Sur le premier discours d´Obama sur l´état de l´Union
Discours
très attendu depuis qu´Obama avait déclaré son intention d´empêcher
les banques américaines à spéculer à hauts risques avec la fortune de
leurs
clients. Puis il y avait le chômage haut de plus de 10% avec lequel les
américains,
malgré les efforts entrepris par l´administration Obama pour l´endiguer,
se débattait.
Puis venait les guerres d´Irak, d´Afghanistan coûteuses et actuellement sans succès, la crise économique
mondiale, l´Iran et la Corée…L´Amérique avait fait un recul du PIB de 13% dans
cette
crise, l´Allemagne de 5,2 %, la France de 7,9%, la Grèce de 13 %, la
Grande
Bretagne de 11%...Dans quel état se trouvait réllement l´économie
mondiale et
comment pourrait-on au mieux la relancer ? Parallèlement, le Davos avait
ouvert ses portes et l´affluence était grande : 2500 invités s´y étaient
annoncés.
Arrivera-t-on à y trouver les solutions pour juguler la crise mondiale ;
en avait-on les moyens ou se trouvait-on dans un cul de sac sans autre
issue que
de laisser la crise par elle-même épurer les erreurs et les abus du
système actuel ?
Obama entre
l´enclume et le marteau ou mis à pat par l´opposition ?
Rappelons
nous, il y a à peine un an qu´Obama fut élu avec un enthousiasme
qui unit le monde entier autour de son courageux discours de changement.
Depuis, beaucoup d´eau avait coulé sous le pont…agacée par la notoriété
de ce
nouveau président américain démocrate, les forces conservatrices
républicaines
s´organisèrent pour neutraliser cet idéaliste qui risquait de leur
faire
subir la politique d´une vision universelle et solidaire du monde alors
que les
américains étaient habitués, en pays le plus riche, le mieux armé et le
plus développé
du monde, à dicter aux autres leurs vues et leurs intérêts. On élut
donc, pour
neutraliser le problème racial, un adversaire aussi noir qu´Obama à la
tête de
l´opposition républicaine et la crise économique fit son chemin en
sortant d´une
part des effets négatifs contre lesquels la fraîche administration
d´Obama se
trouva désagréablement confrontée : le chômage, la restriction du crédit,
les banqueroutes bancaires de plus de 100 institutions financières
américaines, un douloureux endettement public…une
guerre Afghane devenue amère et ardue et dont on se demandait comment et
quand
finirait-elle en cessant d´ingurgiter les deniers du contribuable
américain
pris à la gorge par une violente crise économique.
La position
si prometteuse pour la réussite de ses promesses électorales a,
ces deux derniers mois, changé complètement pour Obama : depuis l´échec
électoral par lequel les républicains ont repris au Sénat le siège de Ted Kennedy et inversé
la
majorité que les démocrates avaient dans cette haute chambre du pouvoir,
toutes
les chances de voir passer la loi sur la réforme de l´assurance maladie
universelle s´est envolée en fumée. Quant au chômage, malgré les efforts
et les
initiatives gouvernementales, celui-ci ne diminuait pas, preuve que ce
n´est
pas seulement l´Etat qui crée l´emploi mais bien et en grande partie les
investisseurs privés ! Et ceux-ci aiment savoir au préalable où ils
vont…on
n´investit pas à l´aventure, mais bien pour en profiter ; or les
affaires étaient
plutôt à l´attente dans cette crise...c´était plutôt l´heure des réformes
et des
réductions de coûts de production que ceux de l´aventure passionnée vers l´inconnu.
Actuellement
dans le monde seul les marchés asiatiques présentaient une ferme
tendance de
croissance positive. Mais investir en Chine et ailleurs en Thaïlande, au
Vietnam ou en Inde, c´est créer des emplois concurrentiels qui venaient
rendre caduques
celles des industries américaines à domicile. Comment renverser la
vapeur et
rendre rentable les investissements aux Etats-Unis et dans l´emploi
américain ?
Bonne question. Les asiatiques avaient des prix imbattables…et depuis que la Chine avait mis frein à l´expansion du crédit, la sonnette d´alarme avait sonné partout dans le monde industriel. Il ne faudra pas compter sur le crédit facile et bon marché chinois pour remonter l´économie mondiale...les chinois craignait un effondrement de leurs économie et bien sûr l´envolée en fumée de leurs efforts.
Obama était
mis donc à pat par le jeu de la démocratie américaine ;
cela s´aggravait encore depuis que la Cour Suprême américaine avait
rendu un
verdict rejetant la limitation de l´aide financière accordée aux
candidats
politiques aux Etats-Unis. Désormais les banques, les sociétés
financières ou
productives pouvaient se jeter en liesse et influencer massivement les
électeurs
et l´issue des élections. Et si Obama se faisait l´ennemi des banques ou
des
grosses fortunes…sa réélection serait impossible, tout simplement. Même
de ce côté
les républicains l´emportaient car ce sont eux qui avaient le plus de
moyens
financiers de leur côté.
Comment
lutter contre l´endettement remarquable du déficit budgétaire américain
qui accusait aujourd´hui 1400 milliards $ ? Réduire les dépenses, geler
les salaires publics et les nouvelles embauches ? Cela allait attirer
des
rugissements dans le large secteur public américain. Faire de nouveaux
impôts
pour augmenter les entrées de l´Etat ? Ceux qui étaient riches se
refusaient à accepter cela ; c´est comme avec toutes les impositions :
pas chez moi, sonnez plutôt chez le voisin. Imposer les transactions
financières
bancaires ? Après tout, ces banquiers, non seulement ils avaient été
co-instigateurs de cette crise, ils en avaient profité et même, avec des
larmes de
crocodile, ils avaient quémandé le secours public. Aujourd´hui, comme si
rien n´était,
ils s´étaient bien remis à se noyer de dividendes et de bonus comme si
la crise
n´avait jamais existé et ne posait aucun problème aux chômeurs, aux
entreprises
mises à mal et mêmes aux dettes et finances de l´Etat ! Mais…faut-il vraiment se
mettre des banquiers sur le dos ? Délicat. Et pour le moins embêtant...les banquiers, c´est connu, ont bonne mémoire.
Obama
semblait, curieusement, comme un otage pris au piège de sa propre
démocratie.
Et s´il ne fait pas attention, il ne restera plus rien de son idéalisme
politique ou même de ses promesses. Il serait transformé par ses
adversaires en
vil étalon politique que les républicains useraient et abuseraient à
loisir
pour asseoir leur politique néolibérale de toujours : exploiter les
autres, leur imposer leurs intérêts, les dominer et si cela ne marchait
pas avec
les méthodes classiques discrètes, on bombardait, tout simplement,
quitte à
convaincre le monde qu´on agissait strictement pour une noble cause. Les
européens
observaient le développement aux Etats-Unis avec des sentiments mitigés ;
chez eux aussi le torchon brûlait : la Grèce, pays natif de la
démocratie,
sombrait sous ses dettes (300 milliards €) et s´agrippait désespérément au bord de
la
banqueroute, par ailleurs l´Espagne, le Portugal, l´Islande,
l´Irlande…l´Ukraine
tous étaient au rouge. On aurait bien vu une Amérique se frayant de
nouvelles
voies qui profiteraient aussi aux partenaires européens. Et si ce
n´était pas
le cas, l´Amérique risquait de perdre son leadership en occident. Chacun
pour
soi, Dieu pour tous ? La concurrence industrielle allait prendre, dans cette crise, très prochainement des allures aveuglées...
Toute cette
histoire de combat entre les forces conservatives et les forces
progressistes se joue presque partout dans les sociétés en crise : les
uns
défendent leurs habitudes et leurs efforts passés et craignent le
changement
parce qu´il risque de leur enlever leurs privilèges et leurs aises; les autres
prétendent que le changement est porteur de plus d´espoir et de
bien-être sans pour autant l´avoir éprouvé ou mis à l´épreuve. Qui avait raison ? Toujours est-il qu´il faut réellement du courage pour briguer le changement. En Europe
c´était la même
chose : en Allemagne on avait élu dernièrement les conservateurs au
pouvoir (Coalition CDU-FDP) mais ceux-ci n´avaient aucune recette valable contre la crise ; on se
contentait donc de protéger d´abord les grandes richesses de
l´effritement…quitte
à éplucher les petites gens et endetter encore plus gravement l´Etat,
les
pouvoirs publics et le contribuable…en attendant que les choses se
décantent d´elles-mêmes
ou que les nuages à l´horizon de la crise se dissipent avec un meilleur
vent.
On alla même à créer la loi sur l´accélération de la croissance : la Wachstumsbeschleunigungsgesetz
! (Quel
mot !) On se croirait à la course automobile dans les accélérations
dangereuses en sortie de courbe incertaine. Cela a soulevé une telle hilarité dans
les
milieux intellectuels et ceux de la rue...! Ces allemands, ils avaient
un tel
humour ! En France Sarkozy qui avait ouvert le Davos faisait la cour aux
citoyens en les invitant à dialoguer avec lui ; il s´était promis de
répondre à toutes leurs questions au moment où tous les pouvoirs en occident n´étaient
plus maîtres
de la situation. Que pouvait-il donc donner en réponse valable ? Que le
chômage
allait baisser bientôt et que les assurances sociales redeviendraient
rentables ?
Dans ces deux cas les choses allaient bien se dégrader inexorablement…tandis que la concurrence chinoise et indienne, elle, faisait d´énormes poussées sur les marchés des biens commerciaux, de l´industrie et de l´emploi.
Obama s´en
sortirait-il de ce dilemme politique qui risquait de l´empêcher
d´être lui-même et d´exercer le pouvoir que le peuple américain lui
avait confié
comme il le voulait et comme il l´avait promis lors de sa campagne ? Il
ne
se résigne pas, a-t-il dit, il allait se battre…Nous trouvons-nous dans
un
curieux marché de dupes ? Que voulait le peuple américain au juste ;
voulait-il le changement ou il ne s´agissait que de se débarrasser de
l´image par trop salissante de George Bush pour la réputation américaine et cependant, malgré tout rester comme
par le passé...bien néolibéral et impérial ? Est-ce possible dans cette crise ou celle-ci poussait-elle bien au changement écologique, entre autre ?
Musengeshi
Katata
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