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15 mars 2010

A propos de la question de culture et du développement en Afrique

Commentaire sur Facebook

 

La culture s´étiole sans idéal de perfectionnement sensible, sans épanouissement et développement économique, social et individuel

 

Non, chère Katreen, je n´ai pas oublié ta question CULTURELLE; ce qu´on entend par-là...même si je suis surpris qu´une belge ou une occidentale soit en mesure de rappeler à un africain congolais de faire cas de la question culturelle ! Mais bon, cette question, elle existe bien et cela est même urgent en Afrique de s´y tourner résolument. Seulement, comment s´approprie-t-on la Culture avec "C" majuscule, si on n´a pas appris à critiquer et éviter les erreurs du passé ? L´histoire ne se fait pas seulement à coups de grandes idées; elle se fait aussi par l´accumulation et le matérialisme dialectique de l´expérience sensible intellectuelle et pratique. Ce travail, hélas, est bien négligé en Afrique...tous ceux qui croient qu´il suffit de faire comme les occidentaux, de monter quelques unités de production par-ci, par-là ou de construire des routes et des grands échangeurs pour se croire développé se trompent bien. Le développement est certes actif et créatif, mais il est aussi un état d´esprit aimant l´intelligence, la science, la créativité et le modernisme que nous procurent la technique et l´amélioration de nos moyens et instruments de réalisation.

A propos de projets, d´études et de prévisions...j´ai été invité en consultation à Kinshasa lors de la prise du pouvoir de Laurent Kabila; outre que j´ai été choqué par certaines flagrantes contradictions, j´ai été scandalisé par la destruction publique et frondeuse de toutes les études urbaines, industrielles et sociales faites sous Mobutu. On prétendit à l´époque qu´on ferait mieux...tout le monde acclame encore aujourd´hui Kabila et le considère comme un patriote; moi pour ma part je le considère comme un illuminé inculte et borné. On ne détruit pas la pensée intellectuelle de tant de critiques sociaux, le travail de tant de hauts professeurs congolais d´universités...en fin de compte pour conduire le pays comme on le voit aujourd´hui à une désorientation cruelle et scandaleuse. Si les congolais sont aujourd´hui surpris que rien ne tourne rond, moi pas; j´ai vu venir le train fou qui entrait dans la ville.

Je suis souvent long, c´est vrai; mes amis disent que j´aime punir les ignorants et les gens superficiels qui ne voient pas les choses dans une plus large ampleur. je leur répond toujours que je suis né libre, pas esclave de qui que ce soit parce qu´il était interdit lors de l´esclavage d´apprendre à un noir à lire et à écrire...La culture, je ne la définirait pas comme étant "ce qui reste quand on a tout oublié" comme le faisait bêtement à mon sens en France l´écrivain Emile Henriot (1889-1961). Ce n´est pas quand on a perdu sa mémoire ou qu´on a oublié toutes ses bonnes manières apprises par l´éducation qu´on est enfin cultivé ! Ce qu´on a fait avaler à des générations d´innocents lecteurs de France et d´ailleurs ! Je dirai simplement que nous devons faire, dans le monde entier, et particulièrement en Afrique à cause de son retard industriel et économique, l´effort d´acquérir un meilleur apprentissage et exercice de la Culture comme lieu de définition sociale, économique, d´identité culturelle et de réalisation individuelle. Il y a beaucoup à faire en Afrique sur ce point de vue et l´économie - et c´est dire ici l´usage approprié des moyens financiers, créatifs, intellectuels et imaginaires d´une société - y joue un rôle des plus prépondérant. Produire pour produire cela ne mène nulle part si une organisation et un marché organisé ne rendent pas à ceux qui produisent les moyens financiers dont ils ont besoin pour répondre à leurs frais et s´améliorer. Le niveau moyen de revenu intervient aussi dans l´évolution ou l´avenir des affaires, ne l´oublions pas.

Au delà de tout cela, et c´est par-là que je juge tous ceux qui commentent ou s´expriment sur le Net, je place l´avènement en Afrique et au Congo d´un idéal social d´excellence au dessus de tout. L´Afrique ne connaît pas cela, il faut bien le dire: des fabriquant de chaussures, de meubles, des couturiers ou des travailleurs de métaux cherchant la perfection dans leurs métier. A mon sens nous avons non seulement un manque criant de normes de perfectionnement, il nous manque aussi un sens de perfection dans la gestion et l´organisation de la chose publique. Même l´éducation en Afrique est sans éclat et sans ambition particulière...pour vous en tant que belge cela ne vous frappe pas étonnant, vous avez hérité des efforts écrits et éprouvés de votre histoire en mathématique, en histoire, en sciences politiques, etc. Certains africains, par contre ne savent même pas ce que signifie réellement pour eux la découverte des pyramides, la colonisation ou les "Bâtons d´Ishango". D´autres on crû qu´il s´agissait tout simplement d´acquérir un diplôme occidental pour être arrivé sans plus. Certains se sont réfugiés, pour un diplôme d´intégration sanctionnant leur refus de la misère, de la médiocrité et de la pauvreté chez eux, l´intégration en occident développé et organisé. Qui peut le leur en vouloir ? Oui, la Culture, chère Katreen Benoît, est faite surtout de mémoire et critique du passé, de production et d´exercice responsable et conséquent de la liberté, individuellement, socialement. Et ce qui distingue l´homme de culture, c´est exactement l´art et le talent qu´il met à jour pour défendre ses droits à la réalisation sensible, accomplir ses devoirs envers lui-même et sa société, créer et célébrer l´existence comme un bien précieux et cher respectueux autant des droits des autres que de leurs libertés à s´épanouir. Pour moi c´est cela, la liberté ou la culture.

PS: j´espère que je ne vous ai pas trop puni à me lire, oui, je sais, parfois je suis un grand tyran...

Musengeshi Katata

« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »

 

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Commentaires
M
Seulement, quand je vois ce qui va nous arriver...quand je vois combien d´innocents, de femmes et d´enfants seront inévitablement victimes de cette immonde crise...cela met en colère autant que cela blesse le sens d´humanisme et de respect des droits des autres qui couverait dans n´importe qui, je crois...ni en Espagne, ni en France, ni en Grèce, ni même aux Etats-Unis ou en Afrique. Un être humain est un être humain où qu´il soit, quelque soit sa couleur de peau, quelque soit sa religion ou son lieu de naissance. <br /> <br /> Avec ce commentaire que j´ai fait á Katreen je dois dire vrai je ne savais pas comment y répondre...je ne savais pas si j´avais affaire à quelqu´un qui voulait m´arnaquer en me faisant comprendre qu´il était du pays d´où vient la culture...c´est même pour cela que j´y ai répondu en donnant une définition de ce que peut être réellement une culture. Mais il y avait aussi l´autre perspective: celle d´une belge sincère et aimant le Congo par dessus tout; après tout, elle y avait grandi et à mon sens c´était aussi son pays...d´une manière ou d´une autre.<br /> <br /> Difficile de dire exactement sur Internet qui est qui; voilà pourquoi j´écris le plus longuement que possible...une autre manière de communiquer mon caractère et rechercher une plus étroite communion d´idées avec des gens qu´on ne voit pas et qui, comme beaucoup d´africains le font par trop souvent ces derniers temps, peuvent être bien faux. On ne sait pas toujours à qui on a affaire. Pour ma part Katreen est peut-être plus africaine que certains africains...seulement, cela ne résout en rien nos problèmes, hélas.<br /> <br /> Je ne sais pas si on peut se souhaiter, en tant que congolais, un belge comme ami idéal...il faut vraiment une plus grande intimité de buts et d´intérêts pour faire oublier le passé et souder les gens plus étroitement. Toujours est-il que chaque fois qu´il y avait des troubles au Congo ou que la situation empirait, les belges rentraient chez eux...puis revenaient lorsque les choses s´étaient calmées. J´ai rencontré un grec né à Kabinda, dans le village de mon père au Kasaï. Il parlait le songe mieux que moi ! Et il n´a jamais quitté le Congo pendant quelque troubles que ce soit. Il m´a dit dans l´avion, ici je suis chez moi, je connais tout le monde; toi tu es un étranger ici, personne ne te connais. <br /> <br /> Et il n´avais pas tort. Je l´ai admiré et aimé à la fois parce qu´il avait le courage de dire qu´il était chez lui. De coeur et d´âme chez lui. ce genre de gens sont rares...et précieux parce qu´ils prouvent qu´on peut aller au delà de la couleur de peau et même des origines. Mais si les gens ne poursuivent que leurs propres buts financiers et culturels et prennent leurs jambes à leur cou chaque fois qu´il y a des problèmes...pourquoi ne resteraient-ils pas chez eux définitivement pour avoir leur paix ? Nous devons peut-être mieux apprendre à nous faire confiance...à donner à ceux qui aiment réellement ce pays d´y vivre heureux et accomplis. Nous ne saurons y arriver réellement que si nous allons encore plus profondément dans nos coeurs...avec patience et confiance en l´amour, en l´amitié...savoir distinguer ceux qui nous aiment de ceux qui ne nous aiment pas. C´est important. je m´en suis moi-même rendu compte. l´amour est plus fort que tous les autres liens et intentions. <br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> FR
S
Mais je crois que les gens, s´ils étaient vraiment sincères, reconnaîtraient que c´est plutôt une bonne manière de discuter que d´aller au fond des choses. J´ai aimé ta définition de la culture qui est en fait la valeur la plus grande de l´existence humaine puisqu´elle englobe toutes les autres. <br /> <br /> Je dois reconnaître aussi qu´on a fait avaler aux gens dans le passé toutes sortes de définitions aussi curieuses qu´incomplètes...s´y retrouvera qui le pourra. Sans critique objective et sans détermination de valeur et d´idéal, la culture n´est que l´ombre d´elle-même. L´histoire et la capacité continuité sont ses qualités fondamentales. Entre ces deux points il n´y a que la réalisation et la recherche de la perfection sensible. Faut-il croire que les esclavagistes qui vinrent chez nous exercer leurs bassesses, les colonialistes ou les coranistes illuminés nous offriraient ce qu´ils ne furent même pas capable d´entrevoir ou de se donner à eux-mêmes. Faut pas rêver. C´est là toute la légitimation catégorique du droit individuel à l´apprentissage, á l´exercice et au perfectionnement sensible. <br /> <br /> Shaka Bantou, j´ai dit !<br /> Forum Réalisance
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