Peaux décapées: l´aliénation sans retour ?
Sur peaux décapées : les nouveaux visages pâles noirs
Commentaire Réalisance sur afrikara le 04.03.2006
Il ne s´agit pas seulement de paraître noir
Cette hérésie du décapage est un complexe d´aliénation mentale que les blancs, dans leur jaloux mépris de la race noire et de sa domination avouée, ont imposé à la race noire pendant une castration historique de bientôt 600 ans. Et tous les commentateurs qui s´en effrayent ou s´en choquent jouent un jeu sournois, parce qu´ils semblent tous ignorer ce phénomène pourtant journalier et historique. Ce n´est en effet pas seulement de paraître comme un blanc, parler comme un blanc, consommer blanc ou d´emblée croire que ce que dit un blanc est la vérité toute faite, mais aussi douter de soi-même, se sentir complexé et ne pas lutter contre cet envahissement permanent du fait de la domination culturelle, économique et financière du monde blanc en Afrique. Celui qui a compris ce mal dérangeant qui lui dévore son identité, sa créativité singulière et son historicité ne lutte pas seulement contre ce mal, mais essaie de retrouver, en lisant, en analysant ou tout simplement en s´informant le chemin qui permette à son âme, sa créativité et sa sensibilité indépendante et libre, de s´exprimer, de se réaliser le plus loyalement que possible pour répondre à sa personnalité originelle pure. Ce n´est pas facile, et encore une fois, cela n´est pas dépendant uniquement de la couleur de la peau; certaines tribus, par exemple les lubas, au Congo, sont très clairs de peaux, ou les éthiopiens...etc. Ce qui importe, c´est d´agir, de penser et d´extrapoler en africain; et savoir qu´y a une différence diamétrale entre consommer à longueur de vie les produits, la pensée, les moyens de réalisation occidentale sans arriver à produire les siens, ceux qui correspondent à notre sensibilité et à nos buts et notre sens de l´histoire, quelle que soit la couleur de notre peau, ou nos déclarations africaines passionnelles, c´est tout de même être et rester un esclave perpétuel. Qu´on le veuille ou non; qu´on l´accepte ou pas. Et c´est d´autant vrai que c´est là en fait la problématique réelle de l´Afrique en ce moment: elle veut redevenir elle-même, mais elle lésine à créer les moyens de sa réhabilitation et continue à importer, et ce faisant, elle aliène les moyens financiers qui lui rendraient sa liberté et reste ainsi à l´impasse de la dépendance. C´est en image chasser le christianisme aliénant mais s´accrocher désespérément à la soutane du curé. Dramatique, et écoeurant. Parce que la liberté, elle n´est pas une pièce de théâtre qu´on joue sur le rôle ou la régie de l´étranger, mais bien celui de ses propres enfants car le langage, le discours ou le thème servi aux spectateurs ne reflètent rien d´autre que le tourment sensible et rationnel de l´en soi, pour soi. Pas pour un autre. Celui qui a très bien exprimé cette vérité est John Henrik Clarke (1915-1998) qui disait à raison:"Lorsque vous acceptez une image de Dieu donnée par une autre personne, vous devenez le prisonnier spirituel de cette personne."
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu