Chine: ou quand l´industrialisation devient un enfer écologique
Certains pays veulent s´industrialiser, mais c´est à peine s´ils arrivent à en remplir les conditions ; pour la Chine, par contre, la poussée industrielle est tellement forte que les changements qu´elle entraîne dépassent toutes les dispositions jusque-là connues pour protéger ou organiser…l´équilibre naturel, la demande énergétique croissante, les besoins en spécialistes et de matières premières dans les domaines les plus variés.
Culture de choc du changement et du smog gratuit
Rien ne sert de courir, il faut partir à point…
Au fait, bien de gouvernements du monde, de pays africains seraient heureux si un tel ouragan économique et industriel les entraînait, sous des investissements fiévreux et empressés, dans une vague de développement que l´Etat chinois, pour se préserver de la surchauffe et des impasses du défaut de facteurs et de moyens de production devant, pour mieux maîtriser les changements, s´agencer.
Absolument incroyable. On construisait partout des routes, des ponts, des usines, des centrales électriques, des écoles, des universités…toute la Chine était en ébullition. On estimait à 3 millions le nombre d´ouvriers journaliers se déplaçant de centre industriel en centre industriel pour ériger des travaux de construction. Sur la base de la PPA, le poids économique du pays a plus que doublé, passant de
5,1 % du PIB mondial en 1985 à 12,5 % en 2003. Cela a permis à la Chine de devancer le Japon au titre de numéro deux mondial, depuis 1995.
Rien à dire, la Chine est un géant ambitieux et performant
La Chine peut espérer rejoindre l´économie américaine sous peu. Il faut dire qu´avec l´ élan d´industrialisation en cours de son économie, le potentiel de croissance de l´économie chinoise est plus de deux fois plus élevé que celui des Etats-Unis qui eux sont arrivés à maturité depuis bien longtemps. Selon le Fond monétaire international (FMI), pour absorber la migration des travailleurs ruraux à la ville, l´économie doit croître d´au moins 7 %, soit la croissance nécessaire pour générer entre 20 et 25 millions de nouveaux emplois par année (on estime un surplus de travailleurs d´environ 150 millions de personnes en Chine). A ce rythme, la taille de l´économie chinoise, mesurée selon la PPA, va surpasser celle des États-Unis d´ici 2018. Bien entendu, la progression effrénée observée au cours des dernières années ne pourra pas être maintenue indéfiniment. On n´a qu´à penser aux problèmes démographiques que la Chine risque d´encourir en raison de sa politique « d´enfant unique ».
Une influence de plus en plus grandissante sur l´échiquier mondial
Avec une progression moyenne de près de 8,5 % de 2000 à 2004, la Chine a contribué pour plus du tiers de la croissance de l´économie mondiale, soit bien au-delà des contributions de la zone euro et du Japon. C´est ainsi grâce à la Chine que l´économie mondiale n´a pas sombré en récession avec l´économie américaine, à la fin de 2001. Avec un tel essor économique, il n´est pas étonnant que la Chine soit devenue un leader mondial dans plusieurs secteurs d´activité internationale. Déjà, elle est le plus grand consommateur et producteur d´acier au monde et se classe parmi les plus importants consommateurs d´aluminium, de zinc, de cuivre et de ciment. De plus, ses besoins grandissants en énergie ont fait passer ce pays au deuxième rang de la consommation mondiale de pétrole en 2003.
Source de croissance : un boom sans précédent de l´investissement
Depuis son accession à l´Organisation Mondiale du Commerce, en décembre 2001, l´ouverture de la Chine au commerce international a été phénoménale. Les exportations ont connu une hausse constante pour atteindre plus de 35 % en 2004 : une des principales sources de croissance de l´économie chinoise. L´Asie demeure le marché prédominant à près de 50 % des exportations chinoises totales, mais son importance diminue année après année depuis 1995, au profit des exportations via l´Europe et les États-Unis, qui ont presque quadruplé au cours de la même période. En particulier, le poids du marché américain est passé de 16 % des exportations totales de la Chine, en 1995, à 21 %, en 2003. Tendance croissante.
Avec le poids des dépenses de consommation relativement stable dans le temps, la croissance effrénée de l´économie chinoise depuis les dernières années revient au boom sans précédent de l´investissement. En raison de l´industrialisation, le flux migratoire des travailleurs ruraux vers les villes fait en sorte que les besoins pour de nouvelles usines, l´élaboration des infrastructures et la construction de nouveaux logements sont très élevés. Depuis 1999, la croissance des dépenses d´investissement évolue dans les deux chiffres, et malgré les mesures restrictives, le rythme n´a ralenti qu´à 25,8 % en 2004, une mince baisse de 1,9 % par rapport à l´année précédente. Le poids de l´investissement est ainsi passé de 25 % en 1995 à près de 42 % du PIB en 2003. Entre 2003 et 2006, l'économie chinoise a connu un taux de croissance moyen de 10,4% par an, soit un niveau nettement plus haut que la moyenne mondiale de 4,9% à la même période.
Les revers de la médaille de cette véritable explosion en avant
De tous les désavantages accompagnant généralement un tel effort économique, celui auquel on a difficile à pallier en ce moment est la détérioration écologique de l´environnement qui, comme une traînée rouge, suit l´irrésistible vent de l´industrialisation chinoise. L´air est lourde de smog dans les villes à haute concentration industrielle, les cours d´eaux sont aigres et pollué à ce point que le poisson y est devenu rare. Et à quelques jours des Jeux Olympiques de Beijing, l´Etat chinois a dû fermer 137 usines autour des enceintes et du village olympique dans un ultime effort de purifier l´air. Tandis que la côte de Beijing est débarrassée d´une algue marine envahissante témoignant de la destruction de l´équilibre naturel écologique de ses eaux. Et selon toute vraisemblance, l´air à Beijing sera bien plus lourde que souhaitable pour les athlètes du monde participant aux premiers jeux olympiques chinois ; tant il est vrai que l´air qu´on a pollué pendant des années ne se purifie pas aussi rapidement comme dans un appartement. Dommage. Espérons que ce désagrément momentané ne ternira pas la qualité et l´organisation de ces jeux internationaux d´un prestige évident pour la Chine.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
Forum Réalisance