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19 février 2006

Liberté: théorie et pratique

L´Elite entre l´enclume et le marteau

Entre la soumission, l´aliénation et la liberté

Ou l´homme noir entre la pratique et la théorie.

Entre le mal d´être engendré par un passé par trop souvent arpenté par les hordes islamiques (du 7-8ième siècle jusqu´au 15ième siècle), et les hordes esclavagistes occidentales (du 15 au 19ième siècle), l´Afrique asséchée par l´esclavage de plus de 100 millions de ses âmes, castrée par un siècle de colonisation a eu beaucoup de mal à se remettre de tous ces destins méprisants dont aucun ne tint compte ni de ses intérêts sociohistoriques, ni de ses valeurs culturelles ; s´ajoute aujourd´hui un mal à devenir qui est illustré par une aliénation bornée reproduisant un brouillon cacophonique et informe d´une horreur culturelle réelle qui n´a ni âme, ni origine, ni ambition légitime. Ceci se traduit par des intellectuels « gromologuant » appelés au Congo par le petit peuple excédé : « les-je-le-connais » ; des individus instruits, mais peu pratiques et sans imagination créative, dont le seul don est celui, comme des perroquets, à répéter à longueur de journée, et malgré l´évidente relativité des situations, de mémoire ce que leurs cours leur avaient appris. Pas plus que des boites à résonance ; des parvenus de la connaissance, en fait, qui se cachent derrière des définitions dépassés ou vides pour masquer leur incapacité à résoudre les problèmes spécifiques réels. L´aliénation mentale, croire que l´école faisait de tout homme un savant et un génie, avait enfermé ces héritiers bureaucrates de la colonisation dans des allures, des attitudes enfermées à une curieuse impasse : celle de la nullité. Et à longueur de journée, ils définissaient, bavardaient, commentaient ; mais aucun d´eux ne savait réparer sa propre voiture à laquelle il tenait comme si elle était la prunelle de ses yeux : question de standing, d´autorité, de preuve de civilisation. Aucun d´eux ne savait réparer un évier ou une toilette défectueuse. Plus bureaucrate que technocrate. Et devant leur habitude à placer la charrue devant les bœufs, un brillant dialecticien comme Bernardin Mungul Diaka disait avec dépit : «  Quand le moteur d´une voiture est en panne, remplacer le chauffeur ne résout pas le problème. »    

Que dit encore ce proverbe antillais ? « Au village des trompés et des abusés, il y a beaucoup de si je savais ». Eh, oui ; cette armée d´écornifleurs qui aimaient le bureau, le papier et la cravate, mais ne savait ni comment on produit les uns pour mériter les autres, c´était elle qui aimait commander et consommer le prêt-à-porter, le prêt à penser, le prêt à exister du maître blanc. Pour eux, les signes, les apparences : c´est le plus important, pas le contenu ou la portée. Produire et créer, chez eux, est synonyme de diriger, de commander : une déformation de l´ère coloniale qui forma plus de clercs aux écritures que de techniciens et d´ingénieurs. Mais que peut-on reprocher aux colonisateurs blancs qui détruisirent la technicité existante, assassinèrent les élites éclairées pour régner sur leurs nègres en toute supériorité. Après tout, c´étaient pour eux des peuples inférieurs. Et même lorsqu´en 1950 le belge Jean de Heinzlin de Braucourt découvrit le Bâton d´Ishango au Congo, la preuve qu´il y avait 22.000 ans, les africains inventèrent et utilisèrent les mathématiques, ce qui prouvait que l´historicité de l´homme noir déjà riche par les révélations de Cheikh Anta Diop et par les legs de l´histoire égyptienne et des manuscrits de Tombouctou, plaçait cette race au-delà de tout complexe, de toute discrimination intellectuelle ou rationnelle. Cette découverte pourtant fut gardée secrète, et aujourd´hui encore sournoisement conservée à Bruxelles, chez ceux qui vendirent les noirs en esclaves et prétendirent qu´ils étaient des sauvages incultes et primitifs. Curieuse civilisation où le vol, l´escroquerie, la discrimination et le crime recevaient les titres de noblesse de la culture.     

Pour les élites africaines conscientes, décimées par une répression sans pareille dans l´histoire humaine, à l´indépendance obtenue après la deuxième guerre mondiale, elle essayèrent de retrouver leur équilibre sociohistorique en développant bon gré mal gré sous les séquelles et l´ombre envahissante de leurs anciens colonisateurs envahissants et étouffants, des legs islamiques ou chrétiens, une personnalité propre leur permettant de remplir leurs devoirs envers elles-mêmes, et de reprendre sur leur histoire et leurs sensibilités culturelles, la direction de leurs histoires, de leurs destinées. Et malgré leur bonne foi, les fantômes du passé, emmêlés à leurs propres faiblesses respectives ou leurs manquements, comme des cauchemars incessants, vinrent troubler leurs intentions, leurs déterminations, l´ensemencement à de véritables démarches liée à la liberté.

Celle-ci est d´autant rendue précaire que l´occident devenu conscient de sa dépendance aux matières premières et aux marchés africains, emploie tous les moyens, même les plus bas (assassinat d´élites, contraintes militaires, politiques, économiques et financières –voir francafrique) pour conserver sa mainmise sur ce continent et ainsi conforter et affermir sa domination et son hégémonie sur le monde.

L´intelligentsia africaine, appelons chat un chat, est la plus réprimée du monde. La pression que l´occident hégémonique et gratuitement dominateur impose et exerce sur l´élite de ce continent est tellement scandaleuse qu´on en vient parfois à se demander si ces fameux civilisés blancs ne se gênent pas eux-mêmes à entretenir une francafrique, par exemple ; à condamner et enfermer tout un continent, des millions de gens à la pauvreté et à la misère, à les empêcher sciemment de vendre librement leurs produits par des subventionnismes choquants ( coton par exemple pour les USA, sucre pour l´Union Européenne). Ou encore un exemple classique et brutal dans son inconscience : celui de la Jamaïque et du lait européen et américain.

Ces messieurs, avec la complicité de Nestlé, envahirent le marché jamaïcain du lait trois fois subventionné de leurs pays et le vendirent à des prix de dumping qui ruinèrent les éleveurs de ce pays et les contraignirent à abandonner leurs fermes. Ne sachant plus vendre, ils durent prendre la route de la ville, et là ils n´avaient ni jobs, ni autre perspective que d´abonder les bidonvilles. Fiona Black chanta, pour protester devant le siège de l´Union Européenne « No dumping no cry ».

Et la question qui vient tout de suite à l´esprit est : que faisait donc la politique jamaïcaine pour pendant qu´on assassinait son élevage dans l´arrière pays ?

Tout avait commencé avec la demande d´un crédit de la Jamaïque à la Banque Mondiale en 1992 ; cette noble institution demanda la levée des barrières douanières sur le lait jamaïcain en retour, ce que sans arrière pensée le gouvernement jamaïcain fit pour recevoir le crédit promis. Et aussitôt les barrières levées, sous la couverture de Nestlé, l´Union Européenne déversa son lait sur ce pays à des prix imbattables avoisinant la gratuité, ses exportations passèrent de 1200 tonnes en 1992 à 6300 en 2000 soit 67% des excédents de toute l´Union. Sur les 2,5 milliards € qu´occasionnait les subventions annuelles du lait à l´Union Européenne, 1,5 milliards € représentaient l´aide à l´exportation. Un scandale.

Mais que devenait donc l´élites jamaïcaine dont la fonction et le devoir était de protéger le peuple contre ce genre de banditisme socioéconomique ? Elle avait été déjouée et trompée par un vil crédit de gambit. Elle reçut un crédit sanglant, de ce genre qui assassine tout un peuple en minant son développement. Et pour ménager sa conscience, elle reçoit régulièrement 3,4 milliards de $ d´aide au développement avec lesquels elle peut s´acheter de belles voitures ; mais le peuple, lui a perdu emplois et secteur agricole impératif. Echec et Matt. Voilà un exemple de corruption légale, d´exportations légales mais tous deux criminels et asociaux. Et encore une fois la preuve que l´aide est plus empoisonnée qu´on ne le pense. Pour tous ceux qui rêvent de l´argent facile, on peut, comme on le voit, en mourir.

Bob Dylan a chanté dans Ballade pour Hattie Carol : « Vous qui philosophez tout le temps et critiquez les gens, vous pouvez sortir vos mouchoirs : c´est le moment de pleurer. »

Ces messieurs les occidentaux en cravate et en cols blancs savent ce qu´ils font. Pertinemment bien. Et tous ceux qui sous estiment leurs stratèges sont des naïfs dangereux. Aujourd´hui l´argent ou les moyens financiers puisés en Afrique du Sud servent à fabriquer des armes, à soudoyer des gouvernements à l´achat de limousines et bricoles luxueuses, c´est à dire à assassiner les africains eux-mêmes. Et pendant ce temps, on leur ferme le marché européen, on se saisit de leurs entrées monétaires sous prétextes de garantir leurs monnaies ; en réalité, on veut les empêcher de capitaliser, d´investir dans des projets qui pourraient assurer leurs développements. Surtout pas. Il doivent rester dépendants et uniquement livreurs de matières premières. Ce système est tellement fourbe et fondamentalement criminels que ceux qui l´entretiennent ne méritent aucun respect ni considération de notre part.

Et tout intellectuel occidental qui se lève pour défendre cette monstruosité, mérite qu´on lui crache au visage parce que sous prétexte qu´après tout c´est lui qui en profite, on l´emploie et on pervertit son objectivité et son sens éthique et moral. Et quand on voit alors les organisations internationales courir l´Afrique soit disant pour aider, parrainer ou construire des écoles, alors que ce ne sont que des distributeurs du faux sucre après le fouet de leurs commanditaires…cette sournoiserie ; cette évangile du faux !

Et pour tous ceux qui croient que la religion catholique n´est en rien dans cette histoire ; il se trompent on ne peut mieux. L´église catholique est le bras droit du capitalisme hégémonique occidental. Corps et âme. Celui qui ne l´a pas encore compris, comme tous ceux qui arborent leurs noms chrétiens comme des initiés à la pendaison de l´homme noir, lorsqu´ils se réveilleront, ils n´auront qu à ramasser leurs morts et cuver leur misère.

Mais dites-moi sincèrement si je me trompe : tout le monde sait que l´église catholique a autorisé, conseillé et pratiqué l´esclavage tout le temps que le capitalisme occidental l´exigeait à ses côté ; maintenant dites-moi ce qui qualifie cette église catholique à savoir, à vouloir protéger l´âme noire qu´elle voua pendant 400 ans à l´esclavage ?

Pourquoi, par exemple avoir insisté sur l´enfermement s´un Simoni Kimbangu pendant trente ans jusqu´à sa mort pour parcourir aujourd´hui l´arrière pays africain en prétendant sauver en aider l´homme noir ? Un brillant dialecticien jésuite camerounais : Engelbert Mveng avait osé interpeller au cours d´un concile au Vatican : « "l´évangile doit contribuer à notre libération, sinon il ne nous intéresse pas. A quand les encycliques, à quand les excommunications condamnant - avec la même force qu´hier le marxisme -, l´asservissement de la dette, l´esclavage culturel, la pauvreté anthropologique de l´Afrique?"

Ou encore : " De quel évangile parle-t-on? Celui des blancs qui tuent et qui oppriment? Ou celui des noirs qui sont exploités?" Il fut assassiné le 22.04.1995.

Mais dites-moi, pourquoi l´église catholique refusa-t-elle pendant 60 ans de reconnaître l´indépendance et la liberté haïtienne ?

Quand j´ai quelque chose de précieux qui me permet d´aller au paradis, pourquoi ne le garderai-je pas jalousement pour moi, mais je veux à tout prix le partager avec la terre entière…pas encore compris ?

Et pourtant, il suffit seulement d´aimer, mais d´abord et surtout s´aimer soi-même.

Et croyez-moi ou pas, quiconque ne veut pas nous reconnaître la liberté, le droit légitime et sacré de chaque être à être et devenir ce que sa sensibilité et celle des siens lui réserve, est l´être le plus dangereux qui existe. Parce qu´il lui manque quelque chose d´évident et de fondamental : le sens universel humain.

Musengeshi Katata

Muntu wa bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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