La France et l´actualisation de la responsabilité pénale de sa jeunesse
Un grand moment social que la commission Varinard fera en rendant son
rapport sur la révision de la loi 1945 sur l´enfance délinquante à la ministre
de la Justice et garde ses Sceaux Rachida Dati. Ses recommandations se résument
à ceci : Fixation de l'âge de la
responsabilité pénale à 12 ans, déjudiciarisation de la première infraction,
instauration d'un avertissement final, création d'un tribunal correctionnel spécialement
composé pour mineurs. Cette loi qui sera présentée au parlement en 2009 règlera-t-elle
tout le malaise de la montée sensible de la délinquance en France chez les
mineurs entre 11 et 13 ans ?
Surtout
ne pas oublier la responsabilité éducative des parents, et ceux de la société
en tant que source de valeurs influentes, chère madame la ministre !
"La violence n'est pas innée chez l'homme. Elle s'acquiert par l'éducation
et la pratique sociale." Françoise Héritier
Certes, «La société a changé, les mineurs ont changé. Ils n'ont plus les mêmes
repères» comme vous le dites si bien, madame la ministre ;
seulement, les parents, dans leurs méthodes d´éducation, leurs débats conjoints
ou conflictuels de valeurs avec leurs enfants, ne portent leur part de
responsabilité ; ils doivent, eux aussi évoluer ! Or, avec la rapide évolution
– détérioration – refonte des valeurs sociales qui marque notre rapide flux
culturel moderne de société industrialisée aux valeurs sociales dominées par le
revenu, la connaissance et le niveau de vie, ne pas prendre en compte ceux qui
ont pour première responsabilité éducative à offrir à leurs enfants des normes
de valeurs leur permettant non seulement de s´orienter justement dans la société,
mais aussi d´y découvrir les repères utiles leur permettant d´éclore fructueusement leurs
attentes et leurs saines ambitions.
Nous sommes bien conscients qu´avec une loi on ne fait pas le monde, c´est
vrai ; mais on le norme en disant comment et avec quelles méthodes on veut
contrer ce qui ne va pas ou protéger ce qui est cher et utile à toute la société.
Mais oublier que, autant les parents que la société culturelle (cinéma, télévision,
journaux, écoles, littérature) sont toujours partie prenante dans un malaise
social éducatif, c´est élaguer à notre sens le problème de toute sa vraie
dimension en le ravalant, comme c´est symptomatique aujourd´hui, au
rehaussement des normes de contrôle et de répression. Quand les enfants qui
doivent s´instruire, apprendre, s´amuser et préparer l´avenir avec confiance et
assiduité deviennent criminels, surtout à l´âge pré-pubertaire de 11 à 13 ans, et
sans les innocenter à priori, il faut bien se demander si leurs parents, leur
actuel milieu social, leurs lectures, les valeurs morales ou éthiques que tous
ces facteurs éducatifs actifs leur ont prodigué ; si le faux, la violence
ou le désarroi du chômage ou de la solitude familiale tout court ne les avaient
pas injustement ou gratuitement été administré.
Ainsi, certes cette réforme de loi est judicieuse, seulement, il est grand
temps à notre avis de faire comprendre aux parents incapables ou incultes, aux
médias de violence et de grossièreté, à l´école formelle dépassée qui n´arrivait
plus, faute de moyens à remplir ses rôles d´attention et de réalisme culturel éveillé
face aux bonds prodigieux de la connaissance et du rendement intellectuel qu´exige
la société, et enfin à la société culturelle en crise de chômage et d´intégration
efficace de sa jeunesse défavorisée des banlieues ou même de familles ébranlées…de
dire à toutes ces institutions influentes dans la perception et l´éducation
sociale des enfants qu´ils devaient, eux aussi faire un effort pour se mettre à
jour ? Pour offrir ainsi aux futurs citoyens de demain le sentiment qu´ils
étaient aimés, attendus, et qu´on se donnait la peine pour leur donner un
bagage idéal leur permettant autant de s´accomplir que d´avoir confiance à
leurs milieux culturel, ce qui les tranquilliserait et leur rendrait confiance
en eux et leurs capacités de jugement et d´engagement individuel.
Mr. le président Nicolas Sarkozy a mis en place les deux principales
promesses de sa campagne présidentielle en matière de lutte contre
l'insécurité. Votée en 2007, la loi sur la récidive instaure les fameuses
peines planchers et supprime l'excuse de minorité pour les adolescents
multirécidivistes. Avec cette loi de 2009, la France va répondre, quand les
chiffres globaux de criminalité montrent une diminution de 3,7 % en 2007, ceux
de la délinquance des mineurs continuent à augmenter : + 1 %. Et parmi eux,
celle qui augmente le plus est celle des plus jeunes : + 11 % pour les moins de
13 ans, + 10 % pour les 13-16 ans contre +6 % pour les 16-18 ans, judicieusement
à un trend négatif des temps. Et malgré cela, toute la société française doit
se pincer le nez et ne pas s´arrêter au seul fait démonstratif de criminaliser sa
jeunesse délinquante. Cela ne résout pas toujours le problème des origines du
mal. Si le chômage augmente ou si es parents ne gagnent pas assez normalement
et doivent faire des heures supplémentaires pour nouer les deux bouts ;
ils auront moins de temps pour éduquer leurs enfants. Et si les budgets de l´éducation
sont écourtés parce que l´Etat s´est endetté plus que de raison ; la
diminution du personnel enseignant et le confinement des classes ne sont pas nécessairement
des conditions idéales pour que les élèves soient étroitement suivis dans leurs
efforts.
Oui, les temps on changé, Mr le président Sarkozy, madame la ministre Rachida
Dati ; ces temps, s´ils exigent plus de responsabilité pénale de la
jeunesse, ils exigent aussi de la société et de ses acteurs influents qu´ils
mettent plus de moyens et de diligence dans l´éducation et la promotion de
leurs enfants. Sinon on condamne trop facilement cette jeunesse souvent involontairement
désemparée sans au préalable lui donner la chance ou les moyens de cultiver un
meilleur avenir. Cela touche particulièrement les couches défavorisées ou moins
nanties. Or, les enfants, d´où qu´ils viennent, appartiennent tous à l´espoir
et à l´avenir indivis de la France. Et cela, il faut aussi en prendre compte. Notons
à titre purement statistique que malgré l´instauration de la peine de mort aux Etats-Unis,
ce pays n´a pas perdu sa haute criminalité pour autant. Ce n´est pas une
criminalisation quelconque ou une loi qui pacifie une société ou la rend plus
regardante de l´ordre social, mais bien une bonne et sincère éducation ancrée
dans le souci prévenant et attentionné d´une société consciente que ceux qu´elle
éduque valablement aujourd´hui sont ceux qui chanteront et protègeront demain les
plus belles valeurs de sa culture.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance