Sur la coupable neutralité des africains
En commentaire à l´article de africamaat relatant l´entretien entre Dr. Yves Ekoué Amaïzo, auteur et Directeur du Think Tank Afrology et Ghislaine Sathoud.
Ne pas cacher la vérité ou la fausser, mais l´utiliser au mieux
J´ai lu avec intérêt cet article qui comporte bien de profondes vérités ; seulement, conscientiser comme nous essayons tous de le faire...il faut savoir de quoi il s´agit affectivement d´une part, et de l´autre, il faut s en octroyer les moyens ou les mettre efficacement en oeuvre. De ces deux conditions, les africains (au pouvoir ou même ceux de la diaspora) n´en approchent que très peu le sens effectif à mon avis. Notre drame, c´est l´irréalisme objectif qui dévore le sens de l´histoire de nos sociétés et de nos cultures. Tout cela, en définitive, se transforme en l´image d´une équipe de football perdante où exacerbés, les individualités s´exercent abusivement au lieu de puiser dans le jeu collectif et discipliné la force et les moyens de battre l´adversaire ou, du moins de lui opposer une résistance honorable. Pour illustrer mon propos, je vais prendre l´ouverture des jeux olympiques de Pékin à Beijing : on a pu voir et apprécier combien importante et déterminante était la fierté culturelle chinoise face à son legs et ses valeurs socioculturelles du passé. Ces jeux, au lieu de faire comme tous les africains qui aiment à afficher leur occidentalité pour se prétendre moderne, ont célébré les instruments de musiques, le savoir faire technique et scientifique, ainsi que la diversité culturelle du Peuple chinois avec une élégance quasi amoureuse du savoir faire de son passé.
Lorsque les africains comprendront cet amour, cet attachement attentionné à leurs cultures respectives et lui donneront les moyens de s´affermir et de donner des réponses adéquates aux exigences contemporaines de l´existence ; ce jour-là ils vont faire un grand pas en avant. Mais tant qu´ils se débaucheront, qu´ils imiteront sans grand talent ni doigté à se conformer à la domination culturelle occidentale ou se laisseront à loisir détruire par leurs ennemis ou des dominations coupables, leurs vues seront toujours tronquées et faussées par des paramètres qui les éloignent de leur propre vérité et intégrité historique. Il y a trop d analphabètes en Afrique, et l´africain moyen n´a qu´une notion brumeuse de l´économie. Par ailleurs, lorsqu´on ne sait pas défendre ses femmes et ses enfants des crapules internationales qui les pillent, les ruinent et les assassinent avec des moyens modernes du commerce ou de l´économie (les méfaits de l´endettement aliénant, de l´aide assujettissante...de la détériorations des unilatérale des termes d´échanges, du protectionnisme commercial occidental partial, de la détérioration écologique mondiale...etc) ; parler de conscientisme ou même en appeler aux africains pompeusement à mieux s´occuper de leurs affaires ou de leurs intérêts...n´est-ce pas un peu exercer un sarcasme autant gratuitement hautain que malsain ?
Autre chose : croire que l´Afrique se développera avec la diaspora est le pire des mensonges qui soit ; ceux qui propagent cette affabulation veulent enfumer les gens ; ce qui prouve, encore une fois, qu´ils n´ont aucune notion ni d´économie, ni d´un sain réalisme culturel objectif. Même la Chine, aucune culture ne s´est développée ni de l´extérieur, ni en se fondant sur des idéologies étrangères ou importées. Il faut être naïf ou foncièrement idiot pour le prétendre. Si nous voulons vraiment obtenir des résultats sociaux, économiques et culturels valables nous permettant de sortir de notre marasme actuel, nous devons cesser de nous faire des illusions ou de nous abreuver de faux rêves quelle que soit la fierté de réussir à tout prix qui nous ronge l´âme. L´économie qui est le premier bras droit de la culture ne se nourrit ni de négligence, ni d´aliénation. Et si l´un doit nécessairement nourrir l´autre et célébrer ses efforts et les soutenir dans leur épanouissement ; ces deux grandeurs restent liées à l´originalité, à la liberté et à l´avenir d´un peuple ou d´une race. Ne pas le comprendre ou vivre en dessous ou au deçà de cette évidence nous cause à nous tous africains les malheurs et les déboires que nous connaissons actuellement.
Le travail de franchise et de sincérité serait d´instruire les enfants le plus efficacement et sévèrement que possible de notre sens le plus profond du passé et des sciences, techniques, et leur demander de créer et de projeter le meilleur d´eux-mêmes dans leurs réalités culturelles quotidiennes afin de résoudre leurs problèmes et répondre aux questionnements techniques et scientifiques des temps modernes. Et pas comme on le fait aujourd´hui où certains gaspillent les ressources du peuples à importer des résultats tous faits de cultures étrangères, ou de ceux qui brillent à appliquer aux leurs des valeurs culturelles étrangères n´ayant pour résultat que de dérouter les leurs ou les aliéner à un sens de l´histoire qui n´était ni le leur, ni dans leurs intérêts. Autrement dit : les africains doivent redevenir et rester africains tout en se modernisant et en s´émancipant mentalement pour éclore en eux un sens idéal et particulier de leur propre identité culturelle. Parce que, comme on le voit partout ailleurs et même en Chine, c´est celui-ci qui est le véritable coeur précieux de toute culture, et c´est dire de l´existence elle-même.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
Forum Réalisance