur vidait les réserves des matières premières - et c´est dire leur volait leur dernière chemise tout en les empêchant de vendre leurs produits en occident, et tout en leur polluant l´air et l´atmosphère dangereusement ? Ne restait-il à nos enfants que le sort de zombie de consommation des surproductions occidentales pour se réaliser ?  

Ou ce christianisme qui nous apprenait que Dieu était blanc alors que l´histoire a prouvé que nous étions les premiers peuples sur la terre ; cette religion, tout en ayant cautionné et entretenu l´esclavage envers nous et sciemment fermé les yeux sur nos souffrances et toutes les immondes injustices qui avaient été exercées sur nous par les hordes esclavagistes et colonialistes occidentales…ce Dieu était-il un Dieu de tous et à tous ? De quel genre de religion, de Dieu s´agissait-il donc qui tolérait qu´on assassinat, qu´on priva de liberté et de droits un de ses enfants parce qu il avait la peau noire, jaune ou rouge – et ceci malgré sa propre Bible ? Un Dieu de tolérance ? Un Dieu de tous ? Un Dieu de justice ?

On le voit, beaucoup de questions et de vérités toutes autant douloureuses qu´incontournables. C´est à se demander : messieurs les marchands de la civilisation et du progrès, quel est donc votre véritable visage ; que signifie en vérité votre fameuse définition de la liberté et de la démocratie ? Selon toute vraisemblance, pour tous les autres que vous-mêmes, et particulièrement pour la race noire, cela signifierait-il la déchéance et la soumission perpétuelle ? Nos enfants, par contre, ont droit à exiger de nous des moyens de défenses prompts et efficaces afin qu´ils puissent légitimement faire valoir leurs chances. Car personne ne voudra nous faire croire que le rêve de tout enfant africain se limite à aimer et se à souhaiter joyeusement l´esclavage ! Quant à nous africains, si nous continuons, dans notre hérésie ou notre coupable innocence, à lui apprendre ou lui suggérer comme le veut tout l´occident hégémonique et surproducteur, qu´il doit aimer et aduler les produits et la culture occidentale ; ne participons-nous pas par-là même à notre propre négation ? Il ne faut pas s´étonner alors si cet enfant noir, à force de consommer étranger, dépense ses épargnes sans investir chez lui, ce qui crée le chômage et l´exode de ceux des siens qui devaient le sortir du manque et de la pauvreté !

Conclusion : La liberté africaine est un poids incontournable

A chacun dit-on le poids de ses devoirs et de ses ambitions. Si l´occident, hier, a toujours fait peser sur les autres le lourd fardeau de ses accumulations et de ses douteuses ambitions de grandeur, et aujourd´hui celui de ses surproductions ; l´Afrique, elle, ne peut se développer dans les mêmes conditions. Ceci accroît énormément l´effort imaginaire et créatif qui pèse sur l´éducation africaine, ses sociétés et ses membres. Surtout sur ses élites qui sont tenus de défendre et d´organiser la promotion des intérêts des leurs. Les sombres et douloureux siècles de dépendance et de soumission, la pauvreté actuelle des sociétés africaines ainsi que le retard industriel et technique de notre continent par rapport aux autres nations et continents n´arrangent rien aux choses ; pire, ces inconvénients ou handicaps exigent de l´africain conscient qu´il redouble d´effort et de vigilance. Wendell Phillips (1811-84) disait à raison à ce propos : « Eternal vigilance is the price of liberty ». Et vigilance ne signifie pas seulement rejeter sur les autres la responsabilité ou les erreurs qui ont conduit au marasme actuel. Il n´y pas que les occidentaux qui en sont responsables. L´Afrique doit aussi apprendre à se défaire de ses traditions archaïques. L´une d´elle, l´excision des filles, nous a été léguée par l´islam, cependant que l´instruction et la promotion des filles doit s´intensifier car c´est la femme qui éduque, dans n´importe quelle société du monde, l´enfant en premier. Eduquer une femme, dit un adage de l´UNICEF, c´est éduquer un peuple.

Nous savons tous que beaucoup de naïfs et d´aliénés en Afrique se sont déjà résignés et s´offrent volontairement à la corruption et à la trahison des intérêts des leurs ; cela est tout à fait regrettable. Mais nous devons avoir le courage d´y mettre fin. Car autant dans l´instrument d´éducation lequel n´est que le haut reflet de nos ambitions et celui de nos intérêts, il s´agit de notre liberté, de notre culture et de l´amour que nous portons autant à notre avenir qu´à celui de nos enfants. Habiller cet instrument d´une robe de gala nous permet d´aller à une belle fête humaine, à une célébration de l´existence qui rehaussera notre âme en l´honorant d´élégance et de fierté. Et son baume viendra soigner et panser nos blessures d´incessants siècles de mépris en nous rendant le sourire confiant et serein de notre propre liberté. Et même si logiquement nous admettons que nous dépendons les uns des autres; que la liberté, en définitive, est une valeur universelle, la dépendance et la pauvreté ne doit pas être le sort des uns pendant que d´autres se prélasseraient dans l´abandance et l´excès tout en arguant sournoisement de la liberté et de la démocratie. 

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

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