Afrique, histoire, cultures et interprétation du discours de Cheikh Anta Diop
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Seul
le présent et l´avenir nous réalisent et affirment l´amour réel que nous avons de nous-mêmes.
Bien sûr qu´il existe une civilisation africaine et des cultures
africaines, seulement leurs personnalités sont très faibles dans le concert
mondial des cultures industrielles, riches et mieux organisées. Là est le
problème ou le bas blessant de l´Afrique: sa faiblesse économique, militaire,
politique. Ce qui donne l´impression, face aux mainmises et aux envahissements
politiques et industriels des pays riches exportant leurs cultures et avec
leurs produits faisant payer leur avenir aux pauvres, que l´Afrique est sans
culture ce qui n´est pas vrai du tout. Et peut-être ici l´occasion de dire aux
africains réellement épris de leurs cultures et de leur continent qu´il est
temps d´ouvrir les yeux et cesser d´accompagner aveuglement un courant étranger
nocif érodant autant nos valeurs que notre avenir.
Maintenant, ami Richard-Claude B. K, je veux bien qu´on s´inspire comme le
disait Cheikh Anta Diop de l´histoire de l´Egypte, mais cela pose beaucoup de
problèmes autant d´analyse que d´importance rationnelle. Doit-on retourner en
arrière, oublier le présent, se tourner vers une culture morte qui a fait des
morts un culte de célébrité plutôt que de cultiver la vulgarisation de valeurs
rationnelles et scientifiques ouvrant sur l´avenir ? Beaucoup d´erreurs ont été
faites, comme dans toute culture, en Egypte ancienne comme dans les Etat ou
empire successifs ayant vu le jour en Afrique; devons-nous fermer les yeux et
les adopter comme des vérités toutes faites ? Je suis personnellement persuadé,
après maintes lectures de Cheikh Anta Diop et de plusieurs historiens africains
renommés, que ce qu´ils veulent tous dire en fait est ceci: nous sommes grands,
nous ne devons pas nous laisser traiter de nullité historique comme les
islamistes ou les chrétiens l´ont fait lors de l´esclavage et la mainmise sur
notre continent et nos terres. En vérité Cheikh Anta Diop voulait éveiller les
africains à devenir fort, à sortir de l´ignorance, de leur stagnation
économique, politique et militaire. Il le dit à plus d´une fois. Or, certains
africains aujourd´hui ne savent même pas que l´Egypte ancienne était noire ! Les
envahisseurs musulmans repoussèrent en effet les noirs vers l´intérieur des
terres ou les vendirent en esclaves dans le monde entier et particulièrement à
l´empire Romain.
Anthropologie, philosophie, appel à la révolution...on entend tous ces cris
en Afrique; et quand bien même ces révoltes seraient légitimes et fondées, les
africains doivent malgré tout cesser de placer leur ignorance devant leurs yeux
et croire que tout ira bien ou que l´histoire se fait à coups de réclamations
ou de douleurs de la pauvreté ou du manque. Ce qui nous a valu les malheurs de
l´esclavage, de la colonisation et ceux d´un criminel et sournois système
d´oppression politique, sociohistorique et économique tel que la francafrique
est notre faiblesse économique, intellectuelle, mentale et notre sous
développement industriel et militaire. Si cela n´avait pas été le cas, on nous
prendrait plus au sérieux parce que nous serions mieux organisés et capables de
défendre nos cultures, nos intérêts et l´avenir de nos enfants.
Aujourd´hui vivant dans un monde foncièrement concurrentiel et au lieu de
développer nos facteurs de développement, les affûter et leur donner le
dynamisme nécessaire à répondre à notre meilleur développement, nous jouons un
jeu soit disant globalisant alors que celui-ci ne menait les faibles et les
moins développés qu´à servir les riches en les rendant encore plus puissants et
riches...lesquels viennent plus tard envahir les pauvres de leurs
surproductions industrielles et imposer leurs dictats financiers et politiques.
Et nous serions assis à philosopher sur l´anthropologie, l´histoire de l´Egypte
ancienne ou si nous avons des cultures ou des religions propres ? Je crois, en
ce qui me concerne, qu´il y a mieux à faire: notamment se départir erreurs d´illogisme
et d´ignorance du passé et redonner aux cultures africaines et à leurs facteurs
de développement le dynamisme et l´esprit critique et rationnel leur permettant
de recouvrer autant leur fierté créative, que leur ingéniosité sociale et
culturelle d´antan. Ceci représente, à mon sens, la meilleure interprétation du
discours de Cheikh Anta Diop. Mais si nous ne savons même pas interpréter ou
comprendre les discours de nos meilleurs intellectuels et tribuns
politiques...nous avons tout simplement cessé d´être africains pour ne plus
être que des fantômes sans identité et sans orientation sociohistorique propre,
jouet adulé de la chosification économique, géopolitique et commerciale étrangère.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance