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13 mai 2008

Savoir s´accommoder à un monde changeant

Commentaire à l´article : FMI : Penser l’impensable ?
Une analyse d’Emmanuel Martin, Docteur-Chercheur en économie sur Afrik.com : http://www.afrik.com/article14271.html

Face à l´accélération de la démocratisation des moyens de production

En lisant cet article j´ai été surpris par la distance qui existait entre la réalité économique actuelle dont la pression se fait sentir d´année en année plus sensiblement (Et cela depuis les années ´80), et le formalisme retardé que représentaient les instruments classiques cités par l´auteur pour venir à bout de la crise financière internationale d´aujourd´hui. De deux choses l´une : ou l´auteur passe sciemment à côté de la réalité économique actuelle de notre monde poussé au changement, à la décentralisation par l´industrialisation chinoise et indienne, ou alors il ne s´agissait que de calmer les gens en leur mettant à vue que les instruments ou institutions appropriées s´attelaient activement à dominer la situation.

Et ce mouvement est puissant et irréversible par son ampleur car la Chine comme l´Inde auront derrière eux des marchés immenses et fructueux en synergie. En fait, tout le mal que c´était donné l´occident pour contrôler le monde dans son sens et ses intérêts est en train de s´effondrer. Parce qu´au lieu de démocratiser les moyens économiques et financiers de développement afin que l´Afrique notamment devienne un client fructueux de l´économie mondiale, on a veillé par cécité ou par abus d´hégémonie, à ce que ce continent reste pauvre et indigent.

Non, nous sommes bien conscients que dans les déboires actuels de l´Afrique certains pouvoirs africains attardés et plus corrompus que diligents ont leur part de responsabilité. Et cependant, la logique selon laquelle emploie ou on appauvrit les petites gens pour enrichir les riches et nantis ; cette logique ne valait plus rien ni au regard d´une véritable définition de liberté ou de démocratie humaine. Et avoir appauvri ses futurs clients, en période de quasi saturation économique et d´arrivée de nouveaux concurrents de bien commerciaux industriels ; cela va restreindre les gains des pays industriels lentement acculés. Rendre le prêt moins cher ne résout pas le problème si de nouveaux produits, de nouveaux investissements créateurs d´emplois et de gains nouveaux n´en étaient la conséquence.

Tout le monde parlait de restriction budgétaires des pays industrialisés auxquels on voulait, ô contradiction, inciter à faire de nouveaux déficits ? Or on oubliait le plus important : l´endettement effrayant de ces économies. Pour l´Allemagne, par exemple, cet endettement public était de 1.500 milliards € ! Pour la France 1.200 milliards €, pour les Etats-Unis 9.000 milliards $. Des bagatelles ? Pas du tout, parce que le paiement des intérêts de ces dettes endiguait les marges d´action et de pouvoir des gouvernements concernés. Et on se rendra vite compte, à l´avenir, que ces dettes vont influer grandement sur les formes démocratiques de ces sociétés. Continuer donc à en faire ou ne pas savoir s´en débarrasser, c´est aliéner le bien être et l´avenir de ses propres enfants, de ses pensionnés, et augmenter le nombre de pauvres dans sa société.

Je continue à affirmer, contre l´avis compatissant d´Emmanuel Martin auteur de l´article, que les hypothèques immobilières américaines étaient faisandées dès le départ (notamment parce qu´on ne prête pas sans garanties à des clients de faible crédibilité) et que les banquiers américains ont sciemment vendu ces produits douteux aux banquiers européens pour se débarrasser de pertes indésirables tout en ayant gagné sur les assurances et les tantièmes courants au placement de ces crédits. Et si cela n´est pas vrai, que coûte-t-il aux banquiers américains de racheter leurs produits pour montrer leur bonne foi ?

Je reviendrai toujours là-dessus : du rôle douteux que le FMI et la Banque ont joué et continuent à jouer le conditionnement des crédits qui ont été faits à l´Afrique tout en veillant à envahir les pays endettés avec des produits agricoles plusieurs fois subventionnés et vendus à des prix de dumping sur les marchés africains. Ceci a une conséquence foncièrement criminelle d´abattre dans l´arrière pays africain l´agriculture et l´élevage de ce continent. Le coup avait été fait en Haïti, en Jamaïque, au Ghana, au Burkina Faso, au Sénégal, au Mali…etc Et, pour moi, celui qui n´en parle pas ou oublie sciemment de relever cette perfidie organisée et soutenue par ceux qui prétendaient aider l´Afrique dans son développement…en l´appauvrissant, comme on le voit ; cet économiste qui ferme les yeux sur cette perversion voulue du commerce et de l´emprunt financier, celui-là n´est qu´un fonctionnaire de l´exploitation, plutôt qu´un économiste.

Le monde, qu´on le veuille ou non, qu´on l´accepte ou pas, est en train de changer. Et nous espérons vivement qu´il changera dans un sens plus démocratique que centraliste des moyens de réalisation. Et pour moi, penser l´impensable signifie que l´occident, ainsi que toutes les institutions qui ont toujours défendu aveuglement ses intérêts doivent se faire à l´idée que la liberté ou la démocratie dont tout l´occident se réclame tout en veillant cependant à ce que ces valeurs soient gérées et contrôlées par eux, que cette forme de philosophie économique et financière ne correspond nullement ni à la liberté, ni à une véritable démocratie. Parce que chaque pays, chaque peuple veut se réaliser avec ses moyens et dans ses rêves, pas être l´objet ou la chose du voisin ou vivre dans une dépendance et une pauvreté qui le privait d´avenir et de libre réalisation. Celui qui a compris cela et s´y conforme est arrivé au 21ième siècle, parce qu´il a compris ce que c´est que la liberté et la démocratie réelle.

Et qu´on ne se trompe pas en ce qui concerne l´Afrique, ce continent, malgré sa faiblesse ou même ses erreurs actuelles, aspire à la liberté avec une force, un désir particulier. Parce que l´histoire qui a été la sienne pendant de longs siècles ne lui a offert que larmes, mépris et violentements en tous genres de la part de ceux qui prétendaient être civilisés. Cette Afrique qui aujourd´hui se cherche et s´affirme chaque jour mieux qu´hier a fini par comprendre combien précieux sont les rêves et les attentes de ses propres enfants. Et que seuls ceux qui en ressentaient le profond tourment, ceux qui en percevaient les couleurs incessibles et riches, pouvaient les défendre et les protéger. Et la liberté, l´indépendance économique et politique sont de ces boucliers ouvrant sur une meilleure humanité. 

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

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Commentaires
M
Parce que la pauvreté, contrairement à ce que pensent ceux qui en souffrent, est une force incroyable: on sait en effet qu´il s´agit rapidement de la repousser. Et il y a du travail sous la planche, et c´est dire tout à gagner. Mais tout cela, je dois le dire, doit être organisé et géré précieusement afin que les efforts des pauvres n´atterrissent pas, comme par le passé, dans les poches étrangères ou ingrates, mais servent aux enfants et à l´avenir de ceux qui en ont offert les sueurs et les privations. Et c´est cela que je repproche aux pouvoirs actuellement en exercice dans toute l´Afrique du Nord au Sud : ils trépignent sur place et ne se rendent pas compte que le temps et la promiscuité de rapaces internationaux consommant à gorge déployée toutes les matières premières de la planète nous est tous néfaste. <br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> "Muntu wa Bantu, Bantu wa muntu"<br /> FR
D
"Parce qu´au lieu de démocratiser les moyens économiques et financiers de développement afin que l´Afrique notamment devienne un client fructueux de l´économie mondiale, on a veillé par cécité ou par abus d´hégémonie, à ce que ce continent reste pauvre et indigent."<br /> <br /> Merci à tous les 2
M
J´ai pensé à Djé qui me disait que l´Afrique n´était pas à la pointe d´aucune technologie. Ce qui est largement vrai. Cependant, comment arrive-t-on à accumuler et développer de tels fruits techniques et scientifiques, sinon en y travaillant assidûment ? Or, je me donne toujours la peine, lorsque je suis en Afrique et sur Internet en fouillant dans les travaux universitaires africains, d´essayer d´en évaluer le niveau afin de savoir si oui ou non le contexte d´un avenir exigeant et averti y germait. Et, hem…c´est plutôt la grande lenteur. A croire que les africains tardaient à se rendre compte d´une part du monde dans lequel ils vivaient, et de l´autre, de ce que la liberté et la souveraineté auxquelles ils aspiraient légitimement exigeaient d´eux en effort moral, intellectuels et créatifs. Et mon avis est que les africains se laissent envelopper dans cet opportunisme matérialiste actuel que les industriels occidentaux ont mis sur pied pour engranger leurs intérêts et monopoliser le monde et la pensée critique créative. Or, sans une bonne dose d´idéalisme de réalisation engagée vers l´aspiration à un monde et une vie meilleure, libre, dépourvue de misères et d´oppressions, il est difficile d´accéder et d´être à la hauteur de toute modernité. On oublie souvent, dans la fièvre de la consommation opportuniste, que ceux auxquels nous devons l´électricité, l´imprimerie, les progrès de la médecine, de l´électronique, des techniques et des sciences appliquées ; que tous ces grands esprits ne se sont pas contentés de ce qu´ils avaient trouvé dans leurs sociétés, mais qu´ils s´étaient donnés la peine d´offrir aux leurs et au monde entier des solutions géniales dont nous nous réjouissons aujourd´hui parfois trop nonchalamment, à mon sens.<br /> Ceci pour dire que les africains doivent cesser de se cacher derrière le complexe d´infériorité que l´occident leur a passé pour mieux les exploiter et les assujettir. Ils doivent arriver à épanouir le meilleur d´eux-mêmes, au lieu de s´attarder à gérer l´oisiveté ou la médiocrité. Ce n´est pas parce que ceux qui se pressent aujourd´hui au pouvoir sont incapables ou idiots que les enfants qui naissent dans toute l´Afrique le sont aussi. Loin de là. Et je considère qu´il est grand temps que ces enfants soient mis dans un contexte qui leur permette de développer leurs talents, plutôt que de dilapider les précieux moyens des sociétés africaines à entretenir une classe politique bornée, arriviste, incapable et ruineuse pour l´avenir de ce continent. <br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> « Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »<br /> FR
S
Science et connaissance ont perdu bien de leur objectivité face à la domination politique leur imposée par le structuralisme politique dominant et ses institutions exécutrices. Il s´ensuit de nos jours un curieux phénomène : la connaissance a été contrainte à courber l´échine et trop souvent à soutenir ou entériner des théories ou des intentions qui étaient aussi absurdes que douteuses pour toute logique rationnelle, pour toute haute pensée philosophique humaine, pour la civilisation humaine tout court. Ceci explique entre autre que des professeurs d´universités conseillent ou travaillent à l´acceptation sociale de guerres cupides et coûteuses pour leur pays parce que la politique au pouvoir veut y gagner quelques douteux avantages. Ou encore : ce système qui consiste à endetter l´Afrique pour mieux l´assujettir à la chosification occidentale. Tout cela est l´œuvre de hauts diplômés d´universités comme on l´a vu dans l´affaire Enron et l´Université d´Harvard. <br /> Avec le temps, et si cette tendance s´accentue, les intellectuels autant africains qu´occidentaux de toutes les armes universitaires vont perdre leur crédibilité. Pour certains, cela ne leur dérange nullement parce qu´ils gagnent bien leur vie ; tant il est vrai que tout pouvoir politique récompense largement ceux qui lui permettaient de manipuler la vérité ou d´interpréter la logique et la science de façon à ce qu´elles soient dévoyées à loisir pour servir des buts ténébreux. <br /> Mais les autres, ceux qui croient encore à l´idéalisme de la connaissance, doivent-ils se taire ou se prostituer comme leurs confrères ? Question de conscience. Souvent on souffre beaucoup plus à clamer la vérité ou à défendre la morale ou l´éthique supérieure de la connaissance. C´est donc à eux de savoir s´ils se sentent capables de soutenir cet honneur. En Afrique comme en Europe ou ailleurs aux Etats-Unis des intellectuels disent chaque jour la vérité que personne ne veut entendre ou qu´on oublie rapidement sans en tenir compte. Et cela me fait penser (Pour notre ami De Munch qui vantait le génie français) à Marie Curie qui, pour prouver qu´elle avait bien découvert la radioactivité, fut contrainte, pour convaincre les esprits étroits de ses confrères français à s´irradier les mains. Elle en est morte. Ce qui prouve, entre autre, que la perception imaginaire rationnelle objective n´est pas toujours à la portée de tout prétendant à la science et la connaissance. Pire encore pour nous est la situation actuelle par laquelle la politique s´est élevée - et cela avec autoritarisme volontaire et trop souvent têtu qui, tout en se réclamant de la démocratie et des libertés sociales, n´en faisait pas moins des siennes sous le manteau de la respectabilité et de l´autorité du pouvoir public – à un institutionnalisme totalitaire qui ne devait de compte à personne sauf à elle-même. <br /> Les sciences humaines doivent redevenir des sciences d´idéal humain, pas des sciences d´opportunité politiques. Sinon les absurdités ou les erreurs de politiques abusives et peu réfléchies mettront à mal toute la fierté de sciences et de leurs brillants chercheurs en les contraignant à se déplacer de l´idéal supérieur humain auquel toute connaissance nous implique. <br /> Il suffit de voir l´Etat de l´Afrique actuellement pour se rendre compte du mal injurieux que l´ignorance, le déni d´objectivité et de réalisme sociohistorique peut occasionner en marasmes et débauche de l´objectivisme. Et le plus curieux est ceci : tous ces incapables et ces illuminés sont tous persuadés qu´ils sont des génies ! Je plains vraiment l´intellectuel africain qui doit supporter ou se battre contre cette marée envahissante de l´incurie. Penser l´impensable ? Pas du tout, mais penser bien et penser sainement dans l´intérêt d´un idéal supérieur de liberté et de démocratie. <br /> Shaka Bantou, j´ai dit !
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