Les congolais peuvent mieux et plus qu´il ne le prouvent actuellement
Commentaire sur l´article :
http://www.ptb.be/nouvelles/article/interview-de-colette-braeckman.html
"Si les Congolais
n’avaient pas résisté, le Congo aurait déjà été démembré depuis longtemps"
On sent bien que
Colette Braeckman aime le Congo et qu´elle est capable de voir et de comprendre
ce que les congolais pris dans le feu de leur propre existence ne comprennent
pas. Certes les choses avancent en RDCongo; on y construit, on y vit tant bien que
mal au gré de la situation économique actuelle de ce pays. Ce que nous
déplorons et reprochons aux dirigeants de ce pays actuellement, c´est de
manquer de stratégie économique conséquente et réfléchie pouvant gérer,
organiser et mettre en valeur les véritables facteurs de développement de ce
pays. Pour cela il faut une idéologie sociale et politique réfléchie, autant
réaliste que fondamentalement axée sur le fond plutôt que sur la forme. Ainsi
est-il mieux de construire des universités techniques, de former des
professeurs valables et avertis, de structurer, instruire, diversifier et
mécaniser l´agriculture, de promouvoir les petites industries de métallurgie,
de travail spécialisée du bois...bref de produire et spécialiser les congolais
dans le précieux et rigoureux domaine de la production et ses problématiques
spécifiques de formation, de connaissances, de normes de qualité et de
structures de vente...plutôt que de se doter, comme on le fait faussement
actuellement, de rapides résultats brouillons qui ne tiendront ni contre le
temps, ni face aux nécessités exigeantes et grandissantes de l´avenir.
Le grand défaut
des africains en fait, est de vouloir, sans approfondir les choses et sans
doter leurs structures de fondements sévères et éprouvés, de vouloir jouir de
résultat rapides sans que ceux-ci ne répondent ni à la qualité, ni aux
exigences soutenues que leur imposera l´avenir. A la fin, on est surpris que
bien de constructions s´effritent, que l´économie ne prospère pas: on a
seulement oublié de lui donner des fondements solides et exigeants. Ainsi, de
décennies en décennies, on se retrouve pratiquement à faire du surplace parce
que les ingénieurs et hauts techniciens formés ne savent pas êtres employés et
pour cause, l´économie trépigne et les revenus périclitent. Et pour parer au
plus pressé, on importe et ce faisant on dépense ses derniers deniers pour des
produits qui demain vont tomber en panne ou devenir inutilisables.
Ce n´est pas
étonnant si les industriels belges se détournent du Congo: on y fait actuellement
trop d´erreurs d´architecture économique; les congolais ont tendance, dans leur
désorientation, à chanter la peau de l´ours avant de l´avoir abattu. On veut
construire de belles longues routes sans produire les véhicules qui devraient
rentabiliser cet investissement, ou on veut acheter des produits de qualité
sans les avoir produit ou sans avoir formés les ingénieurs et techniciens
capables de le faire. Les écoles sont misérables et mal loties, on ne publie ni
livres pédagogique, ni lectures critiques et discursives pour enrichir
l´imaginaire et la créativité...et pour les livres, avant d´en jouir, il faut
tout de même les écrire, les imprimer et au préalable avoir instruit ceux qui
savaient produire ces ouvrages. Le niveau éducatif en Afrique est
scandaleusement négligé, or c´est de lui que vient le progrès, la technique et
l´amélioration des conditions de vie par une meilleure créativité !
Ce n´est donc pas
étonnant que les industriels belges boudent le Congo: ils ne peuvent
rentabiliser valablement leurs capitaux qu´en investissant dans un milieu bien
formé, ambitieux et travailleur...où les structures sociales et économiques
permettent autant de vendre que de produire fructueusement. Ce qui n´est pas le
cas actuellement dans pratiquement toute l´Afrique; et plus la pauvreté
s´installait, et plus les salaires s´affaiblissaient...et plus les gens
s´abrutissait dans un bas niveau intellectuel et technique. Qui donc irait
investir dans ces conditions négatives pour perdre son précieux capital ? Les africains
doivent d´abord se donner la peine de mettre de l´ordre chez eux, de se
discipliner et créer des conditions attractives pour les investisseurs
étrangers.
C´est à mon sens
toute une mentalité attardée, attentiste ou mal avertie qu´il faut changer et
remettre à jour. Et pour en revenir à Colette Braeckman, et eu égard à l´amour
qu´elle semble nourrir à l´endroit de notre pays, elle doit cependant faire cas
d´un domaine autant exigeant que rigoureux et extrêmement complexe et
dangereux: l´économie. La crise économique et financière actuelle le souligne.
Beaucoup d´africain sous estiment ce monstre, ce qui les affaiblit et les
empêchent d´avancer et d´obtenir des résultats fiables et solides pour
l´avenir. En tout cas, et peut-être à cause de son importance pour l´avenir et
le bien-être de toute société humaine, l´économie exige une discipline et un
soin inaltérables dans ses facteurs et ses structures. Au 21ième siècle on ne
peut pas prétendre, avec des méthodes archaïques de production, la négligence ou
la superficialité, arriver à faire des prouesses. On doit y mettre le prix de
connaissances et de technologies éprouvées et constamment à la recherche de
nouvelles améliorations. Et si les africains y pensaient au lieu de croire que
tout est facile ? Il vaut mieux le dire aux congolais au lieu de les traiter
comme des enfants auxquels on prédit que le monde est gentil et que l´avenir se
fera cahin-caha, les mains dans les poches, sans faire cas de la connaissance,
de la modernité technique ou de la concurrence internationale á couteau tiré.
Ah oui, l´importation pour cacher les incapacités et les erreurs ? Soit. Mais
d´où viendra donc l´argent perpétuellement, que diable ? Eh oui, il faut bien
produire...et pas seulement des cacahuettes. Quand à vendre ses derniers
meubles en matières premières, en bois et en métaux précieux...un jour ces
matières premières seront épuisées; de quoi vivra-t-on alors ? D´aumône et de
mendicité ? Il faut savoir ce qu´on veut et comment on veut vivre, aujourd´hui
et demain.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu,
Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance