L´Amérique étranglée à la corde raide d´un Bailout de 700 milliards $ ?
Ce qui étonne aux Etats-Unis en ces temps de dure quasi-récession, ce n´est pas
seulement que ce pays soit frappé par la crise économique et ses inconvénients, mais
bien que tout le monde semble sournoisement tendre la main pour s´adjuger,
honnêtement ou pas, le support financier des contribuables afin de régler ses
problèmes. Or, tous ces gens avaient toujours largement profité du capitalisme américain
d´un libéralisme plus borgne que régulateur. Où sont donc restés leurs gains et leurs épargnes passés ?
Maintenant, qu´est-ce qui a poussé les financiers du Wall Street à jouer un
aussi sale jeu à leurs propres compatriotes ; après tout, c´était leur
propre marché qu´ils noyaient dans des dettes incertaines ? Surtout en
période de latente récession. La rapacité du gain, tout simplement. Ces gens
avaient un train de vie absolument dépensier et suffisant, et la morale dépensière
et peu regardante du gouvernement Bush les aida beaucoup à faire taire leurs
scrupules. D´autre part, et cela sera déterminant, le recul financier américain
sur le marché mondial occasionné par la montée de la Chine et de quelques
autres pays tels le Vietnam, le Brésil, le Mexique, l´Afrique du Sud, l´Inde,
rétrécit la marge d´action et de gains de la Wall Street, la poussant ainsi à
se tourner vers le marché américain d´investissement. Or celui-ci, ployait sous
le coup de la crise économique ; par ailleurs, sans directives
visionnaires élaborées sur le sens économique défini de l´avenir, ce marché
américain tournait en rond et reproduisait des valeurs industrielles
traditionnelles plutôt que d´innover ou d´ouvrir de nouvelles voies vers
l´avenir. On se rabattit donc à la spéculation à la perte et à la vente et le
prêt de fausses valeurs. On créa un réseau parallèle de financement lequel
privatisait les gains et rejetait, moyennant amortissement légal de pertes à
l´imposition, les pertes à la société. Ce système connut un tel succès que les
banquiers devinrent cupides au point de croire que ce vide ballon n´exploserait
pas un jour. Du moins, lorsqu´il exploserait, ce serait sous un autre
gouvernement. Hélas, le danger d´une victoire des démocrates fit imploser le
système parce que c´était, sous Bush, une bien meilleure occasion de se faire
dédommager…pour ses propres bévues et escroqueries ! Les démocrates y
regarderaient par deux fois. D´où l´empressement de l´Administration Bush
aujourd´hui à régler cet emprunt faramineux qui risque de créer bien de
désagréments à l´économie américaine.
Ce qui dérange le plus dans cette affaire, c´est que ce sont les fautifs et
les spéculateurs inconscients qui vont, avec ce Bailout de 700 milliards $,
profiter des deniers publics. Et cette logique perverse qui, au moment où la
petite et la moyenne entreprise américaine ainsi que les salaires moyens
étaient mis à mal par la crise économique, punissait le pauvre innocent et
récompensait le riche indécent et malhonnête, cette politique blessait le bon
sens commun. Mais y a-t-il un autre moyen d´en sortir que de se livrer au
chantage de banquiers véreux et irresponsables ? Apparemment non. Parce
que c´est tout le système bancaire et financier américain qui se trouverait
dans une tourmente détruisant bien de valeurs d´épargnes privées et
industrielles, de pensions et d´emprunts qui risqueraient d´être rappelés ou de
devenir, de par la flambée des taux d´intérêt, astronomiques. Que faire ;
se trouvait-on devant le Bailout ou pas face à un choix entre la peste et le
choléra ? Après tout, le marché libéral ne devait-il pas épurer par lui-même de
ses propres hérésies ?
Tous ceux qui argumentent, pour pousser à ce Bailout, que cela touchait
l´ordre financier et économique mondial devraient revenir sur leurs pieds.
Certes, le monde va s´en trouver éprouvé ; mais la crise économique
actuelle n est rien d´autre qu´une démocratisation ou une décentralisation
financière de la dépendance mondiale à Wall Street. Et ces banquiers
irresponsables et maraudeurs qui ont mis leur propre pays et leur propre place
en discrédit n´ont fait que justifier les craintes du monde entier face à
l´honnêteté de l´instrument américain des finances. Et selon toute
vraisemblance, doutant d´eux-mêmes ou de leurs capacités à découdre de la crise
économique qui avait logé aux Etats-Unis dans une lourde récession, les rats
quittaient le bord du navire en dérive. L´administration Bush qui n´avait pas
mis beaucoup de fierté à inciter la société á une éthique des affaires et du
patriotisme défendant des valeurs morales et sociales certaines porte une
grande responsabilité dans cette crise financière qui va empirer les
inconvénients de la crise économique. Car jeter l´argent des contribuables
aussi facilement qu´il l´a fait dans des guerres ruineuses et gratuites, tout
en manquant d´investir dans une orientation industrielle et sociale éprouvée
vers la création de nouveaux emplois et celle de nouvelles technologies
permettant d´économiser la facture américaine de l´énergie de 600 milliards $
payée chaque année aux saoudiens…le moins qu´on puisse dire, c´est que Bush
avait une bien piètre vision du pouvoir et de ses prérogatives. Ou alors, lui
et son entourage ont manqué ouvertement de talent.
Bailout accrédité…tout était-il au mieux ? En tout cas rien ne sera
rose ou facile ; il est même certain que la véritable descente américaine
dans la vallée ingrate des restrictions budgétaires et des plans sociaux
écourtés ou mis à froid, celle des pleurs et des larmes va bientôt commencer.
Et cela va durer un temps qui semblera infini à tous ceux qui vont directement
en souffrir. Parce qu´il n´y a pas de joie à s´entendre dire un jour de début
de pension que…celle-ci a été dévorée par la crise financière de George W.
Bush. Ou de perdre l´emploi sous le chômage insolent qui va s´abattre sur ce
grand pays. Heureusement…ce pays a encore un Obama pour l´aider, avec une
politique de changement, à traverser ce moment difficile de son histoire tout
en préservant ses valeurs les plus sûres et les plus belles. Espérons-le
vivement et touchons du bois.
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance