A propos du prix réel du Savoir
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L’ère du savoir qui se monnaie
Commentaire du 15.06.09 á 18h26
Il n´y a pas au monde de
connaissance gratuite, les africains doivent s´enlever cette idée de la tête. Celui
qui se donne la peine de s´instruire et de vivre de la connaissance ou de sa
propagation, doit nécessairement en vivre sinon c´est la fin de l´instruction
et de la connaissance comme telle. Ici je crois que l´accusé, c´est le pouvoir
public et sa médiocre organisation sociale qui emploie ses moyens de paiement
pour des bagatelles plutôt que pour garantir et financer l´instruction de ses
propres enfants.
Bien sûr ce système de syllabus payants est corrompu et corrompant, surtout si
les étudiants ont à peine les moyens de ses payer; mais à qui la faute si les
livres et les manuels universitaires font défaut ? Et à propos, ces étudiant,
comment veulent-ils s´instruire et se qualifier sans syllabus ou livres
spécifiques ? Je comprends très bien la situation qui est assez cocue, j´en
conviens, et cependant, il faut bien accuser celui qui est réellement
responsable de tout ce désastre, pas uniquement les professeurs qui, eux,
doivent aussi vivre sous le sous paiement qu´on leur impose en pays désordonné
et indigent !
Mais je vais donner ici, ce que
je fais rarement, un exemple personnel. J´ai fait mes études en Allemagne en
travaillant, même le dimanche. Et je suis un lecteur puissant; cela coûte
énormément quand on a une famille et qu´on doit financer soi-même ses études. Aujourd´hui
ma première fille va à l´Unif. ; elle lit moins que moi, mais je suis
toujours entrain d´acheter des livres et de lire plus que mes propres enfants
qui semblent aimer les solutions faciles et simplistes. Ma femme me reproche de
dépenser plus d´argent dans les livres qu´à lui offrir des cadeaux ou à faire
des vacances…tout cela me fait dire qu´il y a qu´en Afrique qu´on croit que
l´instruction ou la connaissance doit être gratuite ou qu´on ne doit pas en
vivre décemment. Erreur. Toute culture qui n´a pas encore compris que c´est une
fonction parmi les plus importante d´une société aspirant au progrès va, hélas,
stagner et se contorsionner amèrement dans la pauvreté.
Le défaut africain ne vient pas tellement de la déconsidération du savoir ou du
manque d´organisation économique de l´éducation et de l´instruction, mais bien
aussi à mon avis que le livre comme tel est bien méprisé de sa véritable valeur
incessible pour la culture et l´épanouissement imaginaire de toute société
consciente et responsable admettant le savoir comme instrument premier de
véritable développement. Particulièrement pour une société sous développée
venant d´une tradition sociohistorique plus orale qu´écrite comme l´est
pratiquement toute l´Afrique.
Il faut sortir de ce cercle vicieux de la déconsidération de l´écrit, de la
connaissance ou de l´instruction comme telle et cela veut dire publier ses
propres écrivains et auteurs, ses livres spécialisés et didactiques…et bien sûr
honorer à juste titre ceux qui impriment, publient, cherchent et participent à
l´élévation du niveau de connaissance et de technicité dans la société. Sans
cela, prétendre se développer est une bien belle illusion. Sans chérir et
épanouir l´imaginaire d´une société, on ne peut ni la propulser dans l´avenir,
ni attendre des merveilles de la part de ses membres qualifiés ou spécialisés,
car à eux aussi il manquera de moyens de recyclage et d´information permanente.
Il suffit de voir l´Afrique aujourd´hui pour le constater amèrement. Rien ne
tombe su ciel, hélas; tout se paie. il faut donc apprendre à honorer ces
efforts et ces paiements…inévitables pour un meilleur avenir. Et ici
avouons-le: tout cela n´est possible que si l´économie et l´économisme de la
société africaine est prise en considération. Curieusement en Afrique du Sud,
ce problème n´existe pas, ainsi qu´au Nigeria et bien d´autres pays
encore…alors ferme-t-on encore les yeux ?
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu»
Forum Réalisance
Commentaire du 16.06.2009 10h 02
Bien parlé, Cédric. Il faut
briser ce cercle vicieux qui condamne les pauvres à rester pauvres ou à subir
injustement les viles cures d´un système d´organisation social pervers et
pervertissant. Alors il faut bien changer de politique, or en Afrique on
reconduit les idiots et ceux qui pillent et détruisent l´économie nationale au
lieu de l´épanouir. Je crois que tous cela est le résultat de l´ignorance
structurelle; je m´imagine mal quelqu´un se mettant lui-même la corde au cou en
prétendant vouloir être heureux, ou se livrant à son bourreau le plus féroce en
prétendant aimer la joie ! Et pourtant, en substance, c´est ce que font
pratiquement tous les africains en sport commun…comment diable expliquer cela ?
Je suis d´accord avec Bony quand
il propose des syllabus pirate que nous avons tous recopié en Europe et se le
sont passé de main à main. Mais si le fieffé professeur tient liste…Oh là, là. Remarquable
aussi que Bony relève qu´à une certaine époque les universités congolaises
fonctionnaient ! Eh oui, c´est vrai et même bien vrai; mais pourquoi diable ne
fonctionnent-elles plus ? Oui, pourquoi le financement de l´éducation a-t-il
été si cruellement négligé alors qu´il représente le meilleur espoir de
développer ce pays et de le doter d´infrastructures ouvrant sur un meilleur
bien-être et le progrès économique et social ?
La réponse, on la trouvera dans
la stagnation de la productivité nationale ainsi que l´explosion des coûts de
personnel de hauts fonctionnaires roulant en voitures étrangères et se faisant
soigner à l´étranger eux et leurs familles sur le compte des pauvres auxquels
ils privaient des investissements d´emploi et de production. Et ma foi, même au
risque de se répéter indéfiniment, il faut bien se rendre compte que c´est la
corruption et la mal gestion de l´Etat qui occasionne ces défaillances et
retombées sur le système éducatif et celui des universités et écoles techniques
supérieures. Voir seulement la fumée du feu et vouloir s´en débarrasser sans
combattre le feu lui-même et ses origines…ce serait s´exposer à la répétition
de nouvelles incendies. Et celui qui le fait trop souvent malgré que la vérité
se trouve devant lui, celui-là ne peut pas être considéré comme intelligent et
conséquent.
Car ne l´oublions pas, malgré
tout: ces universités ont bien fonctionné à une certaine époque
efficacement…entre temps on a bien dû faire des gaffes énormes pour que le
financement de l´instruction soit à ce point délaissé au RDCongo. Or, l´avenir
se fera-t-il sans médecins, techniciens, ingénieurs, chimistes,
professeurs…chercheurs et inventeurs, etc ? Et on se demande encore pourquoi le
RDCongo s´appauvrit à vue d´oeil d´année en année ? Moi cela ne m´étonne pas du
tout. Et si nous voulons réellement changer les choses pour donner un meilleur
avenir à tous, il faut d´abord accepter qu´on a fait des erreurs et les
corriger rapidement. Si on persiste…il ne faut pas se plaindre des suites. Les
élections, cela existe bien pour cela.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu»
Forum Réalisance
Commentaire du 18.06.2009
A Simon Kwete. Je crois qu´il ne
suffit plus de prétendre qu´il faut se débarrasser du mobutisme pour que tout
marche bien de nouveau ; il nous faut hélas aller plus loin que cela.
Mobutu a commis des erreurs fatales pour le RDCongo dont par exemple la zaïrianisation.
Je me rappelle qu´à cette époque je me trouvais à Bruxelles et que j´ai rédigé
un travail pour deux amis de l´ISHEC (Institut Supérieur de Hautes études
commerciales), l´un d´eux refusa mes conclusions critiques et adopta une vue
positive. Il eut une note bien plus modeste que celui qui avait adopté ma
critique.
Ce que je veux dire par-là est
ceci: Mobutu n´avait qu´une faible notion de l´économie, encore moins des
structures fondamentales d´un développement. Il n´était qu´un simple militaire
épris du pouvoir qui vit son moment venu en participant à l´intrigue
internationale sur l´assassinat de Patrice Lumumba pour s´approprier du pouvoir
au Congo. Ce qui lui réussit pendant 35 ans. Pourquoi ? Vraisemblablement parce
que les congolais voulaient la paix et une vie régulière après les remous
sanguinaires de l´indépendance. Mais cet homme n´avait aucun talent pour
développer son pays ou hisser ses facteurs de développement au plus haut niveau
afin que les résultats en matière d´instauration d´un fondement industriel de
l´industrie lourde puisse commencer. Ou encore en matière de qualification
poussée des agriculteurs, des éleveurs, et le grand soin qu´on doit apporter à
la formation professionnelle tout court. On fit donc plus de tape à l´oeil que
du professionnel fini main. Et tous les ignorants et les opportunistes
acclamèrent et dansèrent à souhait. La suite, on la connaît: le réveil fut
douloureux. Rien à faire: ce n´est ni avec de gros mots, ni avec une grande
fièvre de fierté délirante qu´on fait des miracles en économie !
J´avoue que ce n´est que lorsque
je vins en occident que je me rendis compte autant de la naïveté des africains
que de leurs manque de profondeur et de constance: ils veulent tous le progrès,
mais tous font les mêmes erreurs ou retombent dans des actes et des
raisonnements illogiques et peu destinés à répondre à leurs propres attentes.
Non, je ne comparerai pas l´Europe à l´Afrique; ce serai aussi ridicule que
déplacé ; ce sont deux centres de cultures différents. Seulement, sans
investir massivement et se spécialiser dans le fer, le bois, l´architecture,
l´agriculture, l´élevage…etc, parler de développement, c´est se moquer de son
monde. Je vois aujourd´hui des généraux couverts de décorations en Afrique, or
leurs armes sont produites à l´étranger; quant à eux, ils n´ont jamais gagné
une guerre quelconque ! Or, le développement est l´effort matériel, humain,
intellectuel, créatif et organisationnel des plus immense et des plus important
qui soit pour le bien-être et l´avenir d´un pays, de sa culture et de la
liberté et l´espoir de ses enfants ! Si cet effort est sous estimé, pris à la
légère ou négligé en préférant importer ou vivre de l´aide internationale…ou
d´illusions selon lesquelles tout viendrait du ciel, qu´il ne fallait surtout
pas se presser…Il ne faut pas s´étonner si rien n´arrive, ou du moins, seule la
pauvreté et la misère soient le salaire réel du superficiel et de
l´inconscient.
C´est aussi une question de
réalisme que de savoir ce qui doit être fait aujourd´hui afin que demain on puisse
en jouir et faire des récoltes fructueuses. Même le plus abruti des paysans le
sait: celui qui ne sème pas son meilleur grain, celui-là ne peut pas engranger
une moisson exceptionnelle. Si les congolais étaient tous idiots, passe encore,
on pourrait leur donner plus de temps pour se réveiller; or, ils ne le sont
pas. Mais pardon, en matière de réalisme d´organisation, de dialectique de
réalisation, d´estimation et de mise en oeuvre d´un projet aussi important que
leur propre avenir…c´est pratiquement toute la race noire qui vacille et tape
gravement à côté en négligeant le principal pour s´accrocher au subsidiaire et
au superficiel. Or, l´économie, comme on le voit dans cette crise économique et
financière actuelle, est un domaine mortel et exigeant car les erreurs qui y
sont commises tuent en silence et se répercutent souvent des générations et des
générations en chaînes dans l´avenir. Ne pas prendre au sérieux ce domaine, ne
pas y convenir et y attiser toutes ses substances créatives et intellectuelles
les plus douées et attentionnées…comment diable veut-on obtenir des résultats
pouvant tenir tête à ceux de cultures industrielles avancées et dont
l´expérience et la spécialisation sont longues et assidues de plusieurs siècles
? Il ne faut pas se faire d´illusion et prendre des vétilles pour des
lanternes.
L´imaginaire est aujourd´hui la
première richesse d´une culture et même son meilleur bouclier de survie, car
cet imaginaire, bien employé et assisté par la connaissance et le développement
de capacités de l´industrie, peut créer de nouveau produits lesquels viennent
résoudre des problèmes d´énergie, de productivité, de mobilité, de santé et
d´hygiène…etc, et enrichir le bien-être et la jouissance d´une société, d´une
culture entière. Ne pas développer cette force et cette richesse créative
incroyable de l´imaginaire comme on le fait en Afrique…en manquant notamment de
créer les conditions primaires d´un bien-être en stimulant la lecture, par les
jouets appropriés, mais aussi par une alimentation adéquate et un intérêt
assidu à la critique et à discussion dialectique…je me permets de dire ici que
tous ceux qui ne le font pas vont à leur ruine certaine; leur appauvrissement
et leurs déboires économiques vont, avec le temps, devenir insoutenables. C´est
cela qu´il faut comprendre au lieu de critiquer celui-ci ou celui-là et croire
que tout ira bien tout seul. Au contraire il faut avoir le courage de lutter
pour de se donner les moyens de devenir meilleur et de parfaire ses handicaps.
Sans cela on ne va nulle part. On tourne plutôt en rond même si on prétend être
des génies et atteindre demain le soleil. Et à ce faux jeu, on risque fort de
se brûler horriblement…
Beaucoup d´africains ne savent
pas pourquoi nous parlons souvent d´esclavage; ils croient qu´il s´agit
d´entretenir un quelconque sentiment victimaire dans les africains ou donner
aux occidentaux mauvaise conscience. Il ne s´agit absolument pas de cela. Nous
voulons attirer l´attention sur le rôle de l´esclavage qui a servi à accumuler
vilement en privant des êtres humains de tous les droits. Or, l´économie
moderne ne peut se permettre ce crime honteux envers les êtres humains; il faut
donc capitaliser comme l´a fait la Chine, par exemple. Et naturellement
protéger ses accumulations et les employer à bon escient. On connaît l´histoire
de la cigale et de la fourmi…Et disons en conclusion que toute l´Afrique doit
faire un effort considérable pour se mettre à jour face aux exigences
existentielles contemporaines, et hélas, elle n´a pas tout le temps du monde:
ni les matières premières, ni l´écologie mondiale ou la concurrence
internationale commerciale ne lui feront des cadeaux. I faut donc sortir en
force et en confiance de sa stagnation actuelle et aller de l´avant en misant
et en protégeant le meilleur de soi. J´ai vu que la Tunisie a été classée
première au classement international des dix meilleurs pays africains répondant
aux critères et aux espoirs les plus prometteurs du développement. Bravo. Mais
où étaient donc le Nigeria et l´Afrique du Sud ? Le Nigeria est dernier des dix…malgré
son pétrole, malgré son plus grand marché commercial…hem. Comme quoi il ne
suffit pas d´être grand et riche…le Botswana occupe une place surprenante: au
moins eux ont compris. Peut-être faut-il, pour ceux qui ne savent pas faire
marcher leurs méninges ou ceux qui ne savent pas voir ce qui est devant leur
nez…d´aller s´instruire de l´exemple élogieux des Botswanais. Eux ils ne font
pas beaucoup de bruit et travaillent constamment à l´amélioration de leurs
facteurs de développement. Les résultats sont stupéfiants…et honorables à
souhait.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu»
Forum Réalisance