La droite secouée aux dernières élections allemandes, l´extrême gauche, les verts, les libéraux ont le vent en poupe.
Ces dernières élections régionales allemande sont importantes parce qu´elles
ont lieu à quatre semaine des élections législatives du 27 septembre 2009.
Comme au Japon où, après 50 ans de gérance politique, les libéraux ont été
battus, on se demande actuellement quelle sera la tendance en Allemagne ?
Ces élections qui ont lieu pendant la crise économique peuvent-elles refléter
la contestation, le conservatisme ou le désir du changement des sociétés face
aux tourments occasionnés par les dégâts et les tourments de la crise économique ?
Arithmétique et orientation politique en période de crise
Les résultats des votes d´hier 30.08.09 en substance :
Thüringen
CDU : 31,2% - contre 43% en 2004 – sièges 30 contre 45 en 2004 - une
perte de 15
Linke : 27,4 ...... 26,1 ...... 27 .....28 ...... - 1
SPD : 18,5 ..... ... 14,5
.... 18 ... 15 ....... +3
Grüne : 6,2 ..... 4,5
..... 6 .... 0 .... +6
FDP : 9,1 .... .... 8,3 ..... 7 ..... 0 ..... ..... +7
Le ministre-président Dieter Althaus de la CDU est pratiquement remercié et
va, si la SPD ne s´abaisse pas à participer à une grande coalition, se
régénérer dans l´opposition.
Sachsen
CDU : 40,2 (2009) 41,1 en 2004 – Sièges 58 contre 55 en 2004
- gain de +3
Linke : 20,6 ... 23,6 ... ...... 29 .... 31 ..... -2
SPD : 10,4 ... 9,8 ..... ....... 14 ... 13 .... .... +1
Grüne 6,4 .... 5,1 ..... ..........9 ..... 6 ...... +3
FDP : 10 .... 5,9 ..... 14 .... 7 ....... +7
NPD : 5,6 ....... 9,2 .... ..... 8 ..... 12 ....... -4
Sans le moindre doute, le ministre-président Stanislaw Tillich est
automatiquement reconduit, mais contrairement au passé, cette fois il peut
rompre avec sa coalition avec la SPD et prendre pour partenaire les libéraux de
la FDP plus près de la droite que de la gauche. L´extrême gauche reste présente
au parlement
Saarland
CDU : 34,5 (2009) 47,5 en 2004 - sièges 19 contre 27 en 2004 perte de -8
SPD : 24,5 .... 30,8 .... 13 18 ...... -5
Grüne : 5,9 5,6 ... 3 ... 3 ...... 0
FDP : 9,2 ... 5,2 ..... 5 .... 3 .... +2
Linke : 21,3 ..... 2,3 ..... 11 .... 0 ..... +11
Ici l´enfant terrible de la politique allemande, Oscar Lafontaine, a brisé
les records en propulsant son parti de 2,3 à 21,3 %. A noter qu´il est le chef
national de la Linke : la gauche de la gauche.
Conclusion de ces votes : La
droite conservative qui croyait, et cela était soutenu par de nombreux
sondages, qu´elle pourrait, après les élections, réaliser sa coalition favorite
CDU-FDP (droite et libéraux) en se débarrassant des socialiste de la SPD, se
retrouve remise en cause. La montée de la gauche-gauche ainsi que celle des
petits partis des Grüne (verts) et de la FDP (libéraux) remet l´optimisme
prématuré de la droite en une victoire certaine aux prochaines législatives.
Mais quand on sait que la Linke se refuse à coaliser avec la SPD tant que
celle-ci se refuserait à retirer la Harz 4 entreprise par Schröder, et que, par
ailleurs la Linke prônait le salaire minimum de 10€ /heure (valable au
Luxembourg, par exemple) pour éviter que des salaires scandaleux de 2,80 ou
3,40€ n´envahissent l´Allemagne et ne repoussent les gens dans la pauvreté
légale en travaillant à plein temps sans pouvoir subvenir à leurs besoins (ils
devaient actuellement, malgré leur emploi, se faire assister par l´aide sociale).
Puis venait le contentieux de la formule changée de la pension qui, dans son
état actuel, condamnait les bas salariés à la pauvreté inévitable à la pension…ou
l´art de conduire les gens sciemment à l´échafaud. Des concessions faites au
capital par la SPD qui n´aboutirent qu´à enrichir les riches qui s´en servirent
pour mieux capitaliser en exploitant les bas salaires…mais n´aboutir qu´à
appauvrir les pauvres…et perdurer le chômage !
En fait, et selon toute évidence, la droite va gagner les élections du 27
septembre. Pourquoi ? Parce que les populations allemandes sont plutôt
conservatives, surtout si la situation est complexe et que personne ne semble
connaître l´indiscutable vérité. Et
parce que, comme en France, la gauche classique est remise en cause pour avoir,
par le passé, jeté les ouvriers en pâture à une politique néolibérale qui ne
conduisit qu´à la crise actuelle et à l´appauvrissement des petites gens. Or,
pour réparer les gaucheries des banques, l´Etat avait ouvert les vannes de
l´endettement et cela veut dire aussi celui de l´alourdissement des conditions
de vies pour les jeunes d´aujourd´hui qui devraient payer les dettes demain.
Mais la crise, avec son chômage, ses banqueroutes commerciales et
industrielles, ses endettements publics et son manque à gagner publics, ses
croissances négatives ; cette crise ne réservait pas à la jeunesse les
meilleurs moyens pour s´épanouir au mieux. Et suite à l´endettement galopant de
l´Etat qui était en Allemagne de 1600 milliards € et allait, selon les
prévisions sûres, s´aggraver de 516 milliards jusqu´en 2013, ainsi qu´aux bas
salaires et au vieillissement de la société, les revenus des pensionnaires
seront irrémédiablement réduits dans un tout proche avenir. Allait-on vivre un
hargneux et tiraillant face à face de la jeunesse contre la vieillesse et
jeter la société dans un infernal antagonisme ouvert et disputé à couteaux
tirés ?
Tout le dilemme occidental de la crise économique actuelle. On avait beau
cacher la vérité d´un côté et jongler avec les priorités en colmatant les
brèches visibles…de l´autre côté de la passerelle sociale, cependant, de
nouvelles brèches grandes ouvertes menaçaient de noyer l´équilibre économique
et plonger les sociétés dans des crises financières sans issue. Garantir
aujourd´hui aux pensionnaires le haut niveau de leurs revenus comme l´avait
fait l´Allemagne de la grande coalition politique actuelle est bien louable et
juste, et malgré tout, contraindre la jeunesse à accepter des bas salaires ou à
subir un douloureux chômage désespérant…on se demandait si ne fermait-on pas
les yeux devant une injustice qui mettrait, à la longue, à mal l´équilibre de
l´ordre social ainsi que l´avenir de la pension qui, soit dit en passant, était
payé par le taux consécutif des salaires mensuels durant une vie active, et par
la plus value générée par la croissance économique engendrée par la population
active !
L´impasse. Et on se demande déjà si, par le calme et le silence qu´Angela
Merkel affiche, elle se tait parce qu´elle voit venir le feu de tous les
fourneaux sociaux. Tout le monde sait que plus de 1.300.000 chômeurs étaient
soutenus dans le travail partiel par des subventions sociales afin d´éviter
l´écroulement de l´économie allemande et la perte de confiance envers la
politique. Mais combien de temps encore allait-on financer cette
illusion ? Pas longtemps en tout cas, après les élections du 27 septembre
tout s´écoulerait…on n´aurait plus besoin de soutenir des illusions. Seulement,
que faire après ? Et puis, ne serait-on pas disqualifié par les
impôts qu´on devrait relever pour endiguer l´endettement et par un nombre de
chômeurs faisant exploser autant les coûts sociaux qu ils feraient chuter la
consommation intérieure, ce qui refroidirait la production et les
investissements des entreprises ? Où étaient donc ces nouveaux produits qui
pourraient sortir les sociétés industrielles de leurs stagnations ?
Le japon, après 50 ans de gérance politique libérale, venait, suite à la
crise, à l´indigence et au chômage incroyable qui s´était abattu sur ce pays,
de se choisir les démocrates. Or, au Japon la crise était passée dans sa phase
visible, cela rendait les choses moins trompeuses. En Europe, cependant, et
particulièrement en Allemagne où on avait caché le chômage, les rideaux
n´étaient pas encore baissés. Après les élections du 27 septembre les partis au
pouvoir allaient devoir subir le choc et la responsabilité des effets visibles
de la crise…le temps qu´elle durera, sans savoir y pallier efficacement. Et si
cette crise durait 4 ans, quelles seraient la crédibilité et la réputation de
ces partis politique ? Au plus bas, comme au Japon…et qu´en serait-il de
l´architecture politique en Europe et de la forme dominante de son capitalisme ;
allait-on assister à une montée fulgurante de la gauche à ce moment là ? En
tout cas, toute la philosophie économique, politique et sociale occidentale
serait remise en cause ; vers quelle destinée ? Vivre sans
croissance, quelles en sont les perspectives du point de vue de l´équilibre financier
et de la paix sociale ? En France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux
Etats-Unis on se faisait déjà bien de soucis : le néolibéralisme avait
servi, de cela il n´y avait plus aucun doute ; la sociale démocratie
chancelait sous les coups de la décroissance, du chômage et de l´endettement
public exorbitant…l´idéologie occidentale saurait-elle sortir d´une épreuve qui
la mettait le dos au mur ? Oui, comment sortir de l´impasse actuelle si la
croissance internationale ne reprenait pas de sitôt et si la crise continuait à
sévir ?
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance