Aujourd´hui Haïti, demain toute la périphérie
33 pays pauvres menacés de troubles sociaux dus à la cherté, l´insécurité et la pénurie alimentaire.
« La forêt empêche souvent de voir l´arbre » Shakespeare
Haïti est depuis deux jours secoué par des troubles meurtriers faisant morts et blessés : les pauvres saccagent et détroussent les magasins alimentaires pour s´approvisionner et protester contre l´explosion des coûts de denrées alimentaires qui, depuis 2005, ont connu à la périphérie une hausse de 300% !
Ceux qui nous reprochaient notre critique aux politiques africaines (et même occidentales) vont bientôt être rappelés à la raison. Et je me rappelle à ce propos que je disait que les 200 ans d´indépendance d´Haïti n´avaient rendu ni ses intellectuels plus avertis, ni même apporté un quelconque changement dialectique efficace dans la gestion et l´usage du pouvoir à des fins efficaces de développement. Ce pays noir est toujours non seulement sous développé, mais à la traîne dans bien de domaines techniques, scientifiques, économiques. A qui la faute ? Mais bien sûr à ses intellectuels qui, comme pratiquement tous les pays noirs, ne sont pas arrivés à voir les choses plus sévèrement pour mieux se motiver pour leur propre avenir. Les conséquences, on le voit, vont détériorer gravement l´avenir de ces pays. Et il ne faut pas toujours rejeter la responsabilité sur les occidentaux quand on a soi-même omis de protéger et de promouvoir ses intérêts avec un sens plus exigeant et consciencieux.
En Egypte aussi, c´est la cabale de protestations. Aux Philippines, en Thaïlande, le prix du riz avait fait un bond prodigieux. Et le Tsunami, comme l´écrit un de nos confrères de l´Internet, va bientôt atteindre l´Afrique avec, comme le prédit la Banque Mondiale, de chaudes révoltes et des famines sans issues. Comment pouvons-nous présenter les choses pour que les élites noires et africaines comprennent qu´elles sont en train de dormir, et que leurs vues des choses est désastreuse et préjudiciable au bien être et à l´avenir des leurs ? Faut-il que les africains, les afrodescendants continuent toujours à se faire rouler par l´occident, et à négliger de voir les choses telles qu´elles sont au risque de subir, de décennies en décennies les graves vicissitudes chroniques du manque et de la pauvreté ? C´est à se demander : les noirs se refusaient-ils à réfléchir et tirer des conclusions utiles ou n´en étaient-ils pas capables ?
Tous les pays qui vivent de l´aide internationale, tous ceux qui n´ont pas développé à domicile leur propre agriculture sous l´aide et les promesses fallacieuses des pays industrialisés, vont connaître, dans les années qui suivent, de dures années de vache enragée. La crise économique que nous connaissons depuis bientôt 30 ans va s´accentuer et effriter les maigres moyens de tous les pays pauvres. Et ceux qui espèrent ou croient que l´aide internationale pourrait les aider à adoucir les choses se trompent encore une fois: cette aide, quoique soulageante, est un véritable poison si parallèlement, et cela malgré la misère et la pauvreté, un effort accru n´est fait pour pallier à ce genre de pénurie dans l´avenir. Parce que, avouons-le, l´aide corrompt et trompe bien les apparences ; ce qui empêche souvent, comme on le sait, de voir « l´arbre », le mal tel qu´il se présente et d´y remédier le plus judicieusement que possible. Par ailleurs, l´endettement des pays industrialisés actuellement est effrayante, et cela va provoquer prochainement, accumule au chômage, des crises sociales remarquables.
Devant la dégradation écologique mondiale, et la crise énergique actuelle ; l´occident, au lieu d´avaliser rapidement des technologies permettant d´épargner les ressources naturelles, ces pays industrialisés retardent cette démarche et cherchent des demi solutions lesquelles dégradent énormément les économies et l´avenir des pays périphériques. Ni la Chine, ni l´Inde ne se développent aujourd´hui en apportant un courant de techniques et de technologies nouvelles épargnant l´écologie et l´environnement mondial. Bien au contraire : ils viennent accélérer la course aux matières premières. Et si cela est notre fin à tous, on se demande bien pourquoi l´Afrique tarde-t-elle à comprendre que rien ne sera plus facile dans l´avenir, bien au contraire ! Alors ? Mais alors, il faut se presser pour développer et mettre au point les moyens avec lesquels on veut assurer, dans un proche avenir, le bien être des siens !
Ou s´agissait-il, comme on l´a si bravement fait depuis 600 ans, de tourner en rond et se laisser abuser et dévoyer par une culture occidentale qui aujourd´hui se rendait compte qu´elle n´était capable ni de soutenir ses propres ambitions universelles, ni même de développer qui que soit sinon elle-même dans ses intérêts étroits. Alors, personne n´a encore compris qu´il était temps de faire l´article quinze du débrouillons-nous, c´est chacun pour soi et Dieu pour tous ? Et je le dis à tous : ces prochaines années vont faire mal, tellement mal qu´on se demandera si l´enfer n´est pas africain. A peine supportable. Parce que les pays riches vont, comme d´habitude, rejeter le lourd poids de cette crise accentuée sur les pays pauvres. Mais, est-ce nouveau ? A la périphérie, en tout cas, cela va être l´enfer.
On peut me croire ou pas, toujours est-il que cette crise permettra peut-être, sous ses insupportables douleurs et privations, de réveiller les endormis. Qui sait, celui qui ne sait pas réfléchir par lui-même et se garder du feu, peut-être que, sous la douleur la plus cruelle, il apprendra à vouloir se garder prochainement de faire la même expérience. Beaucoup de gouvernements fantoches et incapables vont sauter en Afrique. Mais les suivants sont-ils meilleurs que leurs prédécesseurs ? Là est la question. Car le véritable mal de la race noire, ce n´est ni d´être noir, ni d´avoir été la victime séculaire de la culture occidentale ; mais bien de ne pas être conséquent, de se refuser à user de la raison pour mieux se motiver à défendre ses intérêts, ses cultures et l´avenir des rêves et de la réalisation sensible de ses propres enfants.
En effet, en 600 ans de traitements odieux et inhumains, la race noire n´avait pas encore compris que l´occident la trompait sans vergogne en l´employant pour parvenir à ses fins. Et que toutes les promesses, les faux compromis que cette haute culture avait fait aux africains, n´étaient rien d´autre qu´un curieux art à gagner du temps en jouant un jeu qui ne menait, pour la victime, qu´à l´échafaud de la frustration, qu´aux sentiers amers et arides de la misère et de la mendicité. Et pour tous ceux des africains qui se plaignaient que l´Afrique soit aujourd´hui envahie par 800.000 chinois travaillant aux infrastructures et aux travaux d´extraction des matières premières, un mot : les chinois, non seulement ils n´ont pas fait ni l´esclavage des africains, ni leurs tortures et la destruction de leurs cultures ; ces gens, même si leur intérêt premier réside dans les matières premières, se comportent autrement que ne l´ont fait les occidentaux à l´endroit de la race noire. Et c´est beaucoup. Faut connaître le passé quand on veut préparer ou assurer l´avenir.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
Forum Réalisance