Zimbabwe: un accord franc et résolu vers un meilleur avenir ?
L´accord solennellement ratifié ce lundi 15 septembre 2008 scellant le
partage politique du pouvoir entre Mugabe (Zanu-PF), Tsvangirai (MDC) et
Matambara (MDC indépendant) donne au MDC et à Tsvangirai le poste de premier
ministre et 13 sièges au gouvernement, le MDC indépendant, lui, obtient 3
sièges, tandis que la Zanu de Mugabe conservait 15 sièges. En tout don un
gouvernement de 31 sièges. Tout est-il dit ?
Les premiers pas d´un grand espoir ?
« L´espoir est une fleur bien délicate, mais si on n´oublie pas d´arroser sa plante gracile et fière ; son éclat épanoui est d´une telle beauté, d´une telle richesse qu´il est capable d´assagir les rêves les plus exigeants sans que ni l´éclat de robe d´élégance, ni son malicieux sourire ne ternissent »
Au moment où Tsvangirai devient chef du gouvernement, on se demande ce qui
va changer et si, contrairement à Mugabe, il a plus de talent pour mieux
organiser la société, investir et inciter les investisseurs réticents face à
Mugabe à investir dans le pays. S´il parviendra à dynamiser l´économie nationale
abattue et désordonnée vers une logique de production permettant à ses facteurs
de redevenir fructueux et positifs afin qu´un meilleur avenir s´ouvre enfin aux
zimbabwéens ?
Il faut l´espérer. En tout cas cette démocratisation du pouvoir permet, si
elle est bien et utilement employée, d´aboutir sur une bien meilleure prospérité
que n´y était arrivé l´infortuné Mugabe. Le problème du Zimbabwe n´est pas
seulement, comme on le croit par ailleurs dans toute l´Afrique, et même comme l´occident
veut l´imposer aux africains sous une forme de culture démocratique conduisant
aveuglement à l´aliénation économique et culturelle à l´occident: une question
de partage ou de simple gestion du pouvoir dans la logique, la condescendance
des prérogatives des intérêts occidentaux ou étrangers. Le pouvoir africain, mieux que
jamais et outre qu´il doit respecter et promouvoir les intérêts des
siens ; il doit lui aussi répondre aux exigences rationnelles, techniques
et scientifiques créatives de moyens et d´instruments économiques, financiers
et intellectuels assurant un louable avenir libre, indépendant réellement et
techniquement et financièrement libre. Trop de gouvernements en Afrique
oublient par trop souvent cette exigence fondamentale de l´exercice du pouvoir
à ce point qu´on se demande s´ils n´étaient pas tout simplement des parvenus ou des vassaux de
l´empire occidental ! Ou alors s´il ne s´agissait pas d´illuminés qui
n´avaient qu´une notion surfaite, banale et expectative de leurs fonctions.
Au moment où la quatrième banque américaine, la Lehman Brothers, ce lundi 15 septembre 2008, fait son dépôt de
bilan auprès de la Cour des faillites des Etats-Unis avec un endettement de 613
milliards $ contre 639 à son passif en secouant les milieux financiers du monde
entier, et qu´une autre banque américaine : la Merril Lynch, pour échapper à la banqueroute, est vendue à 50
milliards $ à la Bank of America; rien n´est plus comme avant dans le monde des
finances dans lesquelles nous vivons. Après l´écroulement de plus de 10 banques américaines, si quelqu´un
affirme que tout va bien ; celui-là doit être bien aveugle…ou
dangereusement optimiste. Car si ceux qui prétendent ou prétendaient encore -
et cela malgré la crise économique qui sévit dans le monde entier, mais aussi
malgré l´échec évident de l´occident à réaliser ou organiser un climat d´épanouissement
économique et financier utile et valable pour tous - que nous devions suivre
leur exemple, emprunter leur logique et placer leurs intérêts au dessus des
nôtres alors que visiblement nous nous appauvrissons chaque jour encore
plus sous leur aveugle chosification ; il faut croire que ces gens ne font
aucun cas de nos droits légitimes à l´indépendance, à la réalisation
culturelle et matérielle des nôtres.
Ainsi donc, est-il grand temps de chercher et de trouver les voies et
moyens pour nous épanouir et nous développer nous-mêmes. Et ceci ne peut se
faire que si, comme la Chine l´a fait, nous veillions jalousement à nos
accumulations, et si surtout nous prenions à cœur d´affûter et mettre à jour
nos facteurs socioéconomiques de développement. De nos jours, il ne suffit plus
d´imiter, de suivre ou même de s´aliéner bêtement à la culture ou aux
exportations envahissantes des autres aussi belles et aussi alléchantes soient-elles ; il faut aussi être capable, d´une part, de créativité industrielle
innovatrice et, autant qu´on doit être capable de répondre, avec ses propres
prémisses pratiques, géographiques et écologiques, aux défis énergétiques imminents et à
celui, dans les processus de production, respectant nos besoins et nos attentes
ainsi que notre environnement et sa multitude.
Nos
enfants, nos sociétés et nos cultures, de par leurs histoires ou leurs
retards technologiques actuels, sont tenus à de grands efforts s´ils
veulent
garantir aux leurs, dans un monde devenant chaque jour plus friands et
assoiffés
de matières premières, d´un avenir décent et dénué de pauvreté, de
manque
criant ou de dépendance économique comme c´est le cas actuellement.
Cela veut
dire que nous devons placer tous nos efforts à former, instruire et
émanciper
l´intelligence et les capacités dormantes dans le cœur et les cerveaux
de nos
enfants. Parce que leur éclosion représente non seulement notre salut,
mais
aussi la projection la plus sincère et la plus fidèle…de nos propres
rêves ! Et c´est le comprendre et l´assurer qui fait de tout homme
d´Etat
africain, de tout intellectuel de ce continent, un citoyen fiable et
utile aux
siens dont l´humanisme ou la philosophie sociohistorique est
contemporaine et
de haute cuvée parce que notamment cette pensée respecte la réalisation
d´un continent longtemps bafoué et contraint à renier son identité, ses
droits légitimes et les sources originelles de sa culture. Nous avons toujours accepté la liberté et les droits de tout autre que nous. Hélas, notre histoire ne nous l´a que trop appris, les autres ne nous acceptent que dans la mesure où nous concédons à l´image qu´ils attendent de nous, ou dans la mesure où nous servons leurs intérêts en négligeant les nôtres. Ceci est négation contre laquelle nous devons nous élever avec la plus ferme de toutes nos énergies rationnelles.
Musengeshi Katata
" Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance