Réforme de la santé aux Etats-Unis: une victoire monumentale pour Obama
Même si cette victoire a été teintée de la campagne la plus surprenante
pour la logique sociale de tout pays industrialisé et même si, à 219 contre 212
le vote au congrès a été des plus serré, cette victoire restera ancrée dans
l´histoire sociale américaine. Avec elle le nom d´Obama qui restera entièrement
lié à son combat.
Une belle victoire politique, culturelle et de bon
sens économique
Dans cette crise économique mettant sens dessus sens dessous les
orientations socioéconomique des pays industrialisés, la victoire d´Obama et du
parti démocrate américain dans leur ambition de moderniser le système
institutionnel de la santé aux Etats-Unis enlève la plus belle victoire dans le
chambardement qui secoue le monde entier. Ce projet, certes, va coûter 694
milliards € en 10 ans aux contribuables américains, mais elle va permettre à
plus de 37 millions d´américains de retrouver une couverture assurance santé à
laquelle ils avaient légitimement droit. Dans toute l´Europe où l´assurance de
santé était universelle cette victoire n´avait rien d´exceptionnelle ;
c´est plutôt la résistance idiote et plutôt illogique que rationnelle que les
opposants républicains à ce projet ont mis à jour qui a surpris le bon sens
social du monde entier. Drôle de pays qu´est l´Amérique : toujours prête à
bombarder tous ses ennemis, á prétendre défendre la démocratie et la liberté
dans le monde entier…et cependant ne pas être capable d´offrir à tous ses
enfants une couverture de santé prouvant que les valeurs démocratiques étaient
valables et accessibles à tous indistinctement !
Belle victoire, oui, même si ce pas, dans le monde industriel entier,
passait pour normal. « L´Amérique a
prouvé, dira Obama, qu´elle était capable de grandes choses ; ce n´est pas
une victoire individuelle, mais une victoire du peuple et de la raison ».
La modestie d´un grand homme politique, sans le moindre doute. Il savait
lui-même que si ce projet avait échoué, toute sa crédibilité politique et même
son honneur en tant que leader du monde libre aurait été mis en cause : si
on n´est même pas capable, malgré toute la popularité avec laquelle on avait
été élu au plus puissant pouvoir du monde, d´imposer une chose aussi évidente
que l´assurance maladie universelle chez soi…alors que tout le monde développé
et même la raison et le bon sens exigeaient cette réforme…était-on encore
capable d´asseoir quelque réforme capable dans sa société aux prises avec une
crise économique virulente et épaisse ? Qui lui aurait encore donné quelque
crédit politique ? Avec des réserves et des retenues, certainement…à la
dinde boiteuse dont on n´attendait que ses résultats restent modestes, si pas mitigés.
Temps de crise, temps de curieuse volte-face. Si Obama enlevait sa victoire
avec des arrières goûts malgré tout modestes, une victoire était, malgré tout,
une victoire. En France, Sarkozy, aux municipales, ne pouvait pas se targuer de
la même satisfaction : battu par la gauche en toute longueur sur toute
l´étendue de la république, cette défaite a été un véritable ras de marée :
avec un score de 21 à 1 sur les 22 départements de France, l´UMP, le parti de
droite de Sarkozy a été battu à plate couture. Avec 56% des suffrages, la
gauche l´emporte contre la droite forte seulement de 37% ; l´extrême
droite de Le Pen revient en scène et obtient 9,2%. Le gifle ou le coup de
hache ? Les orientations politiques de Sarkozy, en tout cas, n´ont pas été
célébrées comme efficaces et bonnes. L´heure du changement ? La crise
économique, en tout cas, ne rendait rien facile…les restrictions étaient mal
appréciées. Mais la Gauche apporterait-elle des solutions valables au pays
quand l´économie se refroidit, que le chômage monte et devient agaçant et que
les caisses sociales et les pensions sont menacées de déficit insolvable ?
En Allemagne ce n´était pas mieux…les européens surestiment l´état réel de
l´économie allemande ; ce pays a beau exporter abondamment vers l´Union
Européenne et dans le monde entier, sa population a dû en payer un prix bien
lourd en restrictions. Tout semblait marcher bien puisque les produits
allemands, grâce à la compression des salaires et des coûts à la production,
sont redevenus concurrentiels dans le monde entier en 2007 et 2008. Et puis
vont la crise…et l´effondrement des exportations. Aujourd´hui l´affaiblissement
des revenus des ménages à domicile, privé des promesses juteuses d´une
exportation florissante, de risque de
mettre à mal l´équilibre de l´économie nationale, de son assurance santé, ses
caisses pension et bien sûr l´emploi. Westerwelle de la FDP tape du pied et
crache dans le vide depuis qu´il est arrivé au pouvoir au côté de la CDU. Lui
qui croyait enfin rendre vie et avantager la petite et moyenne entreprise mise
à mal par la crise se retrouve sans la marge financière possible pour mettre en
route sa politique. L´Allemagne devait faire un nouvel emprunt public de 80,2
milliards € et jouer à l´acrobate financier pour sauver les communes
s´enfonçant profondément dans le rouge avec 12 milliards € par manque d´impôts
au revenu et par l´augmentation des frais du chômage.
Ceci pour dire, entre autre, que les cris de Barroso pour aider la
Grèce…étaient pris en Allemagne avec beaucoup de retenue. On se demandait même
si Barroso n´était pas plus intéressé qu´objectif dans cette affaire…le
Portugal son pays étant aussi au bord d´un futur collapse économique pour avoir
joyeusement vécu au dessus de ses moyens. Horst Köhler, le président allemand
ancien directeur du FMI lança hier une curieuse demande hier 21.03.2010 :
celle de penser à régler et organiser juridiquement la banqueroute étatique.
Tiens, tiens, très intéressant ; savait-on déjà que quelques pays
européens seraient contraints à déposer leurs bilans devant leurs pairs et
accepter une vente aux enchères de leurs meubles et substances
économiques ? Ce Horst Köhler, constitutionnellement sans réel pouvoir
exécutif connaissait son rôle constitutionnel retenu au conseil ; il ne
disait rien au hasard…Les choses se présentent tout autrement qu´on nous les
peint aujourd´hui. Aussi, c´est un réel plaisir de savoir que le président
Obama, lui, venait de remporter une belle victoire pour le peuple américain
tout entier. Ironie du sort : les valeurs boursières des firmes
pharmaceutiques qui s´opposèrent véhémentement à sa réforme augmentèrent
insolemment. Eh oui, elles profitaient de l´arrivée de 37 millions de nouveaux
clients devant leurs portes. C´est la vie…les victoire deviennent rares et
modestes en temps de crise…pourvu qu´elles soient vraiment de victoires et pas
des prétendues victoires qui, plus tard, se révèlent n´être autre chose que des
illusions politiques aux conséquences autant douteuses que désagréables. Ceux
qui acclamaient aveuglement aujourd´hui se retrouvaient souvent demain à
ruminer leur colère dans la rue…Comme en Grèce, hélas trop tard pour éviter le
désastre consommé par une droite des plus dépensière et irresponsable.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance