Le président sénégalais Abdoulaye Wade met la main sur la plaie

Abdoulaye Wade s´oppose au plan Sarkozy d´immigration

« Pour l´immense majorité des êtres humains, il n´y a eu, dans les derniers siècles passés, qu´un seul véritable danger : les blancs »  Gerd von Paczensky – Weiße Herrschaft. Eine Geschichte des kolonialismus. Fisher Verlag

Enfin, un président africain qui a saisi la portée réelle des intentions françaises dans l´immigration sélective. Wade est en ce moment, pour tous les intellectuels africain, une adresse avertie et respectable, contrairement à bien de présidents africains qui cafouillent et se laissent dicter par la francafrique une francophonie qui les ruine et les asservit vilement.

Rappelons-nous : le Sénégal est un des rares pays africains à avoir, en coopération ave l´Inde, instauré une fabrique de montage de véhicules utilitaires de transport. Devant la stratégie occidentale de bien connu de ne pas investir dans les véritables secteurs de développement en Afrique, ce pas prouve que ce gouvernement non seulement a compris la sournoiserie occidentale, mais qu´elle agit en conséquence. Car il saute aux yeux que depuis des décennies, l´Union Européenne méprise et étouffe les intérêts de développement africains pour se consacrer ailleurs. Or, nous leur rappelons que qu´aucun autre continent n´a investi autant dans le bien être et la richesse européenne comme l´Afrique : rappelons l´esclavage qui ne nous a été, jusqu´à ce jour indemnisé, la colonisation et ses crimes et méfaits, et les matières premières avec lesquelles le continent africain continue à alimenter l´occident. Tout le remerciement qu´on a reçu de Paris, et de l´Union Européenne, ce n´est qu´une francafrique injurieuse en guise d´amitié, le racisme et la discrimination contre les résidants africains en Europe. Tout ceci n´est pas de bonne et saine coopération.

Très direct et précis, Wade a dit à l´endroit du ministre de l´intérieur français : « "J'estime que ceux que je forme, on doit me les laisser. Il faut que je rentre quand même dans mon argent, je ne forme pas des hommes pour qu'ils viennent développer la France". Celui-ci a rétorqué mardi 14 Mai avant son départ pour le Mali sur Antenne 2 : « "c'est un malentendu. L'immigration choisie, c'est choisie par la France et par les pays d'émigration". "Je veux lui dire que ce n'est pas moi qui définit les conditions immigration au Sénégal, ce n'est pas lui non plus qui définit les conditions d'immigration en France". Plus loin il a ajouté : "Discutons-en ensemble: il ne s'agit pas de piller les élites des pays en voie de développement mais d'accueillir en France des gens pour qui on a un travail et non pas des gens qui vont s'entasser dans des taudis pour qu'en pleine nuit il y ait des incendies et des morts comme cet été à Paris".

On le voit : les fronts sont tendus. Et Abdoulaye Wade a mis dans le mille, car il est évident que la France veut s´approprier à loisir le gâteau intellectuel africain, et prend cela pour un fait divers lorsqu´à la périphérie de ses villes, des immigrés attirés sournoisement par la soit disante « Eldorado » française, ne reçoivent en retour que le bas du pavé de sa banlieue. D´autre part, on sait que par la politique européenne et française de n´investir que dans les secteurs des matières premières profitant à l´occident, par la levée de barrières douanières empêchant les produits africains l´accès au marché européen, et par le gai subventionnisme de l´agriculture européenne, notamment pour le sucre et le lait pour les européens, mais aussi pour le coton pour les américains ; ces pays, tout en étouffant notre développement, conditionnent aussi les investissements privés qui pourraient être fait en Afrique si celle-ci avait accès au respectable marché européen. Personne n´investit, on le sait bien, là où il ne saurait pas vendre. Et cette stagnation de l´Afrique crée l´immigration intellectuelle vers l´occident, car l´Afrique souffre de manque chronique d´emplois qualifiés incessibles à son développement.

Parlons- en dit Sarkozy ; oui, en effet parlons-en. Il serait plus que temps que la France, ainsi que l´Union Européenne changent leur politique sournoise et ségrégative envers l´Afrique et acceptent un partenariat responsable et partagé qui comprend aussi le respect du développement de l´Afrique plutôt que de l´enfermer, comme c´était le cas hier, et même aujourd´hui, dans un méprisant rôle de livreur de matières premières, réservoir obligé de main d´œuvre, de techniciens et d´intellectuels bons marchés, ou simplement de marchés de biens d´exportation soumis et exposés à tous les abus. Croire que la France ou l´Union européenne peut développer l´Afrique ou un pays africains est de la pire prétention colonialiste. Seuls les africains sont à même de développer eux-mêmes leurs pays, leur continent. Tout ce dont la France s´est illustrée ces derniers 46 années d´indépendance africaine, c´est remplacer la colonisation et l´esclavage de jadis par la francafrique et son utilitarisme unilatéral méprisant et cupidement faux et sournois.

Monsieur Sarkozy devrait cesser d´aller missionner en Afrique un point de vue qui ne cache que de mauvaises intentions postcoloniales françaises bien connues de la francafrique ; son collègue ministre du développement Mme Brigitte GIRARDIN avait émis au conseil de cabinet du 12 avril un avis tellement bancal et primitif sur la politique française envers l´Afrique qui prouve que la France, malgré nos protestations et la situation économique déplorable dans laquelle l´Afrique se débat présentement et à laquelle, rappelons-le, la France n´est pas tout à fait étrangère ; et d´autre part, la situation économique étriquée dans laquelle s´enlise actuellement la France (chômage de 10%, endettement public avoisinant 1100 milliards €, accroissement modéré du PIB, assurances sociales surmenées), et pour l´avenir : un danger concurrentiel grandissant en la montée industrielle de la Chine et de l´Inde ; l´intelligentsia française n´a pas encore compris que l´épanouissement du marché africain représentait pour elle une bouée de sauvetage sans égal. Et qu´il fallait cesser d´avilir, de tromper et d´exploiter unilatéralement pour entreprendre un nouveau deal sincère et responsable. En tout cas le président Abdoulaye Wade, lui, Dieu merci, l´a compris. Et en cet endroit un compliment respectueux. Ceci prouve que non seulement les élites africaines ne sont pas tous des endormis ou des corrompus, mais qu´il y a bien des hommes avertis et responsables de leurs devoirs. Et c´est sur eux que les africains doivent compter et s´appuyer, car ils défendent activement nos intérêts et celui de notre avenir.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

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