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27 février 2006

L´affaire Ilan: islamisation de la politique française ?

Editorial d´actualité

L´affaire Ilan : islamisation de la politique française ?

Qui ne gueule pas la vérité dans un langage brutal quand il la connait se fait complice des menteurs et des faussaires. (Charles Péguy)

Une affaire scandaleuse que celle de l´enlèvement et la torture jusqu´a la mort de ce jeune juif dont on espérait une rançon ; hélas, sa famille n´était pas aussi fortunée que le supposait ses bourreaux. Le chef du groupe criminel Youssouf Fofana appréhendé dans sa fuite en Côte d´Ivoire a déclaré que cette scandaleuse histoire n´avait pas un but raciste mais bien financier.

En cette place notre profond soutien à la famille éprouvée, et ceux qui se sont levés pour participer à la marche publique de protestation contre cet acte barbare et inhumain.

Ce qui dérange dans toute cette pénible histoire, c´est la visible tentative gouvernementale française à transformer cette affaire en crime raciste ou antisioniste.

Personne ne sait d´où elle tient ses conclusions. Et déjà le président français se penche par trop vite largement à la fenêtre pour déclarer : « s’en prendre à un juif c’est s’attaquer à la république ». Tiens donc, penserait Dieudonné Mbala Mbala ou Christiane Taubira ; et s´en prendre à un noir, à qui s´attaque-t-on donc ? Mais bien sûr, à la civilisation.

Mais comme celle-ci a toujours été spoliée, vilipendée, traînée dans la boue pendant des siècles durant par les maîtres auto déclarés des droits des hommes et de la liberté, en vieille femme pudique et retenue, elle cache sous ses rides des péripéties

honteuses qui ont marqué ses pas historiques, et se contente de sourire discrètement aux hommes de bonne foi : une grandeur d´âme qui ne salit en rien ses vertus et son immense désir de justice, d´équité, de valeurs morales et éthiques pures et nobles. Un Serge Reggiani, devant le sort déchiré de cette femme fatale, aurait dit comme dans le prélude de Sarah :

«Si vous la rencontrez bizarrement parée,

Traînant dans le ruisseau un talon déchaussé,

Et la tête et l´œil bas comme un pigeon blessé,

Monsieur ; ne crachez pas de juron ni d´orgueil

Au visage fardé de cette pauvre impure

Que Déesse famine a par un soir d´hiver,

Contraint à relever ses jupons en plein air.

Cette bohème là, c´est mon bien, ma perle

Mon bijou, ma reine, ma duchesse. »   

Certes le peuple français, les amis, et mêmes les malheureux délinquants qui s´étaient permis cet acte ignoble et vicieux, doivent protester contre ce genre de barbarisme civil ; mais si l´Etat français s´en mêle et fait des déclarations qui vont au-delà la portée réelle de ce malheureux et regrettable assassinat, elle instrumentalise cette situation pour se défouler d´un subconscient troublé. Et dans ce cas, indécent et tendancieux. Parce qu´il semble bien que le fait que la bande de jeunes criminels était exclusivement ou en majorité noire africaine, et de surplus dirigé par un musulman, réveille la bête noire de la Banlieue associée à la haine d´un islamisme terroriste et fondamentaliste.

Et même si cette pénible affaire n´en avait en aucun cas les contours, les déclarations tapageuses de Jacques Chirac, ou plus ancien mais encore bien frais à la mémoire publique : ceux de son ministre de l´intérieur Sarkozy qui disait que cette racaille, il fallait s´en débarrasser au Kärcher ou encore : les africains seraient plus brutaux que les arabes. Tout cela réveille un subconscient public à point, au moment où prise en flagrant délit de non assistance à personnes sociales défavorisées, par deux reprises consécutives : dans les fameux incendies de Paris qui coûtèrent la vie à 48 africains et la révolte des jeunes sans culotte de la Banlieue qui mit pendant plusieurs semaines la France en flammes, mettant à nu des plaies sociales âgées de 30 ans, et par cette contestation aux traditions françaises bien connues des barricades, criait bien haut l´injustice et l´exclusion vicieuse dont elle avait été l´objet.

Et devant une crise économique infamante qu´accompagnaient douloureusement un haut chômage dérangeant de plus de 9%, un endettement public galopant de 1065 milliards € lesquels entraînaient 47 milliards d´intérêts négatifs par an, une assurance sociale en banqueroute et des caisses de pensions déficitaires : un tableau horrible et effrayant qui mettait à mal les budgets de l´Etat et restreignait sa marge d´intervention sociale. La démocratie française, à la longue, serait acculée à l´impasse, et peut-être perdrait-elle, en face des capitaines d´industries mécanisant à loisir et investissant à l´étranger pour lutter contre l´adversité chinoise, indienne, taiwanaise accrue, le dernier mot. Le mot pesant qui défendait au mieux les intérêts du peuple, et les finances de l´Etat.

Mais tout cela justifiait-il un comportement qui, au lieu de s´atteler au principal, cherchait plutôt à trouver le bouc émissaire pour brouiller les cartes et donner au peuple des sujets bien trouvés de dispersion d´attentions ? La révolte africaine, elle, était bien audible depuis que les africains retrouvaient les bris de leur mémoire historique, et apprenaient à leur étonnement combien la politique française de la francafrique, les assassinats volontaires de leurs élites, la mainmise sur leurs matières premières que l´occident engorgeait avidement en veillant sournoisement à contrôler leurs monnaies et à ce qu´ils ne sortent en rien du sous développement. Tout cela semblait bien incompatible avec liberté, égalité, fraternité ou même avec la constitution française qui disait dans son préambule du 7 octobre 1946 :

« Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge à la liberté de s´administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires ; écartant tout système de colonisation fondé sur l´arbitraire, elle garantit à tous l´égal accès aux fonctions publiques et l´exercice individuel ou collectif des droits et libertés proclamés ou confirmés ci-dessus. »

A quel esprit devait-on alors les massacres d´Algérie, ceux de Madagascar, de Thiaroye, de Brazzaville, le massacre des Bamilékés, le support à l´Apartheid, l´assassinat de Thomas Sankara, par exemple ou la justification de l´entretien d´une francafrique fomentant trouble et corrompant ?

Car bien avant, cette même constitution disait :

« La république française, fidèle à ses traditions, se conforme aux règles du droit public international. Elle n´entreprendra aucune guerre dans des vues de conquête et n´emploiera jamais ses forces contre la liberté d´aucun peuple.

Sous réserve de réciprocité, la France consent aux limitations de souveraineté nécessaires à l´organisation et à la défense de la paix »

Et ça sautait aux yeux que la politique française en Afrique était diamétralement opposée à sa propre constitution. Comment cela était-il possible ? A quoi servait donc une constitution ?

C´est le malaise actuel de l´homme noir, mais aussi de l´irakien qu´on a bombardé à la démocratie et nanti à corps défendant d´une constitution. Si les occidentaux eux-mêmes ne respectaient pas les leurs, pourquoi tenaient-ils absolument à en nantir tous les Etats dont ils étaient, de par les matières premières, dépendant ? A moins que ce soit comme à Paris, à Washington, à Berlin ou ailleurs où cette importante convention du peuple indépendant et souverain était contournée, interprétée, et au besoin ignorée quitte à s´excuser plus tard après coup.

Mais alors pourquoi voulait-on à tout prix structurer la périphérie à ce point ? Mais oui, enfumer les gens ; et comme avec la bible, leur apprendre à respecter, à tenir à des règles qu´on n´était pas, soi-même, décidé à respecter. Tout est relatif entendrait-on alors, pendant qu´en Côte d´Ivoire la France abusait ouvertement de sa constitution. Ou en Irak où l´Amérique, devant les yeux du monde entier, brutalisait sa propre constitution et le droit des gens. « Apprenez-leur à croire, pas à réfléchir », disait Léopold II à ses missionnaires se rendant au Congo pour y exercer leur curieuse mission. Car disait encore ce monarque faux et sournois : «Bons chrétiens, bons crétins »

Les africains ont cependant compris que cette démocratie dont il fallait porter la cravate sans produire, sans véritable indépendance économique et financière ; sans réel développement sociohistorique ; ce n´était rien d´autre qu´un vide aliénant et abrutissant. Un mirage en somme qui terrorisait et normait gratuitement à des buts hégémoniques de domination plutôt qu´il ne réalisait et apaisait le lourd tourment existentiel de leurs peuples, de leurs femmes et de leurs enfants. Il s´agit bien de fables étrangères qui avaient ceci de particulier : on retombait dans une nuit peuplées de fantasmes et de cauchemars douloureux et dépersonnalisants.

Et pour en revenir à l´affaire Ilan, on se demande si la France, comme les mullahs islamiques n´utilisaient pas ce bouclier providentiel pour cacher son malaise social actuel. Et si pour les islamistes ils s´agissaient de vouloir torpédier ou restreindre à distance la liberté d´expression de non croyants dans leurs propres pays respectifs (Quel toupet, mes aïeux !) ; en France, on essayait de faire taire l´Afrique impatiente et inconsolable, ainsi que la périphérie des Dom Tom qui avaient eux aussi compris, lors du vote de la loi sur la discrimination positive qui avait, soit dit en passant été adoptée par les français à 61%, qu´on les menait en bateau, et se demandaient à raison : «Sommes-nous des français à part entière, ou des français entièrement à part ?».

Nous regrettons profondément cet acte bestial barbare exercé sur Ilan et formulons le vœu que la punition des coupables donnera, même sous une forme symbolique, à la famille éprouvée, ses amis et au peuple français une consolation maigre certes, mais nécessaire au respect des droit et de la liberté en France.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com      

               

   

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Commentaires
L
Je crois surtout que le rêve du politique se réalise enfin, gérer la justice.<br /> Bien que la séparation des pouvoir n'eut jamais été bien établi, aujourd'hui avec les différents ratages de la justice (Outreau, corse...) le politique se frotte les mains. Il juge la justice et s'irrige en seul défenseur de l'éthique sociale.<br /> On le voit bien lors de cette marche, tous les partis politiques sans exception ont voulu participer, même le FN. On se sert de ce mort comme d'une affiche publicitaire, d'un slogan pour les élections de 2007. Cette marche aurait mérité l'anonimat de tous, le nombre suffisait à montrer la solidarité face à ce crime.<br /> Plusieurs SDF sont mots cet hiver, j'aurais aimé la même marche. Les sévices infligés par la société aux plus démunis est aussi dégueulasse que ce crime.<br /> La justice aujourd'hui n'est plus qu'une enseigne qui s'étiole sur un bâtiment désafecté.<br /> Cette marche à surtout montré qu'il n'y a plus séparations des pouvoirs.<br /> <br /> Amitiés, Le Troll
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