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25 février 2008

A propos du Méga deal entre la Chine et la RDC

Ce deal initié par Kabila serait d´un volume de 9 milliards $, et consisterait en la prestation d´une part de livraisons de cuivre et de cobalt ou autres matières premières à la Chine tandis que celle-ci construirait au Congo des voies de transports (notamment un échangeur et des voies ferrées).

Un deal de dupes plus démonstratif qu´utile au développement économique du Congo ?

Lorsque j´ai reçu à plusieurs reprises cette information que je connaissais déjà, je me suis dit qu´il était temps de l´analyser plus profondément. Et malgré tout je me fais violence parce qu´il saute aux yeux que ce fameux deal n´est rien d´autre que la nouvelle aventure d´un pouvoir pris à contre-pied par une réalité économique décevante et plutôt terne de dynamisme et de promesses. Ainsi s´empressait-on, comme le dictateur Mobutu l´avait fait, à faire recours au gigantisme inutile pour enfumer les gens. Et naturellement conserver ou justifier l´exercice du pouvoir.

D´abord, il ne s´agit pas de ma part d´un quelconque épanchement personnel; ce n´est même pas le fait d´un parti pris. Il est vrai qu´après mon voyage au Congo, et au vu et su de mes observations sur place, je considère l´élite au pouvoir actuel au Congo comme aventurière et profondément incapable. Et ce n´est pas seulement parce que Kinshasa croule sous les déchets domestiques.

Le Congo, il est vrai, est grand; on perd facilement l´orientation quand on n´a pas les moyens rationnels sévères d´analyser et de juger autant des voies et moyens que du potentiel de nécessités que ce pays exige pour le mettre sur la meilleure voie de développement.

Avant d´en venir proprement à ce fameux deal, je me permet de faire un petit éclaircissement: celui du contexte sociohistorique dans lequel tend, dans la mesure de l´intelligence et des possibilités créatives de son peuple, à se développer pour mieux remplir ses devoirs envers Tous ses enfants. Et je le souligne ici fermement parce, et cela m´a été confirmé à Kinshasa par les dires de quelques ministres médiocres, que le Shaba ou Katanga comme on veut, devait être privilégié ou que cette province devait dominer tout le Congo. je suis né au Shaba, c´est connu. Les conditions révoltantes et douloureuses dans lesquelles la famille Musengeshi a quitté cette province la veille de la proclamation de l´indépendance me mettent dans l´embarras.

Pourquoi ? Simplement parce d´une part je suis resté Lumumbiste, et de l´autre, je n´ai ni oublié, ni pardonné nos biens saisis illégalement autant que la mort tragique de mon grand père. Aujourd´hui encore, lorsqu´on me parle de cette province où mon père a été premier bourgmestre élu avant l´indépendance, j´ai, et je l´avoue sincèrement, une colère qui ne s´est ni assagie avec le temps, ni avec la distance. J´ai toujours difficile à croire que des gens qui se sont abaissés à de tels actes de barbaries et d´injustice se soient aujourd´hui, et sans réparer ou se distancer de leurs actes passés, devenus des démocrates consciencieux et avertis. Peut-être suis-je resté ancré dans une logique de jugement de faits réels, qui sait.

Il est tout de même bizarre que Simon Kimbangu, Patrice Lumumba aient tous été transférés au Katanga pour y être assassiné...ou emprisonné à vie. Curieux et plutôt, en ce qui me concerne, hautement suspect.

Maintenant, si vous voulez, revenons à ce fameux deal proprement dit. Je ne sais pas combien de fois on doit dire aux africains, et particulièrement aux congolais que le progrès ne s´achète pas, il se conçoit et se réalise ! C´est dans l´organisation et l´adéquation des modules de production, dans leur critique et leur perfectionnement que le progrès, et bien sûr la réalisation du développement se découvre et s´entretient. Dans ce deal si faussement élevé au deal du siècle ou à un chantier exceptionnel pour l´avenir ou le développement du Congo, on n´achète, en définitive qu´un ou plusieurs vulgaires instruments d´emploi. Or, la logique économique la plus élémentaire dit qu´on ne construit pas une route avant d´avoir construit la voiture qui doit y circuler ! Ce défaut, il est hélas, courant aux africains qui, dans leurs complexes ou leurs aveugles désirs de se propulser ou de se donner les apparences du progrès, tombent, hélas dans l´amateurisme de consommation le plus infantile. Au grand intérêt et plaisir des exportateurs étrangers, naturellement.

En fait, tout ce deal ne serait, en définitive, que la plateforme coûteuse permettant aux industries étrangères de vendre leurs automobiles au Congo, et ce faisant de s´emparer des accumulations financières congolaises. Pourquoi ne pas employer, comme je le ferai à leur place, ces 9 milliards pour mettre sur pied l´industrie du fer et celui des outils de production mécanisés à jour ? Quitte à employer, si les ingénieurs et techniciens congolais manquent, les chinois ? Le Congo possède une considérable réserve de fer, et bien de techniciens au chômage ou sous employés. Pourquoi diable ce délire africain et particulièrement congolais s´accrochant au voyeurisme disqualifiant de la facilité ?

Dans cette histoire, j´ai plutôt l´impression qu´un enfant des maquis voulait se doter d´un rêve ou d´un jouet illuminé qui témoignerait de son arrivisme. La fin du maquis tanzanien ou du marché aux oeufs durs...Ce que ce projet ou ce rêve représentait pour la société dans son ensemble économique était de seconde importance. Et permettez ma retenue quant à tous les badauds et inconscients qui applaudissaient ou se laissaient aveugler par de telles bourdes mettant la charrue devant les boeufs. Mais où étaient donc les économistes et les ingénieurs congolais pendant qu´on leur volait le travail, les finances, la conceptualité ? Tous en train de dormir ou couchaient-ils tous devant cette criante malfaçon économique ?

Personnellement je me demande pourquoi de telles erreurs émergent toujours de cerveaux africains. La logique renversante de tels projets est tellement ahurissante et frappante qu´on se demande si les africains, dévorés par leurs aveuglement à sortir de la misère et de leur dépendance envers l´occident, ne se jetaient-ils pas avec fracas...aux pieds de leurs geôliers et prédateurs d´hier ! Voir les choses solidement, en développant à chaque pas les aptitudes et les capacités de ses propres enfants en leur demandant de faire montre du meilleur d´eux-mêmes; pourquoi cette démarche semblait insatisfaisante ou insuffisante aux africains, que diable ? La Chine, cependant montrait que c´était la seule voie véritable de développement !

A la fin, je vais finir par croire qu´il y a un mépris évident de l´africain, du congolais envers lui-même ou les capacités de ses propres enfants. Or, le progrès n´est pas un miracle extérieur qu´on doit acheter ou s´en approprier de l´usage; c´est plutôt la réalisation de rêves et d´attentes profondément échues d´un peuple, d´une nation. Et on doit se demander si, encore une fois, avec le vulgaire troc d´un tel projet, on ne confirmait que le manque de confiance et de capacités qu´on entretenait à l´endroit de ses propres enfants et de leur avenir ! Encore une fois. Ni la France, ni les Etats-Unis, encore moins la Chine ne se sont abaissés à de tels deals condamnant l´intelligence et les capacité des leurs. Bien au contraire. Mais alors, pourquoi les africains croyaient-ils que pour eux l´heure ou le sens de l´histoire fonctionnaient autrement ?

Comme je connais les congolais, ils vont jubiler et acclamer ce projet. Puis, comme hier avec Mobutu, ils vont se mettre dans quelques années à pleurer des larmes de crocodiles sur les conséquences négatives que ce projet révèlera. L´occident, elle, se frottera les mains: encore des idiots qui crieraient à l´aide et à l´assistance. Après tout, cette culture ne vivaient actuellement plus d´elle-même, mais des erreurs et faiblesses de leurs victimes du passé. Et si certains rejettent toute la responsabilité à Kabila alors, ils auront tort car le peuple qui se choisit un incapable pour le gouverner ne peut pas se plaindre si ses rêves et ses attentes sont traînés dans la boue. Ou Kabila serait-il un génie issu des maquis tanzaniens et d´une université jadis inexistante... à Washington ? Le génie africain, décidément, est fabuleux. Un échangeur ou quelques kilomètres de routes ou de chemin de fer ne font pas encore le développement d´un pays. Ne nous y trompons pas.

Musengeshi Katata.                                                                                                                                      Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu.

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Commentaires
S
Tout se passe en Afrique, et particulièrement au Congo de la RDC, comme si n´importe quel arriviste venait au pouvoir pour réaliser sa petite fantaisie des marais. Ce projet Mégadeal n´est rien d´autre qu´un machin plus illuminé et instinctif que raisonné et s´inscrivant logiquement dans une organisation économique consciencieuse. Qui cela étonne-t-il ? Un président qui commençait par aller chanter les louanges d´un Léopold II en Belgique comme l´a fait Kabila le 10 février 2003 devant le Sénat belge ne réserve rien de bien intelligent et nationaliste à son peuple. Apparemment il n´est pas sorti de son passé de maquisard en forêt tanzanienne. <br /> <br /> Cette histoire me rappelle la blague d´une vielle dame qui cherche un pénis artificiel dans un magasin d´articles sexuels. Le vendeur avait beau lui présenter les derniers modèles, la petite vielle ne semblait pas satisfaite jusqu´au moment où elle leva la main pour désigner derrière le vendeur un choix inédit. Pas possible, repoussa le vendeur. Ah, et pourquoi ? Demanda-t-elle emballée. Mais parce que c´est ma bouteille thermos, madame, lui répondit le vendeur en riant. Cette fièvre de la surdimension et du gigantisme ! S´écria pour lui-même le vendeur lorsque la petite vieille eut quitté le magasin non sans une grimace déçue. <br /> <br /> C´est la blague qui qualifie le mieux ce qui se passe au Congo en ce moment. A force de vouloir se débarrasser de la castration politique et économique que la Belgique et l´occident exerçaient sournoisement sur elle, l´élite de ce pays se laissait aller à des délires irraisonnés de projets prêts à porter. Or ceux-ci avaient la qualité bien connue de détruire le travail et d´engloutir les accumulations sociales en ajournant ainsi les chances de réel développement économique et financier de ce pays. <br /> <br /> Celui qui croit que l´économie n´est pas un domaine complexe, surtout dans le contexte antagoniste et sournois d´aujourd´hui est d´une idiotie de la plus dangereuse promiscuité. Et je pense très sincèrement qu´on devrait cesser de rêver ou de croire que le Congo est un conte de Grimm où avec quelques formules douteuses on fait des miracles. <br /> Shaka Bantou, J´ai dit et je vous remercie !
M
Il ont tous bonne allure, ces gens; la question est pourquoi se comportent-ils si faussement envers les leurs en condamnant les hauts diplômés et les hauts techniciens africains au chômage avec des projets qui nous ruinaient tous ? Le premier devoir d´un projet dans un pays sous développé, c´est de produire en créant l´emploi à son plus haut niveau afin, d´une part de générer des revenus civils imposables et de l´autre, de permettre le développement des facteurs professionnels et fiscaux permettant de soutenir la société. Et j´insiste: créer l´emploi et donner un revenu aux citoyens afin que ceux-ci le réinvestissent dans le circuit économique ou épargnent, ce qui profite aux banques et aux industriels. Les africains veulent se bombarder dans le progrès sans employer les leurs; mais qui diable achètera les produits locaux ou entretiendra ces usines ou projets fumeux clé sur porte ? Il est à mon avis temps que ceux qui savent cela cessent de jouer les aveugles et les désintéressés, car ceux dont on dilapide les fonds, ceux qu´on conduit de décennies en décennies à la pauvreté et à la mendicité, ce sont les nôtres ! En ce qui me concerne, je suis catégorique: qu´on cesse immédiatement cette criminelle escroquerie. Demain, on entendra les mêmes pleurer des larmes de crocodile qu´on les pille ou qu´on les appauvrit alors qu´ils en sont en grande partie responsables. Cessons d´être faux, il en va de l´avenir de nos femmes et de nos enfants. C´est notre liberté et celle des nôtres qu´on brade et qu´on piétine avec cet infantilisme économique qui ne mène nulle part, sinon à la ruine. On ne peut pas cracher sur sa propre indépendance et sa propre souveraineté économique et financière à ce point. c´est du pure suicide, ce genre d´illuminations gratuites.<br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu<br /> FR
D
encore une fois je partage votre opinion même si je trouve que vous avez le verbe très dur.<br /> En fin de compte, l'Afrique dans son ensemble n'arrive pas à sortir de la société agricole pour embrayer sur la société industrielle qui mettra enfin en valeur les compétences de tous les diplômés qui rongent leur frein sur le continent. <br /> corrigez moi si je me trompe ou si ma vision des choses est trop simpliste.<br /> <br /> pour revenir sur les élites congolaises, <br /> Si je vous suis, Shaba = Katanga.<br /> donc que pensez vous de Monsieur Moïse Katumbi, j'ai eu l'occasion de le découvrir dans un reportage et il m'avait laissé une bonne impression.
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