La Pologne sous le choc de la mort accidentelle de son grand lion de défense : Lech Aleksander Kaczyński
Son avion s´est écrasé le 10 Avril dernier en survol d´atterrissage
sur l´aéroport de Smolensk Nord. Note tragique : le président polonais allait
assister á la commémoration des massacrés polonais de Katyn. Ce rendez-vous était
des plus émouvant pour toute la Pologne car à Katyn Staline fit exécuter 22.000
cadets, hauts officiers et pratiquement toute l´intelligentsia polonaise en
1940 lors de la deuxième guerre mondiale et du partage complice de la Pologne entre
l´Allemagne et L´Union Soviétique.
Une
Nation de nouveau décapitée de ses intellectuels…
La Pologne prise entre deux feux, un résistant
polonais, pendant la deuxième guerre mondiale, dira une phrase historique soulignant
toute l´ampleur de la tragédie polonaise: « Avec les russes nous perdons notre âme, avec les allemands nos vies ».
Avec l´accident de Smolensk disparaissent 132 vies mais aussi 97 membres de
l´intelligentsia polonaise : officiers de haut rang, intellectuels,
journalistes critiques, écrivains et bien sûr Lech Kaczyński et sa femme Maria. Le choc est grand en Pologne, d´autant
que ce fin juriste était non seulement aimé et estimé par ses compatriotes, il était,
avec son frère jumeau Jarosław qui fut premier
ministre jusqu´en 2007, un grand artisan politique récent de l´histoire de son
pays. Sa mort a causé en Pologne un énorme choc d´autant qu´elle rappelait le
massacre de Katyn d´une part, et de l´autre rappelait aux polonais qui avait
toujours été trahis par leurs puissants voisins allemands et russes lesquels s´empressèrent
de massacrer leurs intellectuels afin de mieux les soumettre ou leur voler
leurs territoires en les traitant de moins que rien.
Tragique et poignant. De nouveau la Pologne serait-elle assassinée deux
fois à Katyn ? Beaucoup d´Européens, surtout allemands n´ont plus apprécié
dernièrement les réserves polonaises exprimées par trop ouvertement par les
Kaczyinski envers l´Union Européenne…et même envers les allemands avec l´affaire
Erika Steinbach (CDU) et le
Bundes der Vertriebenen (BdV) Cette nation polonaise a si
souvent été trompée, décapitée de ses intellectuels, massacrée à volonté (Voir
notamment l´extermination des juifs de Warsovie du Holocauste) pendant des
guerres de rapacités territoriales grotesques et ridicules de ses puissants
voisins qu´elle léchait toujours encore ses blessures passées lorsque de
nouvelles lui étaient ouvertes. La retenue des Kaczynski n´est pas nécessairement
de la mauvaise foi ou de l´animosité ; c´était seulement une façon de se
guérir souverainement ou de chercher guérison dans une solitude dans laquelle
la trahison du traité de Munich du 30 septembre 1938 et
celui plus tard du pacte
germano-soviétique, en août 1939 l´avait jetée, notamment dans les douleurs injustes et pénibles
d´une guerre qui mit non seulement la Pologne à feu et à sang, mais aussi le
monde entier.
On comprend mieux l´âme polonaise d´après la deuxième guerre mondiale lorsqu´on
connaît ses douleurs passées et le désespoir dans lequel ce pays abandonné de
la France, de la Grande Bretagne, de l´Union Soviétique qui se disaient tous leurs
amis à l´époque. Ce fut encore plus douloureux de vivre, après la guerre, sous
occupation soviétique de 1945 jusqu´en 1989 ! On ferma les yeux sur Katyn
et sur l´affront de l´occupation soviétique, mais on n´oublia rien. Bien au
contraire, le coeur polonais continua à saigner en silence... et être rongé par
une détresse et une révolte solitaire. On se rapprocha de plus en plus de l´église
catholique pour soigner en silence ses blessures. Ce fut une grande joie sous Karol
Józef Wojtyła nommé plus tard
Pape Jean-Paul II. Celui-ci marqua ce pays et lui laissa ses profonds traits catholiques sur l´homosexualité,
par exemple ou l´avortement. Mais déjà les temps avaient changé : aujourd´hui
ces positions hier acclamées ne sont plus appréciées des européens de l´Union. Ceci
explique d´une part la latente perte de notoriété des Kaczynski d´une part qu´on
accusait de rester cloîtré dans le passé, et de l´autre de la distance qu´entretenait
la Pologne envers les russes, même si le communisme avait pratiquement disparu.
La mort du Lion de Pologne va-t-elle compromettre la guérison ou l´intégration
de la Pologne dans l´Union Européenne ? C´est peu probable, ce pays est
stable et a pu, malgré les ravages qui ont été périodiquement faits dans ses
penseurs, se revivifier et se régénérer avec des structures sociales solides et bien équilibrées
autour d´un sain nationalisme moderniste. Après tout, et on en parle déjà, le
frère jumeau Jaroslaw pourrait reprendre le bâton de pèlerin politique de son
frère…qui sait. Ceci serait peut-être souhaitable pour éviter que ce pays
retombe de nouveau dans une psychose de la décapitation de ses intellectuels. C´est
un beau pays aux gens créatifs, intelligents, hospitaliers, aux mœurs pleines d´humour
et d´esprit. N´oublions pas, un des plus grands inventeur allemand :
Werner von Siemens, venait de Pologne. Non, la Pologne n´est pas encore perdue.
Elle a perdu seulement un de ses meilleur fils. Paix à son âme et à tous ceux
qui ont trouvé la mort dans ce malheureux accident d´avion.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa
Muntu »
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