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1 avril 2007

Afrique, homme noir ; où en sommes-nous ?

Faut-il continuer à battre les sentiers du manque et de la pauvreté comme c´est le cas présentement, ou faut-il se décider à changer les choses au mieux pour un meilleur avenir ? Et dans ce cas, ne faut-il pas un nouvel esprit, un autre engagement de motivation  existentielle qui réponde plus étroitement à nos intérêts, à nos aspirations, à notre irrécusable et légitime vœu de liberté et de réalisation ?

Le courage d´aimer, de chérir, de défendre sa propre réalisation

« Mais là, précisément, dans l'avidité même de ses sensations, se trouve le cachet frappant de son infériorité. » Joseph Arthur, comte de Gobineau. Extrait de « Essai sur l’inégalité des races humaines » Éditions Pierre Belfond, 1967 

Au fait, lorsqu´on parle de réalisation, il y a très peu de gens qui comprennent ce que cela signifie. Pas parce que le mot leur semble étranger ou incompréhensible ; mais parce que dès leur naissance – et c´est pareil dans presque toutes les cultures humaines, rarement on insiste sur cet aspect précis de l´existence – tous les êtres humains sont submergés par le poids que la famille et la société exercent sur eux. Et pour survivre, et grandir et mûrir leurs capacités et leurs sensibilités, les enfants prennent ou s´accrochent aux fondements, aux prémices qui semblent leur garantir leur survie première.

Et après ? Eh oui, après cela dépendra autant de l´intelligence et de la sensibilité à se défaire de ces liens ou à les employer au mieux pour épanouir leur sensibilité, qu´à la société qui, dans ses legs structurels, matériels et imaginaires, se doit de fêter la réalisation de ses membres. Il existe donc, dans tout être humain bien né d´un combat d´adéquation sociale, de contradiction, que de transcendance sensible. Et pour ne pas verser dans la gratuite allégation de quelques hypothèses absolutiste, disons-le ouvertement qu´il n´y a pas de société parfaite, autant qu´il n´y a pas de perfection humaine individuelle. La société comme l´être humain, de par leur réflexibilité et leur projection, sont tenus d´interférer l´une sur l´autre pour leur propre bien. Et lorsque la société est malade ou souffre d´insuffisances ou de manquements, c´est qu´en réalité, ce sont ses membres – et donc les individualités – qu´il faut soigner. Et vice versa. Après tout, la société, logiquement, n´est que le miroir de ceux qui l´ont structurée pour y vivre, en jouir et s´y épanouir.

On comprend alors autant l´hérésie de la colonisation, que celle qui a tendance aujourd´hui à aliéner les économies et les finances africaines à la domination et au contrôle extérieur. Par ailleurs, croire qu´on peut se développer, déjouer la carence et la pauvreté en négligeant la production de la connaissance, de la créativité, des moyens individuels et collectifs de réalisation imaginaires ou réels dans sa propre société ; c´est de la pure aberration qui ne conduit qu´aux résultats négatifs que nous ne connaissons que trop bien en Afrique. Et à la question : pourquoi l´Afrique tarde-t-elle à saisir l´évidence, à se sortir de ce cercle vicieux ? Je dirai que le poids qui est exercé sur cette race par l´occident est nocif et corrompant, autant par ailleurs que le retard scientifique et rationnel dont ce continent souffre depuis longtemps et que, malheureusement, des élites incapables ou sans talent de réalisme objectif n´arrivent à combler.

Courir après le lièvre se cachant sous les multiples buissons que nous imposent la vie moderne actuelle, ainsi par ailleurs que la voracité ou la rapacité du monde qui nous entoure, plutôt que de faire l´élevage de moyens nourriciers propres de réalisation ; c´est risquer de perdre l´haleine et rentrer bredouille sans le repas promis du soir. Passe encore sur l´interdépendance partagée et équilibrée en valeur absolue et relative ; mais la dépendance tout court qui se caractérise par les importations aliénantes et intempestives dévorant les réserves monétaires et l´accumulation nationale sont néfastes. Autant que les envahissements de surproduction destructrices et étouffantes des structures agronomiques ou industrielles comme c´est le cas du mais et du riz américain, du sucre et du lait européen dans des pays tels la Jamaïque, Haïti, le Ghana, ou le Burkina Faso du coton, déjouent tous les efforts de développements de ces pays et sursoient leur liberté et leur indépendance.

On peut dire ce qu´on veut, chanter de l´internationalité ou de l´aide internationale comme on veut ; tant que ceux-ci, volontairement ou indirectement ont le résultat d´étouffer l´Afrique, ou de l´asservir ; tous ceux qui tolèrent ou cautionnent ces bassesses n´ont qu´un but : nuire à l´Afrique et à son développement. Et il serait grand temps que les élites de ce continent le comprennent plutôt que de jouer les sourds muets pendant que leurs sociétés, leurs états étaient sournoisement menés à la perdition. Pire : leurs intellectuels et leurs techniciens ne trouvaient ni emploi, ni moyens de contexte pour œuvrer à changer les choses pour un meilleur avenir ; et la culture de ces états se mourrait, exsangue et privé de sa légitime projection sociale.

Et ce n´est pas en immigrant à l´étranger, ou même en criant fort de son africanité sur Internet qu´on peut changer les choses, mais bien en veillant à ce que la politique qui est pratiquée en Afrique se tourne vers ses devoirs et s´attelle à défendre les intérêts et l´avenir des leurs, que de vivre à cheval entre l´illusion, la fiction, ou la grossière affabulation que l´occident développerait l´Afrique. Quand ? Quand les matières premières seront épuisées, peut-être ; ne se fait-on pas de soucis de savoir comment et à quel prix on achètera ou on produira demain le progrès ? Si aujourd´hui certains pays ne savaient pas se « payer » les infrastructures sociales ou industrielles comme on achète le pain ; qu´est-ce qui fait diable croire qu´ils y parviendront aisément demain ? Ne voit-on, ne comprend-t-on pas que les prix seront inaccessibles demain ? Il faut être bien borné pour croire ou affirmer le contraire.

Personne ne peut prétendre réaliser un autre en le confinant, en l´obligeant à importer, à vivre des produits des autres ; et c´est dire, à se renier soi-même, sa société et sa culture comme lieu légitime, à la fois structurel, réel et imaginaire de projection existentielle. Et même si l´échange et l´interaction culturelle nous sont tous, en tant qu´être humain solidaire et vivant dans le même monde, profitables ; cette émancipation ne peut pas nous aveugler au point de nous imposer notre suicide existentiel ou, pour tous ceux qui croient qu´ils sont tenus d´étouffer ou de soumettre les autres à leur étroite liberté. Y prétendre ou même s´y adonner, témoigne de la bassesse existentielle la plus bornée. Car l´être humain, quel qu´il soit, et d´où qu´il soit, est un précieux maillon de culture et de sensibilité dont la réalisation et la jouissance sensible de sa finalité réelle est légitime et irrécusable.

Et toute grandeur humaine, toute évocation ou identification à une quelconque civilisation, à l´éthique ou à la morale humaine, ne se justifient que dans le contenu de valeurs respectant autant notre propre réalisation, que celle des autres. Avec le soin que nul n´entrave ou n´abuse des droits légitimes et de la liberté des autres.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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