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10 octobre 2006

Face à face : Afrique –Occident

Deux existentialismes antagonistes, incompatibles ou tout simplement faussés ?

Existentialisme d´assouvissement, de réalisation réciproque ou s´agissait-il tout simplement de cannibalisme culturel s´exerçant, malgré la « civilisation », primitivement ?

« Le vrai rêve se confond avec l´ambition, le projet ; il fait construire alors que les rêveries font jouir en imagination des fruits d´un travail qu´on n´a pas accompli. » Joseph Tchundjang Pouémi : Monnaie, Servitude et Liberté (L´impossible accord)

Telle est réellement la question que nous devons nous poser, lorsque nous jugeons objectivement de l´histoire entre ces deux existentialismes. Et les réflexions et les remarques faites sur ce terrain peuvent, naturellement être extrapolées face aux autres existentialismes, et même, aboutir à éclairer la notion universelle de coexistence, autant que celle consécutive de la liberté humaine. Et sans vouloir se répéter sur l´hégémonisme occidental des 600 dernières années et son incidence sur les rapports Occident – Afrique, nous devons cependant, et ceci en nous instruisant strictement de l´histoire des faits et des intentions qui ont dominé cette rencontre culturelle, reconnaître qu´il y a d´une part (Occident), un volontaire mélange d´abus et de méfaits liés à l´accumulation et aux besoins économiques et financiers de pure utilité ; et de l´autre (Afrique), un manque ou un défaut à se réaliser dû notamment à un retard militaire, économique, scientifique flagrant face aux envahisseurs et colonialistes occidentaux. En clair, et pour couper court, l´occident s´imposa avec tous les moyens licites et illicites (et plutôt illicites que moraux ou équitablement attentionnés) face à des cultures africaines affaiblies et visiblement attardées dans une évolution beaucoup moins technique et scientifique. Et si les africains montent aux barricades pour ne pas vouloir reconnaître la simple vérité (il y en a encore, de ces retardés de l´objectivité qui tout en consommant des produits industriels et culturels occidentaux, se gargarisait faussement de leur grandeur passée), le sous développement actuel ne témoigne pas de la toute puissance du savoir faire sociohistorique africain. Faut pas prendre des vétilles pour des lanternes.

Pour rester franc et aboutir à un jugement qui rende aux deux parties justice dans leurs existentialismes historiques réciproques en ce sens qu´elle permette à l´un comme à l´autre de savoir où il en est par rapport à lui-même, et par rapport à l´autre, après 600 ans de cohistoricité dont 400 ans d´esclavage, 100 ans de colonisation et 46 ans de francafrique, nous nous devons de tirer le bilan de ce face à face économico financier et culturel. Et s´il n´est pas brillant pour l´Afrique, il est grandement éloquent pour les occidentaux, du moins, jusqu´à maintenant. Pourquoi est-ce ainsi ? Plusieurs raison en sont la cause, mais toutes se résument à deux évidences : le fait que l´Afrique, obnubilée par le courant dominant et plutôt abrutissant de l´occident n´arrive que bien mal à se défaire d´un existentialisme dominant et sournoisement pervers pour cultiver et élever sa propre existentialité, parce que tout en chantant de la liberté et de la démocratie, cette culture veillait insidieusement à conserver les avantages et les privilèges abusifs qu´elle s´était, en 600 ans d´aveugles et arbitraires volontarismes, octroyés. Et d´un autre côté, emmuré derrière un système international auquel il avait appliqué ses impératifs et ses paramètres, celui-ci ne savait ni défendre les faibles et leurs droits légitimes, ni se transcender pour éclore une impartialité réelle débouchant sur de concepts de liberté, de coopération et de rapports culturels respectant principalement dans leurs plus petits détails un principe d´équivalence et d´équité.

Et maintenant, que faire ? On entend déjà les « sanglots de l´homme blanc » s´opposant à l´affirmation légitime du droit existentiel africain libre et souverain, par ce que celui-ci, tout en dévoilant l´histoire et la fausseté intentionnelle occidentale, va aboutir à la libération réelle de l´aliéné. Ce qui entraînera non seulement un manque a gagner (et à tromper), mais aussi une dépendance de marchés et de matières premières que l´occident veut à tout prix, dans son hégémonisme borné, s´épargner. Et ils est donc clair maintenant que la fameuse liberté dont il parlait, que la brillante démocratie dont il vantait ostentatoirement les qualités ; tout cela n´était que constructions fausses et fallacieuses qui devaient lui permettre de gagner du temps, ou du moins, d´endormir de nouveau les africains. Une liberté qui ne valait que dans un sens et pas dans l´autre, pouvait-on parler de liberté ? Par ailleurs, une démocratie importée qui n´avait été élevée ni par les compromis de réalisation ni par ses impératifs, et qui venait imposer des institutions creuses et vides, de quelle genre de démocratie s´agissait-il ? Et même si les ONG abondaient et défendait des droits humains légitimes et reconnus, on en oubliait qu´il fallait d´abord créer des ONG de la production, afin que ceux-ci viennent remplir et nourrir les attentes et les besoins multiples de la société. Sans cela, tout cet étalage d´intentions institutionnelles n´étaient rien d´autre que cosmétique de mauvais goût : un genre gras de maquillage qui cachait l´impureté et les anomalies de la peau de la prostituée. Rien d´autre.

Ce qui dérange actuellement l´Occident, c´est que cette culture s´est rendue compte que malgré ses prétentions rationnelles, elle n´avait accouché que d´un système bancal qui est arrivé à saturation en lui mettant devant les yeux une évidence douloureuse : elle est non seulement dépendante des africains par leurs marchés et leurs matières premières, mais elle les a à tort appauvri et avili, car ce sont ses futurs clients ! Par ailleurs, se déclarer la culture la plus développée, et n´avoir pas découvert la liberté pour la partager avec les autres, peut-on dire franchement que cette culture est intelligente ? Comment appelle-t-on un conducteur qui se manœuvre volontairement dans une impasse ? Un génie ? Un Schumacher culturel ? Et maintenant il fallait, avec des actes de plus en plus criminels et bas comme celui de l´intoxication d´Abidjan par deux managers français d´une firme hollandaise, rejeter aux africains les déchets d´options industrielles qui n´étaient ni les leurs, ni dans leurs intérêts. Ou encore on les bombardait ouvertement sous de prétextes des plus fallacieux comme en Irak ou au Liban, pour retarder, endiguer leur développement afin qu´ils restent soumis et faibles. Au Congo où la guerre civile fomentée de toute pièce avait appauvri et désorienté politiquement ce pays, c´étaient les matières premières qu´on voulait s´approprier à vil prix. Et on entendait toujours, partout en occident, cette sournoise réponse : c´est de leur faute s´ils se laissaient abuser et dévoyer de la sorte ! Mais il fallait aussi ajouter : de quelle morale, de quelle éthique étaient donc ceux qui organisaient ces ignominies ? Des enfants de cœur ? Ah, oui ; ces sanglots des blancs, hein ! Avoir avec quel toupet un Colin Powell mentait au Conseil de Sécurité de l´ONU pour imposer la vile guerre contre l´Irak, c´est á peine si on ne pouvait pas se refuser de pleurer…de compassion ! Ou encore avec quel énergie criminelle un Kissinger organisa l´assassinat de Victor Allende ou le bombardement et le meurtre de 1 millions de vietnamiens à Saigon, alors que l´accord de paix avait déjà été signé. Oui, ce genre de sanglots, il faut avoir le courage de ne pas y céder. «Vous qui philosophez tout le temps, et critiquez les gens ; vous pouvez sortir vos mouchoirs, c´est le moment de pleurer» disait si bien Bob Dilan.

Pour l´Afrique, il ne s´agit pas seulement de se garder des abus de l´existentialisme occidental dont elle ne connaissait que trop bien de la primitivité ; il fallait aussi remplir la liberté à laquelle elle aspirait si fiévreusement. L´occident nous a toujours mené an bateau, et cette fois, si cette culture ne veut pas comprendre ou prendre en compte que nous aussi nous avons des vies à accomplir, elle ne devra plus compter sur notre passivité ou notre traîtrise. Ces temps là sont révolus. Et même si elle devait s´écrouler, qu´elle s´écroule donc ! Depuis 600 ans que nous nourrissons ce moloch, notre liberté ne s´est pas améliorée d´un pouce. Cette liberté sans laquelle aucun être humain ne peut être heureux et se réaliser pleinement, pour être efficace et fructueuse exigeait des efforts immenses de reconquêtes rationnelles, intellectuelles, techniques, créatives. Et par-dessus tout la capacité à engranger ses fruits sans les laisser prendre les chemins appauvrissants de l´insatiable et rapace pieuvre des banques occidentales qui, en sangsues affamées, depuis des siècles, sont grevés sur l´avenir des enfants africains. Il ne suffit pas seulement d´y croire ou d´en chanter la volonté à tous les coins de rue ; il faut l´organiser et la défendre avec la dernière énergie, cette liberté ; parce que dans son éclat et sa beauté, biens de larmes de nos femmes et de nos enfants y ont pavé les pieux sentiers. Et si nous voulons les voir un jour sourire et être heureux, les murs de nos demeures ne doivent pas être tapissés de leurs douleurs et de leurs chagrins. Ce ne serait pas juste. Eux aussi, comme tout être humain sur cette terre, ont droit à être heureux. C´est de notre devoir de le leur offrir, au nom de l´amour que nous avons pour eux.

Musengeshi Katata

Muntu wa bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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