Sur la lettre adressée au président de la RDC par les ONG
Lettre ouverte des ONG de la société civile (nationales et internationales)
au président de la République démocratique du Congo sur la crise
institutionnelle au parlement
A Son Excellence Joseph Kabila Kabange,
Président de la République Démocratique du Congo
Palais de la Nation
Kinshasa/Gombe
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous, organisations de la société civile congolaise de toutes les
provinces, travaillant dans différents domaines du développement démocratique,
communautaire et de la défense des droits humains.
vous adressons cette lettre ouverte pour vous exprimer nos vives
inquiétudes face aux attaques contre l’institution publique, Assemblée
Nationale et contre l’état de droit, perpétrées par les membres de l’Alliance pour
la Majorité Présidentielle (AMP).
Nous en appelons à votre intervention personnelle et vous prions d’user de
vos prérogatives de garant de la constitution et de chef politique de l’AMP,
pour assurer que l’état de droit est pleinement respecté et pour mettre fin à
tous les actes d’intimidation et de menaces qui minent l’indépendance du
parlement et de ses membres, et qui violent les droits à la liberté
d’expression, d’association et de manifestation.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Comme le reste de l’opinion nationale et internationale, nous suivons avec
appréhension la crise politique actuelle consécutive aux efforts de l’AMP
contraignant à la démission ou à la destitution du président de l’Assemblée
nationale.
Ce conflit a déjà donné lieu à des abus des droits humains par le
gouvernement qui a procédé, dimanche 15 mars, à des arrestations arbitraires
des défenseurs des droits de l’homme qui préparaient une dénonciation de
l’action déstabilisatrice du parlement. Ces personnes ont été détenues pendant
plus de quarante huit heures dans les cachots de la Direction des
Renseignements Généraux et Services Spéciaux de la police (DRGS) à Kin-Mazière.
Lundi 16 mars, des étudiants ont été aussi interpellés, alors qu’ils voulaient
manifester leur soutien au président de l’Assemblée nationale à l’occasion de
l’ouverture, le même jour, de la session parlementaire de mars.
Contrairement à la tradition, les représentants du pouvoir judiciaire se
sont joints aux membres du gouvernement et députés de l’AMP dans leur décision
de ne pas assister à la cérémonie officielle d’ouverture de la session
parlementaire du lundi 16 mars 2009, une absence qui met sérieusement en cause
l’indépendance de la magistrature. De même, la télévision publique a également
été empêchée de retransmettre le discours d’ouverture. Ces incidents semblent
constituer une indication que s’ils n’étaient pas immédiatement interrompus,
les efforts de l’AMP de pousser Monsieur Vital Kamerhe à la démission
pourraient déboucher sur un climat favorable au recours à la répression par les
forces de sécurité et de police.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous sommes convaincus que ces actes d’arrestation arbitraire, de menace et
d’intimidation auront des conséquences négatives sur l’indépendance du
parlement et sur sa capacité à exercer efficacement son contrôle sur l’exécutif
comme le prévoit l’article 100 de la constitution.
Depuis la tenue réussie des élections historiques de 2006, nous suivons
avec beaucoup d’intérêt le travail effectué par les deux chambres du parlement
dans les domaines d’intervention de nos organisations respectives. Nous sommes
conscients des nombreuses limites de ce travail, y compris des allégations de
corruption des députés dont la presse se fait parfois l’écho et pour lesquelles
l’Assemblée nationale a elle-même récemment institué une enquête. Mais nous
observons également avec une certaine appréciation les accomplissements
réalisés en dépit de ces faiblesses.
En deux ans de travail, la production législative est assez remarquable. Le
parlement a voté un nombre impressionnant des lois essentielles à la mise en
place d’un environnement propice au respect des droits humains, ainsi qu’à
l’indépendance de la justice et à la promotion de la bonne gouvernance. Il est
important de noter que la grande majorité de ces lois étaient d’origine
parlementaire (propositions de lois), ce qui témoigne de l’effort louable
fourni collectivement par les députés et sénateurs.
Le travail de contrôle de l’exécutif effectué par le parlement en vertu de
l’article 100 de la constitution aura été tout aussi impressionnant. Les
questions orales ou écrites posées aux membres du gouvernement donnent lieu à
des débats qui contribuent à l’éducation du peuple et à l’information de la
nation sur les questions d’intérêt collectif, telles que la corruption dans
l’industrie extractive, la gestion des entreprises publiques, la gouvernance
dans le système de l’éducation, l’intégrité dans l’octroi des marchés publics,
etc. La constitution des commissions d’enquête parlementaires a également donné
l’occasion aux citoyens et notamment aux victimes des violations des droits
humains de s’exprimer directement et de s’adresser à leurs élus.
Aucun de ces accomplissements, si maigres soient-ils, n’aurait été possible
sans un minimum d’indépendance institutionnelle du parlement et de liberté
individuelle reconnue à chacun de ses membres indépendamment de son
appartenance politique. Or, ce sont cette indépendance et cette liberté qui
sont directement mises en cause par l’action politique des membres de l’AMP
contre le président de l’Assemblée nationale et contre l’institution
parlementaire.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous pensons que chaque parti politique ou chaque coalition des partis
politiques a le droit de faire régner la discipline et de maintenir la cohésion
politique dans ses rangs. Mais nous pensons aussi que de telles actions doivent
être prises dans le respect strict de la loi et du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale, et non pas à travers menaces, intimidations, corruption
et autres pratiques illégales.
Ce droit doit également s’exercer de manière à accommoder avant tout
l’intérêt et la volonté du peuple électeur des individus issus des rangs
politiques. Saper le travail des élus qui répond a l’obligation de communiquer
directement aux électeurs leurs opinions, y compris les opinions contraires à
la ligne de leur parti, c’est nier à la population son droit à l’information.
Nous vous exhortons à veiller à ce que la recherche d’une cohésion politique au
sein du groupement politique AMP ne puisse se faire au prix de l’intérêt
général et du droit des congolais à une démocratie vibrante.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous avons foi que vous prendrez la mesure de la nécessité d’intervenir à
temps pour arrêter le recours aux moyens non légaux qui déstabilisent
l’Assemblée nationale. Seule la soumission à la constitution et aux lois
congolaises garantira le respect de l’indépendance du parlement et des droits
de tous les citoyens congolais, et préservera les acquis démocratiques
symbolisés par les élections nationales de 2006.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République,
l’expression de notre plus haute considération.
Signataires
Ville de Kinshasa
- RENADHOC :
- COJESKI :
- Syndicat National
des Cadres Agents et employés des Secteurs des Services, SYNCASS, Kinshasa
- Cause Commune,
Kinshasa
- Centre d’Etudes
Pour l’Action Sociale, CEPAS, Kinshasa
- Aids Care
Education Training, ACET, RDC
- Centre National
d’Appui au Développement et à la participation Populaire, CENADEP,
Kinshasa
- Commission Justice
et Paix, CJP, Kinshasa
- Conseil national
d’Ethique et Elections, CNEE, Kinshasa
- Conseil National
des Organisations Non Gouvernementales de Développement, CNONGD, Kinshasa
- Conseil National
des Organisation Non Gouvernementales, CNONG, Kinshasa
- Groupe d’Action
Transition /Observatoire Citoyen de l’Action Publique, GAT/OLCA, Kinshasa
- Réseau Ressources
Naturelles, RRN, Kinshasa
- Réseau Action
Femme, RAF, Kinshasa
- Voix des Sans Voix
pour les Droits Humains, VSV, Kinshasa
- Conseil Syndical
des Services Publiques, COSSEP, Kinshasa
- Réseau
d’Organisation des Droit Humains et d’Education Civique d’Inspiration
Chrétienne, RODHECIC, Kinshasa (77 ONG)
- Organisation des
Cinéastes Congolais, OCICO, Kinshasa
- Service des
Renforcement et Appuis aux Communautés des Base en Afrique Centrale,
SERACOB, Kinshasa
Province du Katanga
- Action Contre
l’Impunité pour les Droits Humains, ACIDH, Lubumbashi
- Association
Africaine des Droits de l’Homme, ASADHO, Lubumbashi
- Centre pour
la Défense des Droits de l’Homme et Droits Humanitaires, CDH, Lubumbashi
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD, Katanga
- Nouvelle Dynamique
Syndicale, NDS, Lubumbashi
- Coordination
Société civile du Katanga, Lubumbashi
- Groupe d’Action
Non-Violence Evangelique, GANVE, Lubumbashi
- PADHOLIK, Likasi
Province de Maniema
Action contre l’impunite pour les Droits Humains, ACIDH, Kindu
- Maniema Liberté,
MALI, Kindu
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD, Maniema
- Coordination
Société civile du Maniema, Kindu
Province du Kasaï-Oriental
- CEFOP
- Collectif des ONG
pour le developpement socioculturel intégral, CODESCI, Mbuji-Mayi
- Centre de Formation
Intégrale et Développement, CEFIDE, Mbuji Mayi
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD,
Kasaï-Oriental
- Dynamique de
la Femme pour la Défense de ses Droits, DFDD, Kinshasa
- Eglise du Christ au
Congo, ECC/DOD, Kinshasa
- Groupe d’Appui aux
Exploitants des Ressources Naturelles, GAERN, Mbuji-Mayi
- Radio Télé du
Kasaï, RTDK, Mbuji Mayi
- Solidarité des ONG
pour La Démocratie, l’Education Civique et les droits de l’homme au
Kasaï Oriental, SOLIDEC-K, Mbuji-mayi
- Syndicat de Trésor
du diamant du Kasaï, SYCKAS
Kasaï-Occidental
- AFPDC : Action
Feminine pour la Paix et le Developpement Communautaire
- Centre pour la
Promotion Sanitaire, Civique et Agropastorale, CEPROSCAP, Kananga
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD,
Kasaï-Occidental
- ODECOLA, Kasaï
Occidental
Bandundu
- Cause Rurale
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD, Bandundu
Bas-Congo
- Centre pour la
Promotion et l’Education des Communautés de Base, CEPECO, Bas-Congo
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD, Bas-Congo
-
Equateur :
Province – Orientale :
- Groupe Lotus
- Association des
Exploitants Miniers Artisanaux pour la Pacification et Reconstruction de
l’Ituri, AEMAPRI, Bunia
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD, Province
Orientale
- Groupe Lotus,
Kisangani
- Groupe Justice et
Libération, Kisangani
- Groupe Lotus,
Kisangani
- Justice Plus, Bunia
- Organisation
Concertée des Ecologistes et Amis de la Nature, OCEAN, Kisangani
Nord-Kivu :
- CREDHO, Goma
- Centre d’Etudes
Juridiques Appliquées, CEJA, Butembo
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD, Nord-Kivu
- SOFEPADI, Beni
Sud-Kivu :
- ICJP
- Bureau d’Etudes
Scientifiques et Techniques, BEST, Bukavu
- Centre
d’Accompagnement des Autochtones pygmées et Minoritaires Vulnérables, CAMV
Org., Sud-Kivu
- Conseil Régional
des Organisations Non Gouvernementale de Développement, CRONGD, Sud-Kivu
Forum Réalisance