5000 délégués démocrates, prés de 50.000 invités, 15.000 journalistes attendaient, à Denver depuis le lundi 25 août, avec impatience et expectative les discours couronnant officiellement la candidature d´Obama aux présidentielles de novembre face au candidat républicain John McCain. Le discours d´Hillary Clinton au deuxième jour a été absolument brillant…
 

Des femmes et des hommes ambitieux pour les leurs.

Au premier jour, ce fut le discours de Michelle Obama qui rallia tous les délégués autour de la candidature de son époux ; elle le fit avec son élégance habituelle, sans quitter ni renier ses origines et la légitimité du rêve américain dont elle estimait, non sans fierté et admiration, que Barack Obama, son époux, en était le meilleur prétendant démocrate. Discours émotionnel, certes, mais hautement motivé et réfléchi qui toucha le cœur et l´appartenance politique de tous délégués émus. Un grand moment qui enflamma toute la salle. 

Mais au second jour, tout changea tout à coup ; on attendait non sans crainte le discours de la perdante des préliminaires démocrates : Hillary Clinton. Et lorsqu´il fut l´heure, toute la salle en cœur salua l´entrée de la femme la plus populaire du parti démocrate. Son discours fut brillant, autant passionnel concret qu´orienté vers la reconnaissance d´Obama comme son candidat à elle et celui qui avait le mieux la chance, comme elle le dit en entrée de discours, à permettre aux démocrates de «… reprendre leur pays… ». Un discours digne de la femme la plus intelligente et la plus versée en politique du monde ; ce qui, dans certains passages de suspends, fit pâlir Michelle Obama dans la salle, tant elle se rendit compte combien cette femme était douée et éloquente. Il aurait suffi à cette femme de mettre son nom à la fin d´une de ses puissantes tirades pour que la salle enflammée se rabatte de son côté. Cela aurait causé bien d´embarras au parti démocrate et à l´élection future d´Obama, d´autant que beaucoup de ses électeurs ne se consolaient pas encore de sa défaite. Or le parti et Obama avaient besoin, pour réussir, des voix déçues ou indécises de cette puissante Dame de la politique américaine. 

Bill Clinton, pour sa part, fut ému au bord des larmes devant l´élégance que la prégnance du discours excellemment structuré que tint sa femme. On crût lire dans ses yeux certes l´admiration, le regret que sa femme n´aie pas enlevé les préliminaires, mais aussi – et c´est ici une simple spéculation personnelle – de tout ce que dans ses écarts ce Bill Clinton lui avait fait endurer dans sa profonde fierté de femme. De son côté Joe Biden fut enfin soulagé lorsqu´à plusieurs reprises, et sans le moindre hésitation aucune, Hillary se reconnut du candidat Barack Obama et convia tout le parti démocrate, tous ses électeurs à voter Obama en Novembre. Ouf, croirait-on l´avoir entendu souffler : nous sommes passé bien près de l´éclat indésirable. Tout était donc en ordre.

Le discours d´Hillary Clinton à cette convention d´investiture démocrate sera certainement étudié ou disséqué par les journalistes de toutes opinions qui y trouveront, selon leurs appartenances politiques ou leur goût d´intrigue, au-delà de son élégance et de son talent oratoire exceptionnel, une note de dépit ou d´amertume. Et je reconnais moi-même que cette femme est certainement la meilleure politicienne du monde, sinon une oratrice d´un talent de synthèse et de conviction inégalable. Et que sa popularité autant que ses convictions mériteraient qu´elle soit un jour présidente de ce grand Etat américain, parce qu´elle en avait, mieux que bien d´hommes ou de femmes, le talent. Mais voilà, il faut apprendre, comme Hillary, à laisser l´église au village…elle a été assez réaliste pour reconnaître sa défaite, autant qu´elle sait - et pas seulement par simple fairness - qu´elle doit se garder de provoquer ou de perdre l´appui de son parti si elle veut garder ses chances ouvertes un jour prochain de briguer la présidence de son pays les Etats-Unis. 

Un des orateurs qui m´a le plus impressionné, fut Mark Warner (Virginie) qui parla quelques temps avant Hillary. Parce que mieux que tous les orateurs précédents, il alla en détail et avec précision au cœur du problème américain contemporain en qualifiant avec justesse que ces élections n´étaient pas, contrairement à ce que les gens le prenaient par trop spontanément, un choix entre démocrates ou républicains, entre ceux du Sud ou du Nord, entre les riches et les pauvres ; mais bien entre le passé et l´avenir ou encore entre un président ancré dans le passé et celui qui aurait une vision ambitieuse et innovatrice pour promouvoir un meilleur avenir aux américains. Il parla de l´indépendance de l´énergie que l´Amérique d´Obama voulait réaliser, et critiqua une gestion bushiste illuminée qui avait dépensé les ressources humaines et financières dans des guerres grotesques et ruineuses, ainsi que dans des structures économiques et industrielles conservatives et dépassées, sinon incapables à préserver l´avenir dans le monde changeant et exigeant de demain. Apparemment les républicains ne semblaient pas saisir que face à la Chine accourant à grands pas à l´excellence mondiale, la course pour l´avenir était ouverte. Et celle-ci ne pouvait se gagner que par l´innovation, la créativité industrielle assidue et l´utilisation optimale des facteurs de production. 

Et je dois avouer qu´avec Mark Warner j´ai été autant séduit que réconcilié avec les démocrates. Parce que cela m´a laissé entendre que le discours si souvent incompris d´Obama a été bien perçu par ceux qui s´étaient donnés la peine d´aller au fond du problème qui sous des aspects divers et des variantes contextuelles ou géopolitiques, touchait le monde entier, mêmes les africains ou les islamistes extrémistes qui trompaient leurs monde avec un absolutisme religieux qui, en lieu et place de s´industrialiser, de créer le bien être pour les leurs, croyaient primitivement qu´il ne s´agissait, dans l´existence, que de croire aveuglement à une religion quelconque ! Cette cécité, cet illusionnisme gratuit et borné, n´est-ce pas ! Croyait-on que le progrès se ferait à coup de sourates  aussi passionnées soit-elles ; ou s´achèterait chez ceux qui se seraient donnés la peine d´inventer et de produire ? Mais alors il faudrait avoir les moyens financiers d´acheter…indéfiniment. Est-ce possible sans produire soi-même et développer l´intelligence et la créativité des siens ? Faut pas rêver…Les démocrates, en tout cas, ne se font aucune illusion : il s´agit de protéger et de garantir l´avenir de chacun de leurs enfants dans un monde où la concurrence, prochainement, deviendra accrue et sélective au plus haut niveau. 

Musengeshi Katata                                                                                                                                            "Muntu wa Bantu, Bantu wa muntu"

 

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