En Allemagne la décision de GM de ne pas libérer sa fille Opel dans les
bras de l´autrichien fabriquant de pièces automobiles Magna a
surpris tout le monde. Vraiment ? Ce coup de lapin ne fut-il pas visible dès
le début ? Donner 1,5 milliards € d´ emprunt d´aide publique de survie à une
succursale dont la maison mère était en banqueroute aux Etats-Unis sous l´article
11 pour éviter que le juge des banqueroutes ne mette la main sur Opel, lorsque
GM fut assaini et doté de 50 milliards d´aide du gouvernement Obama…GM n´était-elle
pas tenté alors de garder sa société européenne la plus rentable et la plus créative,
il faut bien le dire, pour garder après les ventes de Saab et autres marques en
déficit, la seule fenêtre de ventes automobiles qui lui restait sur le marché
européen ainsi qu´un département allemand de recherche hautement innovateur ?
GM et l´art de rouler ses amis sous la table ?
La droite allemande des chrétiens démocrates (CDU) et celle des libéraux
(FDP) avait à peine fini de fêter sa victoire aux élections du 27 septembre et Angela
Merkel avait été, en passant par la visite ritualisée à l´Elysée, généreusement
invitée à parler devant le Congrès américain, que les mauvaises nouvelles la rattrapaient.
L´éloge reconnaissant qu´elle a fait sur l´aide américaine pendant la deuxième guerre
mondiale pour abattre le régime nazi et dernièrement en 1999 lors de la réunification
des deux Allemagne lui valut 9,30 minutes d´ovation ! Les américains
aiment bien quand on soigne leur ego, surtout dans cette crise économique qui
leur a envahi d´indésirables chômeurs, de faillites bancaires et commerciales
autant honteuses qu´inattendues. Aussitôt dans l´avion, cependant, elle apprit
le retrait de GM d´un contrat qu´on prétendait pratiquement en poche…ne l´avait-elle
pas pressenti ? Hem…cette vente a été bien étirée et garnie de reports de
signatures qui auraient dû lever la puce á l´oreille de n´importe qui !
GM a avancé pour se justifier des raisons strictement stratégiques. Elle
sont, quand on s´y penche, plausibles. Il y en avait deux principales : GM ne pouvait pas se donner le luxe de
perdre sa société la plus rentable en Europe ce qui lui permettait de garder
pignon sur rue sur le marché automobile le plus innovateur mais aussi le plus disputé
du monde. L´autre raison était que les américains, et malgré les grands signes
d´amitié envers les russes, se méfient malgré tout de ces derniers et ne
tenaient pas à leur mettre sous la main la technologie automobile allemande et
américaine. GM avait investi lapidairement dans la construction de camions en
Russie, si la banque russe Sberbank
engrangeait 35 % d´Opel, elle pourrait moderniser l´industrie automobile russe,
ce qui, vraisemblablement ne semblait pas dans la volonté de GM.
La raison selon laquelle Magna et son concept russe, autrichien et canadien
ne présentaient pas de solides chances d´avenir ; cette hypothèse, à mon
sens, n´est pas fondée. Elle est plutôt avancée par des gens qui sont encore enfermés
dans la guerre froide et veulent, malgré tout, garder la Russie à la corde
raide parce que celle-ci avait de précieuses matières premières et qu´elle les
défendait bien face à une quelconque mainmise du grand capitalisme stratégique occidental.
Cette histoire GM-Opel-Europe, pour peu curieuse ou même symptomatique de l´égoïsme
actuel des intérêts dans les affaires (surtout si on parle de mondialisation et
de lutte contre le protectionnisme) doit mettre la puce à l´oreille des
africains, surtout ceux qui rêvaient encore à yeux ouverts sur le transfert de
technologie que leur avaient mensongèrement promis quelques occidentaux
sournois uniquement dans le but d´entrer en possession à bas prix de concessions
de matières premières et précieuses.
La droite allemande a fini, elle aussi comme Magna ou la Sberbank russe, à
déchanter face á la crise ; surtout les libéraux qui avaient promis à
leurs électeurs dès qu´ils seraient élus 35 milliards d´exonération d´impôt.
Les choses, hélas, vont autrement dans la crise. La CDU, elle, issue de la grande
coalition sortante, le savait : les dettes allemandes augmentaient inévitablement
pour soutenir le travail partiel et éviter ainsi l´écrasement sur le marché de
l´emploi avec plus 1,3 millions de nouveaux chômeurs. La dette publique
allemande croissait et croissait dangereusement : elle exigeait aujourd´hui
4439 € par seconde d´intérêts négatifs
! Et jusqu´en 2013, l´Allemagne serait tenue d´emprunter jusqu´à 516 milliards
€. Si cette tendance s´accentuait sans autre perspective, bientôt les dettes
seraient tellement opprimantes qu´elle mettraient à mal l´avenir économique de
l´Allemagne qui ploierait sous ses dettes et enchaînerait de longues générations
de ses enfants à l´étroitesse…et quand on sait qu´il y avait de moins en moins
d´enfants et de moins en moins de croissance économique, qui donc paiera ces
dettes et comment ?
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance