Au nom de toutes les victimes du 9/11
Un combat commun contre tout ennemi de nos libertés
Hommes libres et épris de paix et de justice, réveillez-vous !
Je n´aime pas cette commémoration du 9/11, parce que chaque fois que j´en revois les images, que j´entends ces cris désespérés ou ces pauvres qui se jettent dans le vide tout en sachant qu´ils allaient être déchiquetés au sol ; cela réveille toujours en moi une sourde colère faite de dégoût, d´impuissance, mais aussi d´effroi devant la monstruosité de cette tragédie atrocement criminelle. Et loin dans mon subconscient noir, réagissaient ces scènes horribles de l´esclavage, ce fouettage et torture des miens, l´histoire d´Emmet Till, de Patrice Lumumba, de Malcolm X, de Martin Luther King…de Toussaint Louverture : une mer de victimes innocentes qui n´avaient qu´un seul défaut : celui d´appartenir à la race noire auquel la race blanche refusa tout droit humain, toute liberté, toute autodétermination en la consignant pendant 400 longues années à la chosification injurieuse. Ce genre de choses ne s´oublient pas aussi facilement, elles nous poursuivent jusque dans les moments les retirés de notre existence.
Et particulièrement, cette scène bien connue des historiens de l´esclavage : une femme noire esclave quêtant auprès du maître blanc quelques denrées pour nourrir son nourrisson qu´elle portait sur les bras, et le geste du maître qui lui arracha l´enfant pour le lancer à son chien qui dévora cet être frêle et sans défense. Ce genre de crimes abominable eut lieu par centaines, par milliers dans toute l´histoire cruelle de l´esclavage. Et pour ma part, je ne peux que conseiller aux occidentaux échauffés par le 9/11 d´aller dans leur propre histoire ; ils y découvrirons nos larmes, nos cris de détresse, nos sourdes douleurs, notre désarroi…en fait ce qui fait réellement notre force morale, parce que nous, nous ne nous sommes pas abaissés à la vengeance primitive et dégradante. Certains de mes lecteurs m´ont reproché, et combien parfois je les comprends, mes rappels à la morale, au sens éthique, à la bonne foi et à la tolérance, comme le veut la déontologie kimbanguiste. Et permettez-moi ici de leur dire que la bonté, le respect de la liberté et de l´intégrité physique et morale des autres, n´est ni un défaut, ni une faiblesse. Bien au contraire, c´est une force inouïe parce qu´elle est génératrice de valeurs parmi les plus belles de l´existence humaine. Car après toutes les vilenies, tous les crimes et toutes les horreurs d´une guerre, d´un conflit, ou même d´abus, la société a toujours eu besoin d´amitié, de l´amour, de la paix, de la confiance, de tolérance afin de sortir du gouffre insalubre de la violence. C´est donc que ce sont ces valeurs qu´il faut à tout prix protéger, défendre, apprendre à respecter.
Et j´arrête tous ceux qui croient que la race noire devrait s´offrir comme des moutons à l´abattoir occidental ou islamique ; notre pacifisme n´est ni naïf, ni aveugle. Bien au contraire, il est responsable et conséquent : nous aussi nous avons le devoir de défendre notre liberté, notre réalisation et celui des nôtres. Avec les armes, s´il le faut. Mais cela ne doit pas faire de nous des êtres bornés ne vivant que de méchanceté, de faussetés et de crimes ! Et l´Amérique l´avait brillamment exprimé pour tout le monde libre : si tu m´attaques, je te rends la monnaie de ta pièce. A cochon, cochon et demi. Mais cela ne doit pas devenir un idéologie sociohistorique de violence existentielle, comme l´ont toujours pratiqué les chrétiens et les islamistes envers les autres durant toute l´histoire humaine jusqu´à ce jour. Et très précisément envers l´Afrique.
Je rends hommage ému à toutes les victimes de ce 9/11, quelle que soient leur origines, leur race, leurs religions, et cela au nom de tous mes lecteurs. Un hommage particulier aux sapeurs pompiers qui tentèrent de sauver les victimes et y perdirent leurs vies. A ceux qui se débattirent, isolés et méconnus avec les suites respiratoires, psychiques de cet horrible moment. En leur nom et au nom du monde libre pour lequel l´Afrique a porté le tribut le plus lourd de l´histoire de l´histoire humaine, je réitère ici notre vœu résolu et irréversible de vouloir vivre dans un monde sans violence, épris de paix et de justice ; un monde dans lequel il ferait beau vivre…pour nous, pour nos enfants, pour tous.
Musengeshi Katata
Muntu wa bantu, Bantu wa Muntu